« J'ai quitté Baabda la conscience tranquille, avec un gouvernement équilibré, formé après la levée des divers veto », a déclaré le président Michel Sleiman dans une interview exclusive à L'Orient-Le Jour.
L'ancien chef d'État, en visite privée à Paris pour des raisons médicales, nous accueille dans un appartement de location où il séjournera encore quelque temps avec son épouse Wafa'. Il confie ses impressions après ses six années de présidence dont il dresse un bilan rappelant les réalisations accomplies, et notamment la « déclaration de Baabda » mentionnée tout récemment dans le message que lui a adressé le président Barack Obama.
Autre sujet d'actualité : le rééquipement de l'armée qui sera traité à Rome, le 17 de ce mois, lors de la conférence internationale de soutien au Liban, ainsi que la reprise en main par la présidence de la République de la politique étrangère. Sans oublier bien entendu la stratégie de défense qui met à profit les acquis de la résistance en collaboration avec l'armée sous l'égide de l'État.
(Repère : Les principaux points du mandat de Michel Sleiman)
L'ancien président de la République a rappelé l'obtention des trois milliards de dollars pour le renforcement de la troupe. « Le Liban a besoin de la résistance en attendant l'équipement de notre armée, et la libération de notre territoire doit venir renforcer l'État car il ne s'agit pas de faire de la résistance pour la résistance mais de consolider la souveraineté de l'État », a dit le président Sleiman, rappelant au passage que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé plus d'une fois que la résistance n'est pas sempiternelle et que « nous voulons rentrer chez nous et reprendre une vie normale ».
« Il faudra donc organiser les relations avec la résistance jusqu'à la fin du processus de renforcement de l'armée », a encore dit l'ancien président, indiquant par ailleurs qu'il faut ajouter au chapitre de ses réalisations le projet des élections municipales et législatives sur la base de la proportionnelle, la décentralisation et la réflexion qui vise à combler les lacunes de la Constitution.
Pourquoi certains de ces objectifs ont-ils été retardés? « Pour les trois raisons suivantes : tout d'abord le fait que l'accord de Taëf devait être appliqué pour la première fois par nous-mêmes; sans guerre civile ni tutelle étrangère. Deuxièmement, il s'agissait d'établir un problématique ordre de priorité et, en troisième lieu, la pratique du pouvoir par nous-mêmes après quarante ans de vie politique marquée par 20 ans de guerre civile et vingt ans de présence syrienne accompagnée d'une présence de milices locales et étrangères. J'ai donc été le premier chef d'État à assumer mes responsabilités sans présence syrienne ni occupation israélienne », a rappelé M. Sleiman.
« J'ai aboli les tabous et préconisé un débat ouvert sur tous les problèmes, avec franchise et transparence conformément à mon discours d'investiture, et cela a pris et prendra encore du temps », a-t-il ajouté, exprimant un regret, et de taille : « J'aurais voulu transmettre le pouvoir à un nouveau président après quarante ans de désorganisation de la vie politique et de l'activité du palais. J'ai refusé le renouvellement de mon mandat pour me conformer strictement à la Constitution, pendant que les Libanais rejetaient à tour de rôle l'idée. »
En outre, Michel Sleiman estime que le gouvernement actuel est là à titre exceptionnel et ne doit pas se comporter comme s'il était là pour une longue période. La Constitution propose cette formule de transfert des pouvoirs du chef de l'État au Conseil des ministres réuni pour une courte durée.
À cet égard, il a rendu hommage au chef du gouvernement actuel Tammam Salam estimant qu'il représente une lueur d'espoir dans la situation actuelle. Il a ajouté : « C'est un Premier ministre dur et ferme qui veut parvenir à l'élection d'un nouveau chef d'État dans les plus brefs délais. Il gère l'activité gouvernementale à une allure adéquate. Sans précipitation en matière de législation, du fait de son intention de tout faire pour que l'élection présidentielle se tienne le plus tôt possible. »
« Un président fort c'est quoi, s'est enfin demandé M. Sleiman, et quels en sont les critères ? Fort dans son propre camp ? Fort par sa personnalité et ses capacités à gérer l'État ? Ou bien capable de réunir autour de lui tous les Libanais pour aller de l'avant, relever le pays, avec un programme soutenu par tout le monde ? »
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"Ronsard me célébrait du temps où j'étais belle".
FRIK-A-FRAK
13 h 39, le 13 juin 2014