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Moyen Orient et Monde - Territoires palestiniens

Quand se doucher devient un luxe à Gaza...

Les autorités ont récemment déclaré l'enclave « zone sinistrée » notamment dans le domaine de l'eau.

Alors que les délégations israélienne et palestinienne sont engagées dans un bras de fer sans fin aux négociations du Caire, les Gazaouis, entassés par milliers dans les écoles de l’Onu, rêvent d’une chose : se doucher. Les déplacés décrivent un quotidien de saleté et de lutte permanente pour accéder à l’eau, une denrée devenue très rare. Roberto Schmidt/AFP

Feriel n'a pas oublié sa dernière douche : c'était il y a « un mois et six jours », juste après le début de la guerre à Gaza. Depuis, comme des milliers de Palestiniens, elle se contente de quelques gouttes d'eau, parfois insalubre, pour se laver.
Entassée avec des milliers d'autres Gazaouis dans une des 87 écoles de l'Onu qui accueillent les déplacés d'un conflit qui a fait près de 2 000 morts, elle décrit un quotidien de saleté et de lutte permanente pour accéder à l'eau, une denrée rare dans l'enclave côtière coupée du monde par sept années de blocus israélien. « Il n'y a pas d'eau et les sanitaires sont extrêmement sales. Ce n'est pas une vie », lâche Feriel, réfugiée dans une école du nord avec enfants et petits-enfants, une cinquantaine de personnes en tout.

 

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« Aucune intimité »
Un mois de combats a jeté dans les rues 250 000 Gazaouis, comme Faten, 37 ans, réfugiée dans une école de l'Onu et qui lave sa fillette de deux ans avec les moyens du bord : deux bouteilles d'eau froide qu'elle verse sur le petit corps couvert de plaques rouges. « Tous mes enfants sont tombés malades à cause du manque d'hygiène. Ils ont attrapé des maladies de la peau et la gale », dit-elle, sous les cris de son bébé. Elle préfère encore se contenter pour eux d'une « douche » à la bouteille tous les trois jours plutôt que de les emmener dans les sanitaires de l'école. « Là-bas, il n'y a pas d'eau et même s'il y en avait, c'est tellement sale que je ne peux pas y entrer. » Cela fait deux semaines qu'elle-même n'a pas pu se laver. Par pudeur ou par gêne, elle ne fera pas « comme ceux qui prennent des bouteilles d'eau et se lavent au milieu de tout le monde ». « J'aurais l'impression de me doucher dans la rue : nous n'avons aucune intimité. »
Mountaha a trouvé une autre solution. Cette mère de neuf enfants se rend dans un hôpital proche pour faire une modeste toilette : « Il n'y a qu'un filet d'eau, très froide, mais je n'ai pas d'autre choix », dit-elle. Dans l'école de l'Onu où elle a aussi trouvé refuge, « les gens se battent pour aller aux sanitaires ». Alors souvent, explique-t-elle, « mes enfants se font pipi dessus avant que notre tour dans la queue ne soit arrivé ».

 

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« La mort serait meilleure »
Tandis qu'elle parle, elle inspecte les cheveux de son fils d'un an et en sort régulièrement des poux. « J'aurais préféré qu'une bombe nous emporte, moi et mes enfants. La mort serait meilleure que cette vie-là », lance Mountaha, dont le mari, Hazem, a le menton recouvert de boutons rouges apparus à cause du manque d'hygiène.
Selon Achraf al-Qodra, porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, « des maladies de peau, des éruptions cutanées et des démangeaisons ont été signalées dans les centres accueillant des déplacés ». Chez les enfants, « les diarrhées chroniques sont fréquentes », tandis que « des cas de méningites ont été rapportés ». L'agence de l'Onu pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) fournit chaque jour de l'eau à boire aux déplacés, affirme Adnane Abou Hasna, son porte-parole à Gaza. « Mais les bombardements israéliens sur les infrastructures ont créé une vraie pénurie d'eau à travers toute la bande de Gaza », donc c'est l'eau de la douche qui est sacrifiée.


Les autorités à Gaza ont récemment déclaré l'enclave, déjà en proie à une pénurie d'eau chronique depuis que les Israéliens s'en sont retirés en 2005, « zone sinistrée » notamment dans le domaine de l'eau. « Avant la guerre, nous produisions 140 000 litres cubes par jour, aujourd'hui nous ne dépassons pas les 70 000, même si nous avons déjà réparé quelques dégâts », explique à l'AFP Mounzer Choblaq, un officiel du service local des eaux.
Car l'unique centrale électrique – pour 1,8 million de Gazaouis – a elle aussi fait les frais des bombardements. Depuis le 29 juillet, elle est à l'arrêt et, avec elle, la fourniture d'eau potable. Et parfois, c'est comme si le destin s'acharnait. Samar, une Gazaouie de 27 ans, n'en peut plus de jongler entre les pénuries. « L'eau est coupée depuis 10 jours. Et les rares fois où il y en a un peu qui coule, c'est l'électricité qui est coupée. Du coup, on ne peut pas utiliser la pompe à moteur pour la faire remonter. »

 

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Feriel n'a pas oublié sa dernière douche : c'était il y a « un mois et six jours », juste après le début de la guerre à Gaza. Depuis, comme des milliers de Palestiniens, elle se contente de quelques gouttes d'eau, parfois insalubre, pour se laver.Entassée avec des milliers d'autres Gazaouis dans une des 87 écoles de l'Onu qui accueillent les déplacés d'un conflit qui a fait près...

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