Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Les débordements du rôle du Hezbollah remis sur le tapis

Le discours éminemment politique de Saad Hariri hier fera sans doute date. Photo Michel Hallak

Les apparences sont souvent trompeuses. Surtout en politique. Et plus particulièrement au Liban. Serait-ce le cas pour la conjoncture présente sur la scène locale ? Il est prématuré, à l'évidence, d'apporter une réponse tranchée à cette interrogation. Tout ce qu'il est possible de faire pour l'heure, c'est d'avancer des constatations...


Le plus aisé est de commencer par les apparences. L'élection présidentielle demeure toujours dans l'impasse et tout indique que le Hezbollah reste jalousement attaché à la carte du défaut de quorum dans le but de permettre à l'Iran de monnayer, le cas échéant, cette carte dans le cadre de son bras de fer stratégique et géopolitique avec le camp occidental. Téhéran jouait jusqu'à récemment la carte du blocage politique en Irak en rejetant tout départ de son poulain, le Premier ministre Maliki. En Syrie, le jeu iranien n'échappe à personne. À Gaza, l'Iran a remis sur le tapis la carte du Hamas en provoquant une escalade sur le terrain. Idem pour le Yémen où la tête de pont iranienne, les Houthiyines, s'est livrée à une offensive aux portes de Sanaa. Et pour boucler la boucle, le Hezbollah place la présidentielle au Liban dans l'impasse. De Bagdad à Haret Hreik, en passant par Sanaa, Gaza et Damas, le régime iranien – serait-il plus exact de dire l'aile dure représentée par les pasdarans ? – a abattu ainsi ses cartes de façon quasi concomitante.


C'est précisément ce rôle joué par le Hezbollah dans ce cadre que le leader du courant du Futur, Saad Hariri, a dénoncé hier soir, sans détour et loin de toute complaisance. L'ancien Premier ministre a tenu à rappeler noir sur blanc ce qui paraît comme une lapalissade et que le 14 Mars et le courant du Futur ne cessent de souligner depuis de nombreuses années, à savoir que le Hezbollah serait le bienvenu sur la scène politique libanaise s'il joue le jeu dans le cadre des institutions et sous l'ombrelle de l'État, sans se laisser engluer dans un projet régional qui le dépasse et qui dépasse le Liban. En termes plus clairs, le rejet par le Hezbollah du fondement de la déclaration de Baabda (qui prône la neutralité du Liban dans les conflits régionaux) ne saurait être agréé et toléré par les autres composantes libanaises.

 

Nouvelle donne pour la présidentielle
Appliquant cette position de principe au contexte présent, le leader du courant du Futur a rejeté de manière catégorique que la présidentielle reste otage de considérations régionales ou d'une volonté de retourner à l'hégémonie syrienne au Liban, affirmant que ce cas de figure constituerait une atteinte à la coexistence consacrée par l'accord de Taëf. Dans les faits – et il s'agit là d'un développement nouveau d'une importance certaine –, M. Hariri a indiqué qu'il entamera sous peu des concertations avec ses alliés du 14 Mars « ainsi qu'avec les différentes forces politiques en dehors du 14 Mars », afin d'examiner le moyen de mettre un terme à la vacance au niveau de la présidence dans les plus brefs délais. Cela signifie, à n'en point douter, que le courant du Futur penche désormais pour un candidat d'entente susceptible d'être agréé par M. Walid Joumblatt d'abord, et par certaines factions du 8 Mars ensuite – ou même par le Hezbollah directement –, afin d'aboutir à l'élection d'un président rassembleur.


C'est là que se situerait peut-être la partie invisible de l'iceberg qui va au-delà des apparences. On chuchote en effet dans certains milieux que les décideurs occidentaux, inquiets des retombées sécuritaires du blocage politique actuel, tentent de prospecter le terrain en vue de paver la voie à l'élection d'un président consensuel, partant du principe que les principales forces politiques locales, y compris le Hezbollah, sont désormais conscientes des graves risques qu'entraîne l'absence d'un locataire à Baabda. La démarche est, certes, sage et bienvenue, mais reste à savoir si le régime des mollahs iraniens est réellement disposé à se dessaisir de la carte du défaut de quorum alors que les négociations sur le dossier nucléaire n'ont pas encore abouti aux résultats escomptés.


Il faudra encore patienter pour déterminer si oui ou non le blocage de la présidentielle est appelé à se prolonger plusieurs mois ou si l'impasse n'est à ce stade qu'une apparence. Dans l'attente que cette incertitude soit levée, M. Hariri a tenu à clarifier hier soir deux autres points fondamentaux : le rejet d'une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre, souhaitée par le Hezbollah (ce qui implique obligatoirement qu'un nouveau président doit être élu avant les élections législatives), et surtout le refus de toute remise en question des fondements de Taëf. En soulignant sans ambages que pour lui Taëf signifie le refus du « décompte (démographique) à caractère communautaire », M. Hariri a apporté une fin de non-recevoir aux velléités du Hezbollah de modifier les équilibres confessionnels au niveau de l'exercice du pouvoir à différents niveaux.


