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Liban - Éclairage

La présidentielle au suffrage universel, loin des surenchères et des polémiques

Il suffit que le général Michel Aoun ouvre la bouche pour qu'aussitôt, sans même entendre ce qu'il a à dire, un tollé s'élève contre lui. Pourtant, outre le fait que l'homme a le mérite d'avoir relancé un débat politique au moment où l'obsession sécuritaire est à son apogée, son initiative constitutionnelle mérite qu'on l'étudie loin des passions et des réactions épidermiques, comme l'a souligné le président de la Chambre Nabih Berry. S'il est vrai que Michel Aoun a exposé son projet sans avoir consulté ses alliés au sein du 8 Mars, il est vrai aussi qu'il s'agit, selon ses proches, d'une idée longuement mûrie, qui est le fruit des expériences passées depuis l'adoption de l'accord de Taëf en 1989. Pour Aoun, le fait de lancer cette proposition n'est pas lié à ses contacts avec le courant du Futur et son chef Saad Hariri, comme on l'en a accusé. Au contraire, selon ses proches, ces contacts se poursuivent et ils portent sur l'ensemble des questions qui intéressent les Libanais, sans se limiter au dossier présidentiel. Sur ce dossier en particulier, les proches du général affirment que l'horizon n'est pas bouché mais que Saad Hariri a demandé un peu de temps avant de donner une réponse définitive. Qu'il ait besoin de ce délai pour suivre l'évolution de la situation dans la région, pour obtenir l'aval des dirigeants saoudiens ou pour convaincre son propre camp, les proches de Aoun l'ignorent, mais ce dernier continue de croire à la bonne foi de Hariri et, de toute façon, la coopération entre le CPL et le courant du Futur est en train de porter ses fruits dans l'action gouvernementale. Pour Aoun, il n'est donc pas question de revenir sur cette orientation, indépendamment du processus de l'élection présidentielle. Selon ses proches, il avait effectivement proposé d'initier une réconciliation entre Saad Hariri et le Hezbollah, convaincu qu'elle est essentielle pour la stabilité du Liban. Que cette proposition ait été mal interprétée par ceux qui ne la souhaitent pas et préfèrent maintenir les divisions internes pour augmenter leur rôle et leur importance locale, ne lui ôte rien de son sérieux. Pour le général, elle est toujours d'actualité car il est convaincu que le Liban ne peut pas se stabiliser sans une entente entre les différentes composantes de son tissu social.
Les proches du général Aoun sont catégoriques, il n'y a pas eu une fin de non-recevoir à sa candidature à la présidence de la part des Saoudiens, mais il est clair que la présidentielle libanaise est liée (au moins chez certaines parties locales) aux développements régionaux, notamment à la situation en Irak et aux relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Mais cela ne signifie pas qu'il faut rester les bras croisés, paralysés par une attente stérile. C'est dans ce sens qu'il faut donc interpréter la proposition d'élire le président au suffrage universel à deux niveaux. Et si ce n'est pas maintenant le temps de faire ce genre de proposition, alors ce sera quand ? demandent les proches de Aoun. C'est généralement en temps de crise que des solutions sont proposées. Or, les chrétiens n'ont que trop attendu avant de réclamer leurs droits. Cette proposition ne cherche pas à mettre en cause Taëf. Au contraire, elle veut qu'il soit appliqué, car l'accord – et la Constitution qui en est issue – consacrent clairement le partage à égalité du pouvoir entre chrétiens et musulmans, considérant que ce partage est à la base de la coexistence islamo-chrétienne qui est un principe fondateur du Liban. Ce qui s'est passé au cours des dernières années est justement un retournement contre l'accord qui a été détourné de son contenu et de son esprit. Depuis l'adoption de la nouvelle Constitution, les chrétiens ont obtenu une égalité numérique, mais non sur le fond, puisque le président est choisi par toutes les composantes locales et régionales, alors qu'ils n'ont pas vraiment leur mot à dire dans le choix des Premiers ministres et dans celui des présidents de la Chambre et des autres responsables. Même chose sur le plan des élections législatives, sur le plan numérique, où ils ont effectivement 64 députés chrétiens, mais dont seulement une vingtaine est élue par leurs propres suffrages. En même temps, chaque fois qu'ils osaient élever la voix, on les faisait taire sous prétexte qu'il ne faut pas remuer « l'eau qui dort » et que s'ils veulent changer cet état de choses, des voix musulmanes pourraient réclamer la révision du partage à égalité entre chrétiens et musulmans. Cette « duperie » s'est poursuivie pendant des années, attribuée tantôt à la tutelle syrienne et tantôt à la situation interne et au sentiment de malaise et de frustration chez les musulmans. En même temps, le rôle des chrétiens dans l'appareil du pouvoir s'est réduit, puisque toutes les parties politiques se sont partagé non seulement leurs députés, mais aussi les nominations administratives, sans réciprocité. Pour cette raison, Aoun avait déjà adopté le projet de loi dit grec-orthodoxe pour les élections législatives et il propose aujourd'hui l'élection du président par le suffrage universel. Avec cette idée, il ne touche pas aux prérogatives du président et ne remet pas en cause le partage des pouvoirs, mais il renforce le président en le dotant d'une légitimité populaire d'abord chrétienne puis nationale qui lui permettra d'avoir son mot à dire au sein du pouvoir. Selon ses proches, Aoun pense aussi que le contexte actuel est favorable à une rectification de l'application de l'accord de Taëf. D'une part, parce que les pôles chrétiens ont adopté à Bkerké et avec l'aval du patriarche Raï le principe de l'élection d'un « président fort », ensuite parce que la situation régionale permet aux chrétiens de réclamer des garanties légitimes pour le maintien de leur présence au moment où ils sont pris pour cibles, ces garanties étant l'application réelle des dispositions de la Constitution. De plus, l'élection au suffrage universel d'abord au niveau des chrétiens donne aux candidats une représentativité populaire chrétienne et elle permet, au niveau national, à tous les Libanais de choisir leur président, sachant que, selon les statistiques les plus récentes, les sunnites sont légèrement plus nombreux que les chiites.
Les proches de Aoun déplorent le fait que les réactions à cette proposition se sont jusqu'à présent limitées à la forme et n'ont pas porté sur le fond qui reste le suivant : ce projet assure la meilleure représentativité des chrétiens au sein du pouvoir. Quant à ceux qui disent que si Saad Hariri déclare son appui à la candidature de Aoun, ce dernier déchirera le projet, les proches de Aoun répondent dans une boutade : eh bien, que Hariri l'appuie et on verra alors s'il renoncera à ce projet ou non...

