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À La Une - proche-Orient

Accord sur une trêve de 72 heures à Gaza

Le droit "total" d'Israël à se défendre "ne justifie pas qu'on tue des enfants et qu'on massacre des civils", déclare Fabius.

La guerre à Gaza a tué en 28 jours plus de 1.850 palestiniens, en grande majorité des civils dont plus de 240 enfants. AFP PHOTO / JACK GUEZ

Israéliens et Palestiniens se sont mis d'accord lundi soir sur une trêve de 72 heures dans la bande de Gaza qui entrera en vigueur mardi à 05h00 GMT (08h00 locales), a annoncé à l'AFP un responsable égyptien.
"Les contacts de l'Egypte avec les différentes parties ont réussi à obtenir une trêve de 72 heures à Gaza à partir de 05h00 GMT demain (mardi) matin et que le reste des délégations se rendent au Caire pour de plus amples négociations", a-t-il dit.

Le Caire, habituel médiateur des conflits entre Israël et le mouvement palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza, avait invité la semaine dernière Israéliens et Palestiniens à envoyer des délégations pour des négociations en vue d'une trêve.

Seule la délégation palestinienne, composée notamment de responsables du Hamas et de l'Autorité palestinienne que dirige Mahmoud Abbas, était au Caire depuis dimanche soir.
Les Israéliens avaient eux refusé de se rendre au Caire, accusant notamment le Hamas d'avoir fait éclater vendredi une précédente trêve acceptée par les deux parties.

"Les Palestiniens sont d'accord avec le cessez-le-feu proposé par l'Egypte", a confirmé Azzam al-Ahmed, qui dirige la délégation palestinienne. Israël n'avait pas confirmé dans l'immédiat.

 

"Beaucoup de missions" à accomplir
Quelques heures avant l'annonce de cet accord, l'armée israélienne a indiqué qu'elle avait encore "beaucoup de missions" à accomplir à l'intérieur de la bande de Gaza signalant ainsi qu'elle y maintient ses troupes même si elle estime avoir achevé la destruction des tunnels ennemis.

"Nous ne partons pas, nous restons dans la bande de Gaza, il y a encore beaucoup d'autres missions à terminer", a déclaré Moti Almoz, le porte-parole de l'armée à la chaîne israélienne Channel-2.

Après neuf jours de bombardements aériens de la bande de Gaza, Israël a lancé son offensive terrestre le 17 juillet dans l'enclave palestinienne, avec comme mission affichée de neutraliser les tunnels souterrains, "le Gaza sous Gaza", servant aussi bien à entreposer et déplacer l'arsenal des combattants palestiniens qu'à mener des opérations commandos d'infiltration en territoire israélien.

"Tous les tunnels que nous avions repérés ont été détruits", a assuré le porte-parole militaire. "Ce n'est pas parce que nous parlons de la fin de la mission contre les tunnels, que nous parlons de la fin de l'opération à Gaza".

 

(Reportage : A Gaza, les chirurgiens plastiques débordés par les horreurs de la guerre)

 

Samedi, l'armée israélienne avait toutefois entrepris de retirer un certain nombre de soldats de cette enclave côtière contrôlée par le mouvement palestinien Hamas, sans préciser combien, tandis qu'elle en redéployait d'autres à l'intérieur de la bande de Gaza.

Israël a observé lundi une trêve humanitaire de sept heures à l'issue de laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'offensive sur la bande de Gaza se poursuivrait jusqu'au "rétablissement de la sécurité" pour les Israéliens, faisant fi des appels internationaux au cessez-le-feu.

Dans la journée, la bande de Gaza dévastée avait connu un répit significatif avant la reprise des raids. Vingt Palestiniens ont néanmoins été tués, ont indiqué les secours. Mais, sur ce total, 17 sont morts avant l'entrée en vigueur de la trêve alors que les combats ont tué des dizaines de Palestiniens chaque jour depuis le début de l'offensive israélienne le 8 juillet.

Lors de cette "fenêtre humanitaire" ouverte par l'armée israélienne, trois personnes, dont une fillette de 8 ans, ont en outre été tuées quelques minutes après l'entrée en vigueur de la trêve quand un projectile est tombé sur un bâtiment de Shati, dans l'ouest de la ville de Gaza, selon les secours palestiniens.

Plusieurs témoins et correspondants de l'AFP ont indiqué avoir entendu un missile qui provenait d'un avion ne pouvant a priori qu'être israélien et qui s'est écrasé sur le bâtiment de trois étages. "Il n'y a pas de trêve. Comment pourrait-il y avoir de trêve ? Ce sont des menteurs, ils ne respectent pas leurs engagements", rageait Ayman Mahmoud, un voisin, dans le fatras de béton laissé par l'explosion.


La trêve a aussi été récusée par le Hamas. Il s'agissait de la huitième trêve de la part d'Israël, a-t-on indiqué au cabinet du Premier ministre. Toutes les trêves précédentes ont volé en éclats, dont la dernière en date vendredi, la seule acceptée à la fois par Israël et le Hamas palestinien qui contrôle la bande de Gaza. Elle a tenu deux heures avant un nouveau bain de sang.

 

Par ailleurs, dans un climat de tensions exacerbées par la guerre en Israël même, Jérusalem a été le théâtre, selon la police, d'un attentat "terroriste" dans lequel un Israélien a été tué et cinq personnes ont été blessées. L'auteur de cette attaque perpétrée avec une pelleteuse contre un bus a été tué.

 

(Dans la presse : La procédure Hannibal a été instaurée en 1986 après l'enlèvement de soldats israéliens par le Hezbollah)

 

Plus de 1.850 Palestiniens tués
La "fenêtre humanitaire" du jour intervenait au moment où Israël fait à nouveau face à l'émoi international devant les souffrances endurées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre qui, selon les secours locaux, a tué plus de 1.850 personnes côté palestinien, en grande majorité des civils dont plus de 240 enfants.
L'émoi international s'est accru après une frappe sur une école de Rafah gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) transformée en centre d'accueil pour réfugiés. C'était la 3e fois en 10 jours qu'une école de l'ONU était atteinte. Les deux dernières frappes à Beit Hanoun et Jabaliya (nord) avaient fait une trentaine de morts.


La responsabilité de cette dernière frappe n'a pas été formellement établie. L'armée israélienne a cependant reconnu avoir pris pour cible trois membres du Jihad islamique sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah, et a dit enquêter sur les conséquences qu'aurait eues ce tir.

 

(Voir aussi : Les larmes de Chris Gunness)

 

Scandale moral, acte criminel
"C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux".
Sans désigner expressément Israël comme responsable, M. Ban et Washington ont souligné que l'armée était très bien informée de la localisation des refuges de l'ONU.
Les Israéliens accusent le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et des hôpitaux et des écoles pour tirer des roquettes sur Israël.

Mais même cela "ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents", a dit le département d'Etat américain tandis que les appels au cessez-le-feu d'une communauté internationale jusqu'alors impuissante se faisaient plus pressants devant l'ampleur du drame humain en cours sur un territoire où 1,8 million de personnes sont prisonnières de la guerre.

Le droit "total" d'Israël à se défendre "ne justifie pas qu'on tue des enfants et qu'on massacre des civils", a abondé lundi le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Devant ce qu'il appelle un "carnage", M. Fabius est allé jusqu'à "exiger" l'instauration d'un cessez-le-feu tel que proposé par l'Egypte, et préconiser que la communauté internationale "impose" la solution politique de deux Etats israélien et palestinien vivant côte à côte.

  

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