En avançant cette feuille de route à quadruple facette, le leader du courant du Futur a pratiquement défini en quelque sorte des lignes rouges – fussent-elles théoriques – au rôle du Hezbollah au double plan local et régional. Mais il s'agit là peut-être d'un message adressé surtout au décideur iranien, pour lui signifier sans doute les limites de ses manœuvres sur la scène libanaise, car en définitive le Hezbollah n'est nullement maître de ses décisions lorsque les intérêts de Téhéran sont en jeu.

 

Lire aussi

Présidentielle : l'extérieur contraint de temporiser, le commentaire d'Emile Khoury

Le dossier présidentiel en veilleuse pour quelques mois, l'éclairage de Scarlett Haddad

Les Occidentaux planchent sur une nouvelle liste de trois présidentiables, l'éclairage de Philippe Abi-Akl

Les apparences sont souvent trompeuses. Surtout en politique. Et plus particulièrement au Liban. Serait-ce le cas pour la conjoncture présente sur la scène locale ? Il est prématuré, à l'évidence, d'apporter une réponse tranchée à cette interrogation. Tout ce qu'il est possible de faire pour l'heure, c'est d'avancer des constatations...
Le plus aisé est de commencer par les...

commentaires (7)

Quand on a Rien à dire, c'est en "onomatopées" qu'alors on baragouine évidemment sans finalité et pour ne Rien dire.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 27, le 19 juillet 2014

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Quand on a Rien à dire, c'est en "onomatopées" qu'alors on baragouine évidemment sans finalité et pour ne Rien dire.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 27, le 19 juillet 2014

  • Ah s'il pouvait être là , parmi nous au Liban son pays de substitution ! ses mots auraient plus de poids. Bye Bye saad hariri !!!

    FRIK-A-FRAK

    13 h 43, le 19 juillet 2014

  • LE HEZBOLLAH NE PEUT RIEN BLOQUER SANS MICHEL AOUN ET SURTOUT WALID JOUMBLATT. ON OUBLIE VITE QUE C'EST WALID JOUMBLATT QUI NOUS A AMENÉ CE HEZBOLLAH AU GOUVERNEMENT. ET C'EST BIEN CE MÊME WALID QUI BLOQUE LA PRÉSIDENTIELLE PAR SON STYLE HYPOCRITE EN PRÉSENTANT SON POULET "HELOU" ET EN SACHANT PARFAITEMENT LE RESULTAT DE SON GESTE.

    Gebran Eid

    13 h 09, le 19 juillet 2014

  • La crise politique libanaise semble longue et de plus en plus difficile surtout avec le schisme entre sunnites et chiites ou aucun chef de tribu local semble maître de ses décisions .

    Sabbagha Antoine

    11 h 20, le 19 juillet 2014

  • DU CONNU... DU NON DIGÉRÉ... MAIS QU'ON NE PEUT PAS VOMIR !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 49, le 19 juillet 2014

  • Si l’on se place dans l’hypothèse où Solennel Sääd Rafîk Hariri le Bien-aimé parvient à relancer le dialogue avec Myster(y) Goupil sis Siblîne, alias el-Chebééék ; et qu’il a su se convaincre d’être à nouveau éhhh Président du conseil ; alors ce sera tout positif pour nous éhhh Libanais Sains ici. On évite ainsi le pire pour ce pays. Khâïïï(h), soulagement et accalmie ; yâ wâïylîhhh ! Mais tout le monde du côté 14 Sain en est convaincu : le chemin cabossé déjà crevassé sera de déconvenues hérissé. L’attitude des fanatiques fakkîhdio-boSSféééràRieNiques ne laisse aucun doute à ce sujet. Bien sûr, il y a une part de dramatisation. C’est toujours comme ça avec cette espèce d’indigènes-là ; a fortiori quand il s’agit de négociations confessionnelles, matière inflammable parmi toutes. Donc, oui, il y a de la dramatisation dans cette tension autour du "cher" mini-mäallim et de Hariri, et des blocages occasionnés par la surenchère du petit caporal et bigaradier amer aigri ! Mais tous, informellement, soutiennent peu ou prou du côté 14 Sain que c’est plus grave encore : certes, après tous ces efforts, ce serait et comment un bon point que l’on puisse discuter et, malgré tout, projeter une présidentielle dans de brefs délais ; mais il est acquis que les sectaires fakkîhdio-bossfàRiens vont créer problème après problème, et que tout à cause de ces Malsains en huit ne sera plus qu’incessantes tracasseries. Quelle libanaiiise indigènerie, yâ hassirtîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 02, le 19 juillet 2014

  • En somme, selon cette analyse de la situation, le grand responsable du blocage de la présidentielle est le Hezbollah, dont les députés méprisent comme jamais la Chambre et lui tournent le dos à chaque séance "électorale". "Le Hezbollah (en effet) reste jalousement attaché à la carte du défaut de quorum dans le but de permettre à l'Iran de monnayer, le cas échéant, cette carte dans le cadre de son bras de fer stratégique et géopolotique avec le camp occidental". Mais il est nécessaire de dire également et en toute franchise que s'il n'y avait pas un général esclave à la fois de son ambition démesurée et du Hezbollah et que ce dernier peut manipuler à son bon plaisir, le Hezbollah ne pourrait pas jouer cette "carte" et avec le sort du Liban selon la volonté et les besoins de ses maîtres les pasdarans.

    Halim Abou Chacra

    05 h 59, le 19 juillet 2014

Retour en haut