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Moyen Orient et Monde - Espagne

« Les Bourbon n’ont rien à faire ici ! »

Entre indifférence et rejet, la Catalogne reste plus préoccupée par le référendum d'indépendance que par la succession en cours.

Le futur roi Felipe VI, prince de Gérone, serre la main du président catalan, Artur Mas. Josep Lago/AFP

« Les Bourbon n'ont rien à faire ici ! » lance Enrique Martinez, un chauffeur de taxi de Gérone, témoignant du sentiment, entre indifférence et rejet, qu'inspire la monarchie espagnole dans cette jolie ville de Catalogne, plus préoccupée par le référendum que par la succession en cours.
Baignée par quatre fleuves, son ancien quartier juif médiéval parcouru par des ruelles bordées de maisons de maîtres, cette ville de 100 000 habitants est l'un des plus fervents pôles indépendantistes de la région. Mais elle entretient aussi un lien étroit avec le futur roi Felipe VI, prince de Gérone. Un titre de noblesse controversé puisque la majorité des élus municipaux s'apprêtent à demander que Leonor, qui va devenir à huit ans héritière du trône d'Espagne, n'utilise pas le titre de princesse de Gérone. « La ville ne se sent pas identifiée à ce titre. Ce n'est pas un signe d'hostilité. Simplement, cela ne cadre pas avec la Gérone de 2014 », explique le maire, Carles Puigdemont.
Ces dernières années, le prince héritier, qui va devenir roi d'Espagne le 19 juin après l'abdication de son père Juan Carlos, a multiplié les visites dans cette ville, mettant à profit sa pratique du catalan pour prononcer des discours publics et établir de cordiales relations avec le monde des affaires. « C'est une personne curieuse, qui s'intéresse à ce qui se passe en Catalogne. Il est clair qu'il est très bien préparé. De plus, il est ouvert aux idées nouvelles », dit de lui le président de la Fédération des petites et moyennes entreprises de la ville, Pere Cornella.
À cinq mois du référendum sur l'autodétermination annoncé par le président de la région, Artur Mas, pour le 9 novembre, en dépit de l'opposition du gouvernement central, le dossier catalan sera parmi les plus brûlants pour le nouveau roi. « Si j'en juge par sa sensibilité, comme roi il pourrait contribuer à jeter des ponts entre la Catalogne et l'Espagne et essayer de rétablir le dialogue », explique Pere Cornella, pourtant partisan d'un référendum.
« Felipe peut nous comprendre, il pourrait nous donner la possibilité d'organiser un référendum, pour débloquer une fois pour toutes cette situation », estime le président de la Chambre de commerce de Gérone, Domenec Espadaler : une allusion à l'influence dont pourrait faire usage le roi auprès des dirigeants politiques, à qui revient le pouvoir de décider dans la monarchie parlementaire espagnole.

« Quitter ce pays »
Pourtant, entre les ruelles médiévales pavées de Gérone, où les drapeaux indépendantistes flottent aux balcons et aux fenêtres, la figure du nouveau roi inspire plutôt de l'indifférence, voire du rejet. « Pour moi, la monarchie est très lointaine. Le débat ici est ailleurs : l'indépendance ou pas », témoigne Teresa Gasulla, professeure d'université de 48 ans.
« Je ne crois pas du tout dans la monarchie. Je me sens catalane et indépendantiste. Je ne veux qu'une chose, que nous quittions ce pays, et qu'ils fassent ce qu'ils veulent avec leur roi », affirme Blanca Lorman, une étudiante en médecine de 21 ans.
Le nom même de Felipe inspire de la méfiance à certains, qui gardent en mémoire celui de Felipe V de Bourbon : le roi qui, en 1714, après la guerre de succession d'Espagne, a aboli l'autonomie dont bénéficiait la Catalogne. « Nous n'avons pas oublié Felipe V. À cause de cela, nous n'avons pas confiance. Mais nous espérons que la liberté que nous avons perdue avec lui, nous la récupérerons en gagnant notre indépendance sous le règne de Felipe VI », assure le chauffeur de taxi, Enrique Martinez.
Député au Parlement régional sous l'étiquette de la coalition nationaliste CiU, Carles Puigdemont estime que la succession en cours ne doit rien changer au processus d'autodétermination. « Le temps d'attendre est révolu. La succession peut-elle changer quelque chose ? Les miracles existent, mais notre expérience montre que nous ne pouvons pas attendre grand-chose », remarque le maire.
De fait, les nationalistes catalans ont clairement marqué leur territoire depuis l'annonce, le 2 juin, de l'abdication de Juan Carlos, réaffirmant que le référendum aurait lieu coûte que coûte. Les députés de CiU se sont abstenus lors du vote de la loi sur l'abdication, tandis que la gauche républicaine de l'ERC a voté contre.
(Source : AFP)

« Les Bourbon n'ont rien à faire ici ! » lance Enrique Martinez, un chauffeur de taxi de Gérone, témoignant du sentiment, entre indifférence et rejet, qu'inspire la monarchie espagnole dans cette jolie ville de Catalogne, plus préoccupée par le référendum que par la succession en cours.Baignée par quatre fleuves, son ancien quartier juif médiéval parcouru par des ruelles bordées...

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