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À La Une - Crise

Ukraine : Washington menace de "saigner" l'économie russe si Moscou empêche la présidentielle

Les affrontements entre l'armée et les séparatistes se multiplient dans l'est.

Un camion de l'armée ukrainienne calciné près du village de Oktyabrskoye, à environ 20 km de Kramatorsk, l'un des bastions rebelles en Ukraine. AFP / FABIO BUCCIARELLI.

Les Américains ont menacé jeudi de "saigner" l'économie russe déjà mal en point à coups de nouvelles sanctions si la Russie cherchait à empêcher la tenue en Ukraine du scrutin présidentiel du 25 mai crucial pour l'avenir du pays.

Les menaces des Occidentaux interviennent alors que les affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes armés se multiplient dans l'est de l'Ukraine près d'un mois après le lancement d'une opération "antiterroriste" qui visait à rétablir le contrôle de Kiev sur les régions sécessionnistes.

Les insurgés pro-russes continuent par ailleurs d'étendre leur contrôle, comme à Antratsyt, dans la région de Lougansk, où une mairie de quartier est tombée jeudi aux mains de dizaines d'insurgés armés, selon un journaliste de l'AFP sur place.

 

"Scalpel et saignement"
Mais c'est à Londres qu'un responsable américain a évoqué de manière très imagée la possibilité de nouvelles sanctions économiques contre Moscou.

Le but des premières séries de sanctions économiques prises par Washington et Bruxelles contre Moscou visait "à faire usage du scalpel plutôt que du marteau", a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat. Mais "nous pouvons faire beaucoup de choses pour créer ce saignement", a-t-il ajouté après une rencontre à Londres entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et ses homologues britannique, français, allemand et italien.

Américains et Européens travaillent à "envoyer un message aux séparatistes pro-russes et à Moscou pour leur dire que toute tentative d'empêcher les élections provoquera une nouvelle série de dommages pour la Russie, y compris des sanctions par secteur" économique, a prévenu ce haut responsable, rappelant les "vulnérabilités" de l'économie russe.

La présidentielle du 25 mai, convoquée après la destitution en février de Viktor Ianoukovitch, est jugée "cruciale" par les Occidentaux pour sortir de la crise. La Russie en a longtemps rejeté le principe avant que le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, adoucisse le ton estimant que le scrutin pourrait effectivement aller "dans le bon sens".

Le président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, Sergueï Narychkine, a, lui, admis mercredi qu'organiser cette présidentielle était un "moindre mal", même si elle n'est pas "entièrement légitime".

Depuis le début de la crise ukrainienne, qui a accouché de la pire crise diplomatique entre l'Occident et la Russie depuis la chute de l'URSS en 1991, Washington et Bruxelles ont pris des sanctions diplomatiques et économiques sans précédent contre des sociétés russes et des dizaines de personnalités russes.

A dix jours de la présidentielle, les instituts de sondage donnent toujours le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko grand favori avec plus de 33% des intentions de vote, loin devant Ioulia Timochenko l'ancienne égérie de la Révolution orange de 2004 (5,9%) et le pro-russe Serguiï Tiguipko (4,1%). Selon le sondage, un tiers seulement des électeurs de l'Est russophone se dit prêt à aller voter le 25 mai.

 

(Lire aussi: L'Ukraine réclame l'aide de l'Occident pour son élection présidentielle)

 

Table ronde et dialogue en rond
Mercredi, les autorités ukrainiennes s'étaient frottées au difficile exercice de la "table ronde" visant à discuter de l'unité du pays. Deux anciens présidents ukrainiens, des candidats à la présidentielle et des parlementaires, y compris pro-russes, participaient à cette conférence. Mais aucun séparatiste des régions de Donetsk et Lougansk, qui ont voté dimanche leur indépendance, n'était présent malgré les appels répétés de Moscou.

Quelques heures après la fin des discussions qui ont tourné au dialogue de sourds, le ministère ukrainien de la Défense a fait état de combats près de Kramatorsk, l'un des bastions rebelles.

L'armée ukrainienne a ainsi annoncé avoir "neutralisé" une "bande armée" d'insurgés près du village de Starovarvarivka. Selon le ministère de la Défense, trois insurgés ont été capturés et un lance-roquette confisqué. Au total, plus d'une quinzaine de soldats et policiers ont été tués depuis mi-avril dans l'est du pays, selon un décompte établi par l'AFP à partir des chiffres des ministères de la Défense et de l'Intérieur.

Lors de la "table ronde", le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a assuré que l'Ukraine était "prête" à écouter les gens de l'Est, mais qu'elle refusait de céder au "chantage" des insurgés armés qui "imposent la volonté" de la Russie.

Le gouvernement a annoncé qu'une série de nouvelles tables rondes allaient se tenir "dans les régions", mais l'incapacité des participants, pourtant tous officiellement partisans de l'unité du pays, à se parler augure de lendemains difficiles.

Dans un rapport, le groupe de réflexion International crisis group a sévèrement critiqué les autorités ukrainiennes pour leur "incapacité à maintenir l'ordre dans le sud-est, où les séparatistes, soutenus et encouragés par Moscou, menacent la viabilité et l'unité de l'Ukraine". "Kiev et les candidats à la présidentielle devraient s'adresser au sud-est, expliquer leurs projets pour la gouvernance locale et les droits des minorités, et dire que l'Ukraine doit être un pont entre la Russie et l'Europe et pas un terrain d'affrontement géopolitique", estime l'International crisis group.

Engagé dans un bras de fer avec l'Ukraine et avec l'Europe avec une arme, le gaz, qu'il affectionne particulièrement, Vladimir Poutine a déclaré jeudi n'avoir reçu aucune "proposition concrète" de l'Union européenne concernant les paiements de l'Ukraine pour les livraisons de gaz russe.

Moscou a menacé de couper les approvisionnements vers l'Ukraine dès le 3 juin si celle-ci ne réglait pas à l'avance sa facture pour juin, qui s'établit à 1,66 milliard de dollars, au risque de perturber les livraisons vers l'Union européenne comme lors des "guerres du gaz" de 2006 et 2009.

 

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commentaires (4)

LES FAUTES DES UNS VONT SE FAIRE PAYER... ET LES ERREURS DES AUTRES ENCORE PLUS !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 12, le 16 mai 2014

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Commentaires (4)

  • LES FAUTES DES UNS VONT SE FAIRE PAYER... ET LES ERREURS DES AUTRES ENCORE PLUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 12, le 16 mai 2014

  • Comme ils avaient saigné auparavant, et à l'aise, l'Union Soviétique.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 09, le 16 mai 2014

  • "A maison laide, arbre mort !".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 43, le 16 mai 2014

  • LES FAUTIFS QUI VEULENT PUNIR L'ERREUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 53, le 16 mai 2014

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