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À La Une - Espagne

Dans Madrid pavoisée, Felipe VI plaide pour "l'unité" de l'Espagne

Felipe hérite d'une monarchie contestée par un Espagnol sur deux.

Felipe VI et Letizia, nouveaux roi et reine d'Espagne. AFP / GERARD JULIEN

Le nouveau roi Felipe VI a proclamé jeudi sa "foi dans l'unité de l'Espagne" et plaidé pour une monarchie "rénovée" en prêtant serment, tournant une page de l'histoire du pays après l'abdication de son père, Juan Carlos.

 

Acclamé le long des avenues de Madrid, pavoisées du drapeau national rouge et or, le roi en uniforme militaire a gagné le Congrès des députés accompagné de la reine Letizia, fine et élégante en robe et manteau blanc, et de leurs deux filles, Leonor, huit ans, nouvelle princesse héritière, et Sofia, sept ans.

Après avoir juré fidélité à la Constitution de 1978, le socle fondateur de la démocratie espagnole, Felipe, 46 ans, a promis, dans son premier discours de roi, de défendre "une Espagne en laquelle tous les citoyens retrouvent la confiance dans les institutions". "Je veux réaffirmer, en tant que roi, ma foi dans l'unité de l'Espagne", a-t-il lancé, en réponse aux poussées nationalistes catalane et basque, parmi les défis les plus lourds qu'il devra affronter. Avant de conclure d'un "merci", en castillan, en catalan, en basque et en galicien, les quatre langues officielles du pays.

 

(Lire aussi : Abdication surprise du roi d'Espagne, après 38 ans de règne)

 

Coup d'envoi des cérémonies et symbole de ce passage de témoin, le jeune roi a reçu jeudi matin la ceinture de soie rouge de capitaine général des Armées des mains de son père, qui a signé la veille son abdication, avant que les deux hommes ne se donnent une accolade émue. Felipe hérite d'une monarchie contestée, selon les sondages, par un Espagnol sur deux, dans un pays miné par la crise économique et le chômage. Il a promis de travailler pour "rénover" la monarchie et de suivre "une conduite intègre, honnête et transparente". Une réponse aussi au scandale judiciaire dont il devra affronter les retombées, dans lequel sa propre sœur, Cristina, est inculpée de fraude fiscale.

Madrid, pour accueillir son nouveau roi, s'était parée de milliers de fleurs et de drapeaux, un décor faisant oublier les manifestations républicaines qui avaient suivi l'annonce, le 2 juin, de l'abdication de Juan Carlos.
Pendant que certains se préparaient à la fête, d'autres encaissaient l'élimination du Mondial, la veille, de l'équipe nationale de football au Brésil. "C'est la fin d'un cycle. Il faut recommencer avec des gens plus jeunes, c'est comme tout, dans la vie et dans le football", commentait Carlos Mendoza, un vendeur de "churros", les beignets espagnols, de 48 ans, sur le seuil de sa boutique.

 

Salut au balcon

Resté populaire face au discrédit qui frappe son père, le nouveau roi devra répondre à de nombreux espoirs qu'il aura sans doute du mal à réaliser, la monarchie parlementaire espagnole ne lui donnant que peu de pouvoirs. "Aujourd'hui, les Espagnols attendent tout de lui: qu'il trouve une solution pour la Catalogne, pour le chômage", relevait Cote Villar, journaliste au quotidien El Mundo. "C'est un grand souffle d'air frais. Mais le risque de déception est très grand".

 

(Lire aussi : Face aux républicains qui lèvent la voix, « Felipe VI devra revitaliser la monarchie »)

 

Après la cérémonie au Congrès des députés, en l'absence d'invités étrangers, Felipe a présidé un défilé militaire avant que la famille ne traverse Madrid, à bord d'une Rolls Royce noire décapotable, accompagnés des cavaliers de la Garde royale, jusqu'au Palais Royal. 7.000 policiers étaient mobilisés, filtrant les accès aux abords du parcours où une foule de milliers de personnes, parfois clairsemée, criaient "Vive le roi!", "Vive la reine!". 

Puis Felipe et Letizia, leurs deux filles, Juan Carlos et la reine Sofia sont sortis sur le balcon central du Palais, orné du nouvel écusson royal rouge cramoisi. Les membres de la famille sont restés de longues minutes à saluer le public, multipliant les gestes de tendresse les uns envers les autres.

 

Un grand absent

Mais tout au long de cette journée, la haute silhouette de Felipe a éclipsé celle de Juan Carlos, le grand absent de la cérémonie du Congrès et de la réception qui devait suivre au Palais Royal, en présence de 2.000 invités.

Mercredi soir, Juan Carlos, retenant ses larmes, avait signé la loi d'abdication, massivement approuvée par le Parlement. Son dernier acte officiel. A 76 ans, après 39 ans d'un règne dont les dernières années ont été marquées par les scandales, c'est un roi usé, appuyé sur des béquilles, qui a passé le relais. Un souverain, monté sur le trône le 22 novembre 1975, deux jours après la mort de Francisco Franco, longtemps très aimé pour avoir mené l'Espagne vers la démocratie.

Les premiers mots de Felipe ont d'ailleurs été pour son père, dont il a loué le rôle dans "la réconciliation des Espagnols" après la dictature. "Un règne exceptionnel devient aujourd'hui partie de notre Histoire, avec un héritage extraordinaire", a-t-il dit.

En décidant d'abdiquer, Juan Carlos a transmis à son fils la lourde tâche de rénover la Couronne. Mais Felipe dispose d'une marge de manœuvre étroite, dans un pays où la crise a engendré une perte de confiance dans les institutions. "Son père a bien tenu son rôle et Felipe sait comment régler les problèmes de l'Espagne: la Catalogne, la crise. Du moins je l'espère", disait, optimiste, José Antonio Gomez, qui tient une buvette en face du Palais Royal.

 

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Acclamé le long des avenues de Madrid, pavoisées du drapeau national rouge et or, le roi en uniforme militaire a gagné le Congrès des députés accompagné de la...

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Viva El Rey....

M.V.

15 h 54, le 19 juin 2014

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Commentaires (1)

  • Viva El Rey....

    M.V.

    15 h 54, le 19 juin 2014

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