Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Le surréalisme au féminin

Il y a « Le déjeuner sur l'herbe », champêtre et aéré, et celui ludique et cocooning intitulé « Le déjeuner en fourrure », dressé par l'enfant terrible du surréalisme.

Mert Oppenheim : vêtue de fourrure et de papier. Claude Lê Anh

Cette artiste, à la fois peintre, sculptrice et écrivaine se nomme Meret Oppenheim (1913-1985) et on peut aujourd'hui redécouvrir son talent à travers l'exposition que lui consacre le National Museum of Women in the Art à Washington. Être la muse du groupe surréaliste et immortalisée par la caméra de Man Ray ne l'a pas empêchée de mener une brillante carrière personnelle.
« Nous avons voulu mettre en lumière l'originalité et l'inventivité de son talent, explique la responsable de l'exposition. Nous avons été attirés par la qualité mystérieuse de son art, ses visions et son imagination poétique. Nous avons choisi parmi ses œuvres celles qui sont le miroir de sa vie personnelle, de ses amitiés artistiques et intellectuelles et les paysages de ses rêves. Car Oppenheim avait fait de l'art un mode de vie. Certes, elle travaillait dur, tout en développant un style ludique et ouvert à toutes les expériences. »
Née à Berlin, elle s'était établie en Suisse et avait produit une œuvre où l'objet et le rêve occupent une place de choix. Chez elle, les objets s'associent pour en former d'autres inattendus et inutilisables, comme l'avait dit Lautréamont : « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie. » C'est ainsi qu'elle s'est fait connaître très jeune par sa composition intitulée Le Déjeuner en fourrure : une tasse, sa soucoupe et une petite cuillère recouvertes de fourrure. Le Musée d'art moderne de New York l'acquiert, le considérant comme l'un des emblèmes du surréalisme.

Un art androgyne
Cette même année, sa première exposition individuelle est organisée à Bâle et le célèbre peintre Max Ernst rédige les cartons d'invitation. Ensuite, on la retrouve à Paris engagée auprès des surréalistes avec lesquels elle expose au Salon des « Surindépendants » (1933). Après s'être plu ainsi à jouer avec les conventions, prolongeant le processus des surréalistes ayant réinventé l'objet, elle donnera une autre tournure à sa carrière en s'adonnant à la peinture, à la sculpture, au dessin de costumes de spectacles et de bijoux. Parmi ses œuvres en vue à Washington : La table aux pieds d'oiseau, Le Couple, ainsi que des illustrations d'ouvrages.
Également poète, Meret Oppenheim a réalisé, entre autres, des peintures et des gravures inspirées par l'amitié entre deux poétesses du XVIIIe siècle Bettina Brentano et Karoline von Günderode. Pour elle, l'art est androgyne et elle refusait qu'on la considère comme une artiste femme. Elle a lutté pour les droits de la femme, dont elle a exploré dans ses créations la sensibilité et la sexualité. Sa priorité était la liberté personnelle et intellectuelle et, à ce sujet, elle citait souvent les mots de Georges Braque : « La liberté ne nous est pas donnée, il faut la prendre. » Elle va encore plus loin lors d'un débat sur le féminisme dans les années 70 : « Je dirais presque que la part de masculinité intellectuelle chez les femmes en est pour le moment encore réduite à se cacher. Pourquoi, me direz-vous ? Je crois que cela est dû au fait que, depuis l'avènement du patriarcat, c'est-à-dire depuis la dévalorisation de la féminité, les hommes projettent sur les femmes la part de féminité qu'ils ont en eux et qu'ils méprisent. Les femmes doivent donc vivre leur propre féminité, mais aussi celle que les hommes projettent sur elles. Elles sont donc femmes à la puissance deux. C'est tout de même beaucoup trop. »
À noter que le National Museum of Women in the Art, fondé en 1981, est le seul musée dédié à la célébration de réalisations portant la signature de femmes dans le domaine des arts et des lettres. Sa collection comporte 4 500 œuvres datées du XVIe siècle jusqu'à aujourd'hui et produite par plus d'un millier d'artistes, dont Frida Kahlo, Louise Bourgeois, Mary Cassat, Alma Thomas, Chakaii Booker et Nan Goldin. Également dans ses trésors, une collection spéciale de pièces en argent du XVIIIe siècle et un ensemble de gravures botaniques.

Cette artiste, à la fois peintre, sculptrice et écrivaine se nomme Meret Oppenheim (1913-1985) et on peut aujourd'hui redécouvrir son talent à travers l'exposition que lui consacre le National Museum of Women in the Art à Washington. Être la muse du groupe surréaliste et immortalisée par la caméra de Man Ray ne l'a pas empêchée de mener une brillante carrière...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut