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Moyen Orient et Monde - Révolte

L’ONU inquiète d’« une escalade de la violence sans précédent en Syrie »

Du gaz chloré a sans doute été utilisé en Syrie, selon l'OIAC ; des combats violents opposent rebelles et Daech dans l'Est.

Les habitants du village chrétien arménien de Kassab ont commencé à rentrer chez eux lundi, au lendemain de la prise de la zone aux rebelles par l’armée syrienne. Sur place, les dégâts et les décombres ne les ont pas découragés. Omar Sanadiki/Reuters

La guerre civile en cours en Syrie a atteint « un point critique, menaçant toute la région », a averti hier la commission internationale d'enquête indépendante sur la Syrie, en présentant sa dernière mise à jour devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. « Il y a une escalade de la violence sans précédent en Syrie », a déclaré Paulo Sergio Pinheiro, son président, en ajoutant que cette violence était une menace pour toute la région.

Pour sa part, Carla Del Ponte, autre membre de la commission, a précisé dans un point presse que la mission de la commission était d'engager des « poursuites judiciaires contre les personnes » qui ont commis des crimes de guerre et non pas contre des « groupes », tels que Daech (État islamique en Irak et au Levant, EIIL), un groupe armé jihadiste ultraradical qui combat le régime syrien. « Le problème, a ajouté Mme Del Ponte, c'est que nous avons besoin d'une volonté politique » pour la création d'un tribunal chargé de juger les auteurs de crime de guerre, car sinon, ce sera « une tragédie pour la justice internationale ». La Chine et la Russie ont opposé le mois dernier leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité, soutenu par 65 pays, pour saisir la Cour pénale internationale sur les crimes commis en Syrie.

La mise à jour publiée hier par la commission concerne la période du 15 mars au 15 juin. « Les enquêtes menées ont renforcé la thèse selon laquelle la principale cause des pertes civiles, des déplacements massifs de population est le ciblage délibéré des civils, ainsi que des attaques sans discrimination et l'imposition punitive de sièges et de blocus », indique le rapport. Pour recueillir ces témoignages, la commission a mené plus de 3 000 interviews faisant état d'un nombre « massif de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ». La commission a pu établir la « culpabilité de centaines d'auteurs » et 4 listes confidentielles, avec ces noms, ont déjà été remises au Conseil des droits de l'homme.

 

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La commission a également mis en garde contre les conséquences de ce conflit qui dure depuis 3 ans. « Plus ce conflit s'éternise, plus grand est le risque que les souffrances de millions de personnes soient occultées par des statistiques », a indiqué M. Pinheiro. « Derrière les 9,3 millions de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire d'urgence, il y a des histoires individuelles de souffrance inimaginable », a conclu M. Pinheiro.

Parallèlement, des inspecteurs ont recueilli des éléments laissant penser « que des agents chimiques toxiques – très vraisemblablement des agents qui irritent les poumons, comme le chlore – ont été utilisés au cours du conflit syrien », a déclaré hier l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui est chargée de détruire les stocks chimiques syriens.

Sécurité rétablie
Pendant ce temps, sur le terrain, des combats violents ont opposé, dans l'est de la Syrie, près de la frontière irakienne, des rebelles et les jihadistes ultraradicaux de Daech, a indiqué hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Lundi soir, des affrontements ont eu lieu dans le village de Bassira, dans l'est de la riche province pétrolière de Deir ez-Zor, quand Daech « a essayé d'avancer », a indiqué l'OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni et s'appuyant sur un vaste réseau de militants et de sources médicales et militaires. En outre, lundi soir, dans la localité de Chmeytiyeh, située aussi dans la province de Deir ez-Zor, une voiture piégée a visé une position du Front al-Nosra et des rebelles, tuant sept de leurs combattants.

 

(Lire aussi : Syrie: régime et jihadistes devraient bénéficier des succès de Daech en Irak)


L'OSDH a donné par ailleurs un nouveau bilan pour un raid aérien mené lundi par le régime sur le quartier as-Soukkari, à Alep, dans le nord du pays : 32 personnes, dont deux enfants, ont péri quand des hélicoptères ont largué deux barils d'explosifs sur ce quartier, a indiqué l'ONG qui avait fait état la veille d'un bilan de 25 morts.

De leur côté, les habitants du village chrétien arménien de Kassab, situé à la frontière syrienne avec la Turquie, ont commencé à rentrer chez eux lundi, au lendemain de la prise de la zone aux rebelles par l'armée syrienne. La télévision syrienne a diffusé des images du village, assurant que la sécurité avait été rétablie et que le secteur avait été débarrassé des « terroristes », terme utilisé par le gouvernement syrien pour qualifier les rebelles qui cherchent à renverser le président Assad. « Nous sommes revenus aujourd'hui parce que nous avons entendu que l'armée avait libéré le village », a déclaré Sausa Nadra, une habitante de Kassab qui s'était réfugiée sur la côte méditerranéenne à Lattaquié, non loin de là, au moment de l'avancée des rebelles.

 

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