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Liban - Liban

Face à l’attitude irresponsable du CCS, le ministre de l’Éducation a tranché

Le ministre de l'Éducation demande aux enseignants d'entamer la correction des épreuves du bac et du brevet aujourd'hui.

Le CCS n’a laissé la porte ouverte à aucun compromis. Photo Ibrahim Tawil

Au terme de longues tergiversations et tractations qui durent depuis plusieurs semaines, le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, a finalement tranché hier. Il a demandé aux enseignants concernés d'entamer dès aujourd'hui, midi, la correction des épreuves du baccalauréat libanais et du brevet. À défaut, il commencera à délivrer, demain mercredi, aux élèves des attestations officielles leur permettant d'entamer leur année universitaire.


Le ministre a adopté une position ferme sur ce plan en raison de l'attitude obstructionniste et carrément irresponsable adoptée par le Comité de coordination syndical (CCS) et le syndicat des enseignants. Ce dernier, rappelle-t-on, s'obstine à boycotter la correction des examens officiels tant que la nouvelle échelle des salaires n'est pas approuvée par le Parlement. Or cette grille des salaires réclamée par le CCS et le syndicat des enseignants prévoit une augmentation de 121 % avec effet rétroactif. Le gouvernement, appuyé en cela par la plupart des blocs parlementaires ainsi que par les experts économiques, notamment le gouverneur de la Banque du Liban, et des organismes internationaux soulignent qu'une telle hausse des salaires entraînerait inéluctablement l'économie nationale dans la faillite et dans un scénario semblable à celui qu'a connu la Grèce.


Les blocs parlementaires et les experts économiques suggèrent qu'un éventuel réajustement des salaires ne soit avalisé que lorsque les recettes adéquates seront assurées, entendu que cette hausse devrait être échelonnée et en tout cas revue à la baisse. Or les syndicats refusent un échelonnement. Le syndicat des enseignants s'en tient donc au boycott et refuse dans le même temps l'octroi d'attestations, tout en insistant sur une augmentation intégrale de 121 % et sans échelonnement, ce qui débouche inéluctablement sur la faillite des parents et des écoles privées. La question qui se pose dans ce cadre est de savoir quoi faire de dizaines de milliers d'élèves qui doivent s'inscrire sous peu dans les universités, au Liban ou à l'étranger, et qui attendent que le syndicat veuille bien ne pas les prendre en otages en refusant de corriger les épreuves du bac ? C'est sur ce point précis que le syndicat des enseignants se montre totalement irresponsable.
C'est donc face à une telle situation que le ministre Bou Saab a tranché hier. Dans un communiqué succinct dont il a donné lecture lui-même, il a appelé les commissions de correction des examens officiels à se rendre ce matin, dès 8h30, au ministère en vue d'entamer le processus de correction des examens. M. Bou Saab a précisé à ce propos : « Si 500 ou 600 enseignants se présentent demain (aujourd'hui) au ministère, nous entamerons la correction des examens. Dans le cas contraire, nous commencerons à remettre les attestations dès mercredi (demain). Il s'agit là de la mauvaise décision au plan pédagogique que nous serions obligés d'adopter faute d'une alternative adéquate. » Il ainsi invité les commissions en charge à mettre au point les corrigés des examens ainsi que la répartition du barème à partir de ce matin.
M. Bou Saab a indiqué que la décision qu'il a prise à cet égard a été avalisée par le Conseil des ministres.

 

(Pour mémoire: Sans bac, pas d'université pour 45 000 élèves, mais Bou Saab promet une solution)

 

Le CCS persiste et signe
Notons dans ce cadre que le CCS a confirmé hier, à l'unanimité, sa décision de maintenir le boycott de la correction des examens officiels. Lors d'une conférence de presse tenue à l'Unesco, le président du CCS, Hanna Gharib, a affirmé que la décision de boycott avait été prise (il y a plusieurs semaines) « à la demande du ministre de l'Éducation », l'appelant à revenir sur ses décisions « incompréhensibles ». « Nous exhortons tous les blocs parlementaires à approuver la nouvelle grille des salaires, qui garantit nos droits », a-t-il ajouté. « Les enseignants, les employés et l'armée libanaise sont le symbole de l'union du pays, et j'appelle ceux qui font face au terrorisme à approuver la grille des salaires car c'est le minimum qu'il faut leur offrir » a-t-il affirmé. M. Gharib a appelé le Conseil des ministres à trouver une autre solution que celle de la remise d'attestations « qui nuit au système éducatif libanais ». « Il faut s'attacher au diplôme officiel et approuver la grille des salaires le plus vite possible », a-t-il ajouté.


Sur un autre plan, M. Gharib a invité toutes les parties concernées à observer une grève générale aujourd'hui et demain, mercredi, dans les ministères et les administrations publiques. Quant aux enseignants des secteurs public et privé, ils sont invités à participer à un sit-in ce matin à 8 heures devant le siège du ministère de l'Éducation. Le président du syndicat des enseignants des écoles privées Nehmé Mahfoud a de son côté appelé à observer un sit-in demain, mercredi, à 11 heures, à la place Riad el-Solh, à Beyrouth.
D'autre part, le conseil des représentants des fonctionnaires de l'administration publique a approuvé les recommandations du CCS de poursuivre le boycott de la correction des examens officiels ainsi que le refus des attestations.
De son côté, le comité central des délégués de la Ligue des enseignants du secondaire du secteur public a demandé, à l'issue de la réunion hier à l'Unesco, l'approbation de la grille des salaires dans les plus brefs délais, de manière à accorder « une augmentation de 121 %, sans échelonnement ni réduction ».
Il n'est pas précisé toutefois de quelle façon un tel réajustement aussi drastique pourrait être résorbé par les parents et les écoles, sans compter le Trésor public...

 

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commentaires (1)

On salue le courage du ministre de l’Éducation sauf imprévu.

Sabbagha Antoine

09 h 26, le 12 août 2014

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Commentaires (1)

  • On salue le courage du ministre de l’Éducation sauf imprévu.

    Sabbagha Antoine

    09 h 26, le 12 août 2014

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