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Liban - Le commentaire

Présidentielle : l’extérieur contraint de temporiser

Dans certains milieux diplomatiques, on estime que les raisons du blocage qui empêche l'élection d'un président de la République au Liban ne sont pas uniquement intérieures, mais également extérieures, dans la mesure où des États concernés par la situation au pays du Cèdre préfèrent temporiser dans l'attente des développements militaires et politiques dans la région.
Dans l'esprit de ceux qui attendent, il y a en effet deux possibilités : ou bien les développements imposeraient au Liban un président de compromis, ou au contraire ce serait un président incarnant la victoire d'un camp sur l'autre. Or à ce stade, il est impossible de savoir lequel des deux profils il faudrait privilégier sans tomber dans l'erreur.


Il y a trois ans et demi, la Syrie de Bachar el-Assad s'était crue suffisamment forte pour amener ses alliés au Liban à provoquer la chute du gouvernement de Saad Hariri, en violation de l'accord qui avait été conclu en 2008 à Doha et aux termes duquel les ministres s'engageaient à ne pas démissionner du cabinet.
À l'époque, le timing de la démission des ministres du 8 Mars avait eu une signification symbolique voulue par le régime syrien, parce qu'il avait coïncidé avec l'entrée de M. Hariri dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche pour un entretien avec le président américain Barack Obama.
Après la chute du gouvernement, on sait comment l'épisode des « chemises noires » du Hezbollah et la prorogation pour une semaine des consultations parlementaires pour désigner un Premier ministre ont mené au retournement du chef du PSP, Walid Joumblatt et, du coup, un basculement de la majorité parlementaire en faveur de Nagib Mikati.


Mais en créant les conditions de la mise en place d'un gouvernement qui devait incarner son retour en force sur la scène libanaise, le régime syrien ignorait que la révolte allait éclater presque en même temps en Syrie. Une révolte qui, à terme, allait contraindre le nouveau cabinet à prendre ses distances à l'égard de ce régime, en élaborant la doctrine de la « distanciation » à l'égard de la crise syrienne.
Cette politique de « distanciation » est restée à l'épreuve pendant un certain temps jusqu'à ce que l'Iran, craignant que Damas ne tombe aux mains de la rébellion syrienne, demande au Hezbollah, qui faisait partie intégrante du cabinet, d'intervenir militairement en Syrie pour venir en aide au régime de Bachar el-Assad.
Cette intervention, contraire à la politique du gouvernement ainsi qu'à la déclaration de Baabda adoptée en 2012 à l'unanimité des parties prenantes du dialogue national sous l'égide du président Michel Sleiman, a causé au final la chute du gouvernement Mikati.


Il a fallu dix mois pour qu'un cabinet de compromis lui succède sous la férule de Tammam Salam. Ce cabinet tient la route actuellement et assure l'intérim de la présidence vacante. Jusqu'à quand ? On ne le sait pas. Ce qu'on sait, c'est que l'Iran, qui a largement pris la place de la Syrie au pays du Cèdre, préfère temporiser au sujet de la présidentielle pour ne pas rééditer l'erreur de Bachar el-Assad en 2011 qui a cru pouvoir gouverner le Liban à distance par le biais d'un cabinet monochrome.


En fait, c'est le coup de force de l'État islamique (ex-Daech) en Irak qui a poussé Téhéran à faire preuve de prudence. La République islamique aurait agi différemment si le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, avait réussi à s'imposer dans son pays. Il n'est pas parvenu à le faire et cela change la donne.


En gros, cela signifie que le Liban devra attendre les développements en Irak, et peut-être aussi l'évolution des négociations sur le nucléaire américain, pour connaître enfin le nom de son futur président. Mais cette attente risque de durer trop longtemps et se révéler très préjudiciable. C'est pourquoi, en misant sur la volonté extérieure de maintenir la stabilité du Liban, certains milieux politiques tentent actuellement d'œuvrer en vue d'une dissociation du dossier présidentiel libanais de l'évolution régionale par le biais de la mise en place d'un mécanisme qui permettrait, en concertation avec les puissances concernées, de nommer un certain nombre de candidats présidentiels et d'inviter les députés à trancher en faveur de l'un d'eux.
Reste à savoir s'ils vont réussir à obtenir cette dissociation ou bien si le Liban doit rester indéfiniment tributaire de ce qui se passe dans la région.

Dans certains milieux diplomatiques, on estime que les raisons du blocage qui empêche l'élection d'un président de la République au Liban ne sont pas uniquement intérieures, mais également extérieures, dans la mesure où des États concernés par la situation au pays du Cèdre préfèrent temporiser dans l'attente des développements militaires et politiques dans la région.Dans l'esprit...
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