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À La Une - Syrie

Des armes chimiques comme le chlore ont été utilisées de "manière systématique" en Syrie

Neuf enfants tués dans le bombardement par l'armée d'un camp de déplacés à la frontière jordanienne.

Des bénévoles, en septembre 2013 à Alep, dans le nord de la Syrie, donnant une formation sur le comportement à tenir en cas d'attaque chimique. AFP/JM LOPEZ

Dans un rapport préliminaire, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) indique que des armes chimiques comme le chlore ont été utilisées de "manière systématique" en Syrie.
Bien que le rapport n'ait pas été rendu public, le représentant des Etats-Unis devant l'OIAC, qui enquête sur des allégations d'attaques utilisant cet agent industriel, à La Haye en a cité plusieurs passages au cours d'une réunion, déclaration dont l'AFP a obtenu copie.


Les preuves rassemblées par l'équipe d'inspecteurs de l'OIAC, qui avait été la cible fin mai d'une attaque par des rebelles, étayent la conclusion selon laquelle "des agents chimiques toxiques, probablement des agents irritants pour les voies respiratoires, comme le chlore, ont été utilisés de manière systématique dans un certain nombre d'attaques". Les accusations "ne peuvent être rejetées comme étant non connectées, aléatoires, ou d'une nature attribuable uniquement à des motifs politiques", selon le rapport.
L'OIAC a indiqué dans un communiqué que les preuves rassemblées "accordent du crédit au point de vue selon lequel des agents chimiques toxiques, probablement des agents irritants pour les voies respiratoires, comme le chlore, ont été utilisés en Syrie".


Le représentant de la France a, lui, indiqué dans sa déclaration, dont l'AFP a également obtenu copie, que le rapport "confirme qu'il y a bien eu emploi" de chlore en Syrie.

 


Près de 8% de l'arsenal d'armes chimiques est toujours en Syrie, a souligné l'OIAC, répétant que la Syrie allait manquer la date butoir du 30 juin pour la destruction de son stock d'agents chimiques.
Les produits toxiques sont conditionnés et se trouvent sur un même site mais ne peuvent être évacués pour des raisons de sécurité, arguent les autorités syriennes.
La Syrie a officiellement intégré la convention sur l'interdiction des armes chimiques en octobre 2013 dans le cadre d'un accord russo-américain sur le démantèlement de son arsenal chimique, après des accusations contre le régime d'avoir utilisé du gaz sarin lors d'une attaque meurtrière près de Damas.


L'enquête sur l'utilisation de chlore avait été annoncée fin avril après que la France et les Etats-Unis ont accusé le régime d'avoir utilisé un produit chimique industriel dans des attaques contre les bastions rebelles.
Le régime n'avait pas l'obligation de déclarer le gaz de chlore en tant qu'arme chimique, car il est souvent utilisé par le secteur industriel.

 

(Lire aussi: Libération d'un cavalier emprisonné pour avoir battu Bassel el-Assad lors d'une course)

 

Douze civils, dont neuf enfants, tués

Parallèlement, alors que la commission internationale d'enquête indépendante sur la Syrie avertissait, hier, que la guerre civile en cours en Syrie a atteint "un point critique, menaçant toute la région", douze civils, dont neuf enfants, ont été tués mercredi à l'aube lorsqu'un hélicoptère militaire syrien a bombardé un camp de déplacés près de la frontière avec la Jordanie, a annoncé une ONG.
La plus jeune des victimes est une petite fille de 4 ans, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a précisé que sept personnes dont trois femmes avaient également été blessées dans le bombardement qui a visé le camp situé près du village de Shajara.


"Les victimes sont toutes des civils. Il s'agit de personnes ayant fui les violences dans la province méridionale de Deraa", près de la Jordanie, a précisé le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.


Ces bombardements surviennent dans un climat de violences croissantes dans cette province, où les rebelles ont réalisé des avancées ces derniers mois, selon les militants anti-régime locaux.
La guerre qui sévit en Syrie a mis sur la route de l'exil trois millions de réfugiés alors que six millions de personnes sont déplacées dans leur propre pays, certaines vivant dans des camps de fortune le long des frontières.


Mardi soir, l'armée de l'air syrienne a bombardé plusieurs régions rebelles dans la province septentrionale d'Alep, où les raids ont déjà causé la mort de 2.000 personnes, dont 500 enfants, depuis janvier, selon l'OSDH.
Par ailleurs, l'armée a tiré deux missiles sol-sol sur Waer, dernier quartier de Homs, dans le centre du pays, encore tenu par les rebelles, ont indiqué les militants anti-régime.
L'OSDH a également exprimé son inquiétude sur le sort de 145 jeunes Kurdes kidnappés le mois dernier par les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech) dans la province d'Alep (nord). "Les habitants et des familles d'étudiants de la ville d'Aïn al-Arab (Kobani en langue kurde) ont indiqué à l'Observatoire craindre que l'EIIL les oblige à commettre des attentats suicide en utilisant des voitures ou des ceintures d'explosifs", a expliqué cette organisation.


La guerre qui ravage le pays depuis plus de trois ans a fait 162.000 morts.

 

(Lire aussi : Syrie: régime et jihadistes devraient bénéficier des succès de Daech en Irak)

 

Escalade de la violence sans précédent en Syrie

"Il y a une escalade de la violence sans précédent en Syrie", a déclaré mardi Paulo Sergio Pinheiro, président de la commission internationale d'enquête indépendante sur la Syrie, en présentant sa dernière mise à jour devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Cette violence est une menace pour toute la région, a-t-il ajouté.

 

La mise à jour publiée hier par la commission concerne la période du 15 mars au 15 juin. "Les enquêtes menées ont renforcé la thèse selon laquelle la principale cause des pertes civiles, des déplacements massifs de population est le ciblage délibéré des civils, ainsi que des attaques sans discrimination et l'imposition punitive de sièges et de blocus", indique le rapport. Pour recueillir ces témoignages, la commission a mené plus de 3 000 interviews faisant état d'un nombre "massif de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité". La commission a pu établir la "culpabilité de centaines d'auteurs" et 4 listes confidentielles, avec ces noms, ont déjà été remises au Conseil des droits de l'homme.

 

La commission a également mis en garde contre les conséquences de ce conflit qui dure depuis 3 ans. "Plus ce conflit s'éternise, plus grand est le risque que les souffrances de millions de personnes soient occultées par des statistiques", a indiqué M. Pinheiro. "Derrière les 9,3 millions de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire d'urgence, il y a des histoires individuelles de souffrance inimaginable", a conclu M. Pinheiro.

 

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