Il suffit que le général Michel Aoun ouvre la bouche pour qu'aussitôt, sans même entendre ce qu'il a à dire, un tollé s'élève contre lui. Pourtant, outre le fait que l'homme a le mérite d'avoir relancé un débat politique au moment où l'obsession sécuritaire est à son apogée, son initiative constitutionnelle mérite qu'on l'étudie loin des passions et des réactions épidermiques,...

commentaires (6)

Les proches du Hakîm sont catégoriques, il n'y a pas eu 1 fin de non-recevoir à sa candidature à la présidence de la part des Per(s)cés, mais qu’elle serait liée aux relations entre la Grande Arabie et la Per(s)cée. Mais cela ne signifie pas qu'il faut rester les bras croisés, paralysés et stériles. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter sa proposition en vue de derechef se diriger vers l’Assemblée afin d'élire en 1 ou plusieurs tours de scrutins le président. Et si ce n'est pas maintenant le temps de faire ce genre de proposition, alors ce sera quand ? demande Kayroûz Elie : Khallsoûnâh baäâh ! Et c’est bien en temps de crise que des solutions doivent être proposées. Cette proposition ne cherche point en fait à remettre en cause Taëf. Elle veut juste qu'il soit appliqué, car il consacre clairement le partage à égalité du pouvoir entre chrétiens et musulmans ; ce partage étant à la base de la coexistence islamo-chrétienne qui est un principe fondateur ici. Ce qui s'est passé ces jours- ci est justement un retournement contre l'accord qui a été détourné de son contenu et de son esprit par les boSSfàRiens. Ainsi, certains chréti(e)ns ont proclamé qu’ils voulaient que ce président soit élu au suffrage universel, et n'ont pas compris qu’ils ouvraient la voie par-là aux chïïtes pour exiger alors que leur président au perchoir soit élu de même par ce biais, ainsi qu’aux sunnites qui exigeraient alors eux aussi que leur premier ministre soit élu lui aussi de la même façon !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 08, le 05 juillet 2014

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Commentaires (6)

  • Les proches du Hakîm sont catégoriques, il n'y a pas eu 1 fin de non-recevoir à sa candidature à la présidence de la part des Per(s)cés, mais qu’elle serait liée aux relations entre la Grande Arabie et la Per(s)cée. Mais cela ne signifie pas qu'il faut rester les bras croisés, paralysés et stériles. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter sa proposition en vue de derechef se diriger vers l’Assemblée afin d'élire en 1 ou plusieurs tours de scrutins le président. Et si ce n'est pas maintenant le temps de faire ce genre de proposition, alors ce sera quand ? demande Kayroûz Elie : Khallsoûnâh baäâh ! Et c’est bien en temps de crise que des solutions doivent être proposées. Cette proposition ne cherche point en fait à remettre en cause Taëf. Elle veut juste qu'il soit appliqué, car il consacre clairement le partage à égalité du pouvoir entre chrétiens et musulmans ; ce partage étant à la base de la coexistence islamo-chrétienne qui est un principe fondateur ici. Ce qui s'est passé ces jours- ci est justement un retournement contre l'accord qui a été détourné de son contenu et de son esprit par les boSSfàRiens. Ainsi, certains chréti(e)ns ont proclamé qu’ils voulaient que ce président soit élu au suffrage universel, et n'ont pas compris qu’ils ouvraient la voie par-là aux chïïtes pour exiger alors que leur président au perchoir soit élu de même par ce biais, ainsi qu’aux sunnites qui exigeraient alors eux aussi que leur premier ministre soit élu lui aussi de la même façon !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 08, le 05 juillet 2014

