Ziad Rahbani et Charles Davis : « Songe d’une nuit d’été »

Sous les rayons de lune à « l'open air » qu'est le Light House d'Antélias, la musique lancinante a envahi les cœurs et les esprits des personnes présentes, transportées soudain dans un monde magique. Entre le quinquagénaire à l'immense talent et l'octogénaire qui n'a pas pris une ride, un énorme point commun : la passion de la musique et du jazz en particulier, ce genre musical qui prend ses amateurs aux tripes par la force des sentiments exprimés, un mélange de nostalgie, de colère, d'amour du beau, d'amour tout court et son lot de détresse, de déceptions et de sensibilité. Les morceaux se sont succédé, ceux composés par Davis lui-même et ces autres créés par Ziad Rahbani, alternés avec quelques chansons interprétées par Lorette Hélou à la voix envoûtante. Avec générosité, les musiciens ont joué plus de morceaux que ceux inscrits sur le programme. Comme sous l'emprise d'un envoûtement, ils ont entamé des airs sans presque se concerter, comme cela, une simple note entraînant le reste. D'ailleurs, Ziad Rahbani avec son langage si particulier et toujours à double, voire triple sens ne s'est pas privé de dire que la musique a dévié, selon l'inspiration. Les morceaux de sa composition qui ont été interprétés ont comme par hasard des titres aussi bizarres que ses commentaires totalement décalés : « Des sacs et des valises », ou « Ma betfid », etc. Des titres qui sont à eux seuls tout un programme chez Ziad Rahbani et qui donnent déjà à l'auditeur un visa d'entrée dans ce monde à part, où la musique règne en maîtresse absolue puisqu'elle ponctue les sentiments et accompagne ou raconte chaque étape de la vie, chaque situation et chaque engouement.
Au cours de cette soirée, Charles Davis a occupé une place de premier plan, avec son talent légendaire, ses morceaux si riches et son souffle extraordinaire pour un homme de son âge qui remplit le saxophone et lui tire des sons puissants et émouvants. Il avait l'air de s'amuser comme un fou avec son saxophone et à écouter les autres musiciens. Justement, il ne faut pas oublier tous les autres membres du groupe qui ont joué avec ferveur, peu soucieux des applaudissements, uniquement concentrés sur la musique, reine ce soir-là.

S. H.