Les milieux diplomatiques occidentaux ont peur de ce qui se passe au Liban-Sud, de ces roquettes tirées à partir du territoire libanais contre Israël et qu'aucun groupuscule fondamentaliste, aucune faction palestinienne ne revendique, même s'ils soutiennent ces initiatives.
Ces milieux ont peur que cette escalade, si elle se poursuit, ne mène à une explosion de la situation au Sud – sachant que les services de sécurité ont réussi à arrêter des suspects et que les investigations ont commencé pour savoir si c'est une partie bien précise qui a commandité ces tirs et si oui, laquelle, puisque même l'État hébreu a rejeté toute implication du Hezbollah dans ces tirs.
En attendant, les services sont mobilisés tous azimuts et les chancelleries déploient toutes leurs antennes pour essayer de comprendre, auprès des autorités, ce qui s'est passé. Ces ambassades précisent, à ce sujet, que le parti chiite sait sûrement qui est derrière ces tirs, vu qu'il contrôle la partie méridionale du pays. Des milieux politiques se demandent justement pourquoi le Hezbollah n'aide pas les autorités à faire toute la lumière sur cette affaire : si le parti n'est pas impliqué et qu'il ne sait pas ce qui se passe, c'est une catastrophe, et s'il le sait, c'est aussi une catastrophe, puisque dans les deux cas c'est lui qui assume la responsabilité, vu qu'il a toujours fait en sorte de mettre des bâtons dans les roues de l'armée et de la Finul.
Parallèlement, les grandes capitales s'inquiètent tout autant de l'instabilité qui prévaut de nouveau à Tripoli et l'ultimatum lancé aux autorités, sommées de libérer les personnes arrêtées au cours et à l'issue du dernier round de combats entre Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen. Ces Tripolitains ont, dans tous les cas, ajourné la traduction sur le terrain de leur colère : ils ont certes reçu des promesses, mais ils ont également pris conscience des dangers au Sud, de la gravité de la situation à Gaza, mais aussi des combats entre le Hezbollah et les rebelles fondamentalistes syriens à la frontière.
Résultat des courses : bon nombre de responsables occidentaux pensent que la stabilité sécuritaire, politique et économique est difficile à protéger, à l'aune surtout du blocage endémique aussi bien à la Chambre qu'en Conseil des ministres et dans l'administration de l'État. Sans oublier, bien sûr, les risques de conflit tenace autour de la grille des salaires et ses probables répercussions sur la stabilité financière.
Un diplomate évoque volontiers cette idée, née six mois avant la fin du mandat de Michel Sleiman (qui a d'ailleurs lui-même refusé de voir son mandat prorogé pour deux ans), d'élire un président pour 24 mois – le nom du chef du CPL, Michel Aoun, a été proposé, ainsi que celui d'un candidat à même de poursuivre l'œuvre de M. Sleiman. Mais cette idée s'est heurtée de plein fouet au non outré des leaders chrétiens, politiques soient-ils ou religieux, qui ont immédiatement rejeté ne serait-ce que le fait d'y penser. Sauf que cette idée est de nouveau évoquée en ce moment, sans que l'on sache très bien par qui ni, surtout, pour quoi... Mais ceux qui la défendent proposent cette fois des noms nouveaux, des candidats dits indépendants, tout en essuyant le même refus catégorique qu'il y a un an.
En attendant, les diplomates, et en particulier les ambassadeurs des cinq Grands, ainsi que l'émissaire personnel de Ban Ki-moon au Liban, Derek Plumbly, bougent beaucoup pour essayer de trouver une solution à cette crise politique et sauver la première présidence, les chrétiens, la République et le Liban. Tout un programme... Ainsi, face au risque de grande noyade, une liste de trois noms aurait émergé : un responsable financier, un autre sécuritaire et un troisième indépendant et moins politisé que prévu. Les trois seraient totalement indépendants des deux pôles, 14 et 8 Mars, et leurs noms sont débattus en ce moment dans les grandes capitales, maintenant que les différents leaders politiques, notamment les chrétiens, sont convaincus de la nécessité d'un plan B. C'est-à-dire convaincus qu'il faut oublier la candidature des quatre grands leaders (Geagea, Aoun, Gemayel et Frangié) et tenir cette élection au plus vite en profitant de la séance du 23 juillet pour s'entendre sur un candidat consensuel (ou de compromis) et ne pas attendre septembre et la fin du mandat (autoprorogé) de la Chambre... Il serait effectivement aberrant que ces députés se réunissent pour prolonger encore leur mandat sans qu'ils n'aient élu un successeur à Michel Sleiman.
Un diplomate influent répète d'ailleurs à qui veut bien l'entendre qu'il est inadmissible de continuer à lier cette élection au dossier nucléaire iranien, qu'il est grand temps de libérer le Liban du cauchemar de l'hégémonie iranienne, qui utilise ce petit pays pour faire pression tous azimuts. C'est dans tous les cas ce que les Occidentaux essaient de faire, assure ce diplomate, avec encore plus de célérité au regard de la situation extrêmement inquiétante, aussi bien en Syrie qu'en Irak ou à Gaza.
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commentaires (10)
NOUS AVONS UN " EMPEREUR " AU LIBAN... POURQUOI NE RABAISSER SON TITRE À CELUI DE PRÉSIDENT ET LE NOMMER À LA TÊTE DE L'ETAT ? UN PRÉSIDENT EX EMPEREUR.. MAIS QUE DIS-JE... HÉK OU HÉK KILCHI BIL MA2LOUB BHAL BALAD !!!
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 59, le 18 juillet 2014