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Moyen Orient et Monde - Le point

Ménage à trois

Dans la vie des nations, il est des moments où les principes démocratiques n'ont pas que leur bon côté. Ainsi, aux demandes irakiennes d'aide militaire urgente Barack Obama avait répondu par un oui empressé et précisé aussitôt la nature de l'aide : des drones qui survoleraient l'espace aérien pour contrôler les mouvements des hordes de Daech et 300 conseillers pour évaluer une réforme en profondeur des forces de sécurité. Malheureusement pour la Maison-Blanche et pour Bagdad il y a le Congrès, avec ses lenteurs, son côté sourcilleux, ses innombrables lobbies et, depuis quelque temps, ce Tea Party qui, tel un chien dans un jeu de quilles, s'en vient déranger l'ordre quelque peu amidonné au sein du Congrès.
En fait, la lenteur mise à répondre à l'appel au secours s'accompagnait d'une exigence US, définie dès le 19 juin par le vice-président Joe Biden, soit la formation d'un gouvernement intégrant les diverses ethnies et confessions, une condition que Nouri Kamal al-Maliki va s'engager à contourner. Une réunion, promettra-t-il, se tiendra dès le 1er juillet, à l'occasion de l'ouverture des travaux du Parlement issu des élections d'avril dernier. À cette occasion, le président du Conseil espère recevoir un nouveau mandat pour la mise sur pied d'une équipe de travail – une éventualité plus qu'incertaine, soit dit en passant. Le chef d'état-major interarmes, Martin Dempsey, s'activera de son côté pour ajouter une nouvelle touche de flou à un paysage tout en grisaille. Des opérations aériennes contre les rebelles ? Ce sera très dangereux dans le contexte hautement explosif du pays, fera-t-il savoir.
On connaît – pour l'avoir vue à l'œuvre lors de la partie d'échecs engagée l'an dernier en Syrie, quand il s'était agi de déclencher des raids aériens en Syrie – l'habileté de la diplomatie russe à profiter des tergiversations occidentales. Tout comme en 2013, le Kremlin saisira l'occasion offerte pour répondre avec une remarquable célérité à une demande d'aide formulée jeudi dernier, portant sur la fourniture d'une douzaine de Sukhoï-25, dont un premier lot de cinq appareils est en place, prêt à entrer en action cette semaine, a annoncé le général Anouar Hama el-Amine, commandant en chef de l'armée de l'air. Un groupe d'experts doit se charger de familiariser les pilotes irakiens à ces avions de combat, qui représentent le dernier cri en matière de technologie, bien que nés dans les années 70. Destinés à supplanter, à tout le moins provisoirement, les F-16 commandés dès 2011 au Pentagone et jamais parvenus à leurs destinataires, ces Frogfoot, comme on les appelle communément, servent de soutien aérien rapproché et excellent dans la neutralisation des chars.
Techniquement, l'entrée en lice de ce matériel ne devrait pas modifier en profondeur la situation sur le terrain, et cela pour deux raisons : la première est que les missiles US Hellfire récemment livrés ne peuvent, pour des raisons d'incompatibilité, équiper les modèles russes ; la seconde est que les hommes de l'État islamique en Irak et au Levant (appelé aussi Daech) a déjà mis la main à Mossoul sur une impressionnante quantité de fusées américaines Stinger conçues pour... abattre les redoutables Sukhoï. Mais tout comme il a pris la décision de soutenir sans rechigner et sans contrepartie le Syrien Bachar el-Assad, le camarade Vladimir Poutine semble devoir s'engager à fond dans la guerre irakienne. Et au diable la perte par Lukoil d'un premier marché pétrolier conclu du temps de Saddam Hussein puisqu'il a été possible, dès 2012, d'effectuer un inquiétant come-back, qui s'est traduit par l'engagement de moderniser et de développer les champs de Qurna, dans le même temps que l'on fait commerce avec le Kurdistan.
Mais restons dans le domaine de l'armement. L'Iranien Massoud Jazayeri, chef d'état-major adjoint, estime que son pays est condamné à s'impliquer un peu plus chaque jour dans la lutte en cours dans l'antique Mésopotamie. La riposte à l'EIIL, a-t-il précisé, sera sérieuse, s'inspirant pour cela de la « stratégie gagnante » qui est actuellement celle du régime syrien. En termes clairs, a-t-on traduit, il conviendrait de recourir à une mobilisation massive de groupes ethniques pour défendre l'État. USA, Russie, Irak, un même combat, vraiment ? C'est vrai que, dans les cas d'urgence, il importe de ne pas être trop regardant sur ses alliances, mais tout de même...

Dans la vie des nations, il est des moments où les principes démocratiques n'ont pas que leur bon côté. Ainsi, aux demandes irakiennes d'aide militaire urgente Barack Obama avait répondu par un oui empressé et précisé aussitôt la nature de l'aide : des drones qui survoleraient l'espace aérien pour contrôler les mouvements des hordes de Daech et 300 conseillers pour évaluer une...

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