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À La Une - France

La presse française, de gauche comme de droite, dénonce une "crise de régime"

Un nouveau gouvernement Valls attendu mardi, sans les contestataires.

Une fois n'est pas coutume : le même titre en une de Libération et du Figaro.

Un nouveau gouvernement pour ne rien changer? Contesté par son ministre de l'Economie, le président français François Hollande a chargé lundi son Premier ministre Manuel Valls de constituer d'ici mardi une nouvelle équipe "en cohérence" avec sa politique de rigueur. Un gouvernement plus homogène, sans Arnaud Montebourg, le trublion de l'Economie ni d'autres ministres également critiques de la "politique d'austérité" de l'exécutif, Benoît Hamon (éducation) et Aurélie Filippetti (culture), mais qui concrétise dangereusement l'étroitesse des soutiens dont peut encore bénéficier le président socialiste élu en mai 2012.

 

Du côté de la presse, les éditorialistes n'ont pas de mots assez durs mardi pour qualifier la cacophonie gouvernementale. Fait notable et significatif de l'ampleur de la crise, Libération, quotidien de gauche, et Le Figaro, journal conservateur, portent le même titre en une : "Crise de régime".


Jean-Francis Pécresse, dans Les Echos, insiste sur "la longue, spectaculaire litanie des crises politiques jalonnant ce quinquennat depuis l'affaire Cahuzac jusqu'au divorce avec les écologistes", estimant que "si l'exécutif ne change pas de braquet, le pays est condamné à vivre longtemps encore en régime de crise. Et pourquoi pas en crise de régime".

Alexis Brézet (Le Figaro) soutient que la France a déjà atteint ce stade. "Sur fond de défiance abyssale et de désastre économique, comment ne pas reconnaître dans ce gouvernement devenu fou, ce Parti socialiste fracassé, cette majorité en charpie, tous les ingrédients d'une crise de régime dont les conséquences sont encore incalculables", écrit-il.

La stratégie présidentielle consistant à maintenir le cap d'une politique controversée et d'évincer les ministres qui protestent est, pour Le Monde, "la dernière chance du président de sauver son quinquennat". Pour le couple de l'exécutif, poursuit le quotidien, c'est "l'heure de vérité : ont-ils la majorité de leur politique ?"


"Rien ne doit dépasser, alignement total", s'énerve, de son côté, Patrick Apel-Muller dans l'Humanité après le débarquement des mutins. "François Hollande et Manuel Valls ont rapidement et brutalement sanctionné les deux ministres, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, qui avaient finalement dit tout haut ce que pensent une majorité d'électeurs de gauche : l'austérité mène le pays dans le mur..."
"Chacun ou presque sait maintenant que les critiques d'Arnaud Montebourg envers l'austérité européenne sonnent juste", renchérit Laurent Joffrin (Libération). Et de toute façon, "avec ou sans Montebourg, il faudra répondre aux questions qu'il a posées. L'autorité est nécessaire dans un gouvernement. Elle ne saurait toujours rimer avec austérité."


En se séparant de ministres réclamant une politique plus sociale, Arnaud Montebourg (Economie), Benoît Hamon (Education) et Aurélie Filippetti (Culture), Hollande "se coupe le bras gauche", ironise, pour sa part, Hervé Favre (La Voix du Nord). "En agissant ainsi, François Hollande et Manuel Valls prennent évidemment un risque: celui de cristalliser un bloc d'opposition à gauche où les +frondeurs+, désormais fédérés autour d'Arnaud Montebourg, feraient la jonction avec les écologistes et le Front de gauche", souligne Guillaume Goubert (La Croix). Mais "le pouvoir exécutif dispose encore d'une carte: celle de la menace de dissolution en cas de blocage des institutions". Car, relève l'éditorialiste du quotidien catholique, "aucun parlementaire de gauche ne peut souhaiter aujourd'hui retourner devant les électeurs tant serait grande la déroute".

 

Trancher dans le vif

Moins de cinq mois après la nomination de M. Valls à Matignon, les deux têtes de l'exécutif ont décidé de trancher dans le vif, lundi, le désaccord entre la ligne officielle -restaurer la compétitivité du pays en aidant les entreprises et en coupant dans les dépenses publiques- et la ligne alternative portée par les exclus, hostiles à "la réduction à marche forcée des déficits publics" jugée contreproductive pour la croissance et pénalisante pour les couches populaires.


Destiné à imposer leur autorité, ce geste survient alors que François Hollande, mais aussi Manuel Valls, sont impopulaires auprès de la majorité des Français, selon les sondages, sur fond de marasme économique persistant: une croissance à l'arrêt au 1er semestre et un chômage au plus haut.
De tous ceux de la Ve République, soit depuis 1958, le gouvernement Valls I aura été l'un de ceux qui auront eu la vie la plus courte, exception faite de ceux formés entre des élections présidentielle et législatives.

 

Selon l'Elysée, le choix d'une démission de l'ensemble du gouvernement, plutôt que d'un remaniement limité, "visait à s'assurer que le nouveau s'inscrirait totalement et réellement dans la cohérence de la ligne fixée par le chef de l'État".

Acte d'autorité
Après l'acte d'autorité posé par le tandem exécutif, la logique voudrait que les "frondeurs" du Parti socialiste qui ont multiplié ces derniers temps leurs critiques envers la politique économique et sociale du gouvernement n'en fassent pas partie. Mais la conséquence en serait un effritement dangereux de la majorité parlementaire du gouvernement.
Les socialistes et leurs alliés radicaux comptent 305 députés alors que la majorité absolue est de 289.


Elu avec le soutien des écologistes et d'une partie de l'extrême gauche, François Hollande ne peut déjà plus compter ni sur ces derniers, passés à une quasi-opposition, ni sur les verts qui n'ont pas participé au gouvernement sortant et ont repris leur liberté de vote.


Dimanche, M. Montebourg avait déclaré avoir demandé à François Hollande une "inflexion majeure" de la politique économique de la France, après avoir, samedi, demandé de "hausser le ton" vis-à-vis de l'Allemagne. Mercredi François Hollande avait dit ne pas vouloir de "face-à-face" avec Berlin.


Plusieurs responsables politiques de tous bords ont envisagé lundi une dissolution en réponse à la crise gouvernementale, telle la présidente du Front National (extrême droite), Marine Le Pen.
"C'est une crise politique qui n'est pas loin de la crise de régime", a déclaré le dirigeant centriste François Bayrou. "Ce qui est en cause, c'est l'explosion de la gauche avec deux camps désormais en affrontement ouvert", a-t-il relevé.

 

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commentaires (1)

C'était une implosion annoncée.... du dernier gouvernement entièrement aux mains des socialistes en UE ,d'ailleurs effondrement final est proche ... La France de Hollande s'est décrédibilisée depuis 2 ans 1/2 à l'intérieur et surtout en UE et dans le monde...! les français doivent s'attendre a hériter d'une ardoise salée ...!

M.V.

09 h 48, le 26 août 2014

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Commentaires (1)

  • C'était une implosion annoncée.... du dernier gouvernement entièrement aux mains des socialistes en UE ,d'ailleurs effondrement final est proche ... La France de Hollande s'est décrédibilisée depuis 2 ans 1/2 à l'intérieur et surtout en UE et dans le monde...! les français doivent s'attendre a hériter d'une ardoise salée ...!

    M.V.

    09 h 48, le 26 août 2014

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