Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Ukraine

La « République de Donetsk » se proclame État souverain

Les séparatistes de l'Est lorgnent vers Moscou ; tentatives de médiation de l'UE.

Dans l’est de l’Ukraine, l’heure était plus à l’inquiétude qu’à la célébration. À Donetsk, aucune scène de liesse n’a eu lieu dans les rues. Mais à Lougansk, ces deux femmes n’ont pu résister à un pas de deux, tout sourire... Dimitar Dilkoff/AFP

Les séparatistes de l'est de l'Ukraine ont réclamé hier le rattachement de leur territoire à la Russie, faisant monter les enchères dans la crise ukrainienne. Moins de 24 heures après la tenue d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme « illégal » par Kiev et par les Occidentaux, les insurgés n'ont pas perdu de temps pour proclamer la « souveraineté » des régions séparatistes de Donetsk