  • Il suffit que Samîr ouvre la bouche pour qu'aussitôt, sans même entendre ce qu'il a à dire, un tollé s'élève contre lui chez les boSSfàRiens Aigris. Pourtant, outre le fait que l'homme a le mérite d'avoir relancé le vrai débat, son initiative mérite qu'on l'étudie loin des réactions épidermiques des (h)Amèèèrs bigaradiers. Il est vrai que le Hakîm a, selon Sétt Astrîdâh, exposé son grand projet suite à des idées longuement mûries, fruit de ses expériences passées. Pour le Hakîm, le fait de lancer ces propositions n'est pas seulement lié à ses contacts amicaux et étroits avec Sääd Rafîk Hariri. Selon Zahra…. Antoine, ces contacts portent en fait sur l'ensemble des questions qui intéressent ce pays, sans se limiter au dossier présidentiel. Sur ce dossier, les proches du secrétaire du hézébbb affirment, eux, que même leur hassine a besoin d’un délai pour obtenir l'aval des Perscés d’en la perspective d’élire enfin le Hakîm. Les proches du caporal boSSfaïr l'ignorent, mais l’idée de l’élection de Samîr par ce hézébbb est en train de suivre son chemin et pourraient porter ses fruits. Pour Eddy, il n'est donc pas question de revenir sur cette orientation, et Samîr pourrait proposer d'initier 1 réconciliation entre Saad et ce hézébbb, sachant qu'elle est essentielle pour la stabilité du Liban. Le Hakîm est convaincu que cette réconciliation serait bénéfique pour le pays, qui ne peut se stabiliser sans entente entre les différentes composantes de son tissu social indigène.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 38, le 05 juillet 2014

  • En même temps, le rôle de ces Libanais(h) dans les décisions s'est réduit, puisque ce sont + ou moins les composantes régionales qui décident de l’essentiel. Pour cette raison, le Hakîm a refusé le projet dit grec-orthodoxe pour les législatives et celui de l'élection du président au suffrage universel. Car, ces 2 Mauvaises "idées!" touchent au Pacte National de 43 et remettent en cause le Liban convivialité. Selon Ättîchâh, Samîr pense que le contexte actuel n’est Nullement favorable à 1 rectification de Taëf. Surtout que certains de ces "pôles? chrétiens" n’ont pas réalisé que la situation régionale ne leur permet pas de réclamer des garanties supplémentaires ; les seules garanties étant l'application stricte de Tâëf. De +, l'élection au suffrage universel d’1 président chrétien donne 1 alibi aux candidats sunnites au poste de 1er ministre et à ceux chïïtes au perchoir de la Chambre pour réclamer le même traitement ; soit leur élection à ce même régime de suffrage universel. Les proches du Hakîm sont confiants, car ces propositions à Samîr portent sur le fond qui reste le suivant : elles assurent ainsi que le sectarisme exacerbé ne sera pas la ligne de conduite du pouvoir dans ce pays. Quant à ceux qui disent que si l’hassine Noirci déclarerait son appui à la candidature du Hakîm, ce dernier déchirera ces propositions, les proches de Samîr répondent en s’esclaffant de riiire : eh bien, que cet hassine l’appuie et on verra alors s'il renoncera à ses propositions ou non !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 28, le 05 juillet 2014

  • Élire notre Président de la République Libanaise au suffrage universel ne respecte pas le principe de la Mounasafa et rend extrêmement hasardeux cette élection en cas de troubles ou en situation de guerre. S’il faut revoir la constitution c’est notre Régime Parlementaire qu’il faudrait améliorer de sorte que soit interdits et sanctionnés tous manquements de leurs devoirs par les élus du peuple. Devoirs qui devraient être qualifiés « d’obligations » désormais. En tout premier lieu Il faudrait éliminer la possibilité de « nommer » un président. Ne devrait être élu président de la république qu’un homme ou une femme maronite répondant aux règles constitutionnelles de candidatures et ayant officiellement déposé sa candidature et son programme dans un délai constitutionnel qui permette le déroulement d’une campagne électorale bien avant l’élection au sein du parlement. Les devoirs et obligations de nos élus devraient être établis clairement par la constitution et tout manquement à ces obligations devrait être sévèrement sanctionné.

    Bibette

    10 h 46, le 05 juillet 2014

  • "Il suffit que le général Aoun ouvre la bouche" et lance n'importe quelle idée, même la plus abracadabrante, pour que "les proches du général" le défendent passionément. Tout est passion dans ce pays. Hélas ! C'est la raison de sa ruine.

    Halim Abou Chacra

    05 h 18, le 05 juillet 2014

  • Interdit aux plus de douze ans, et digne d'un cours politique en classe primaire.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 31, le 05 juillet 2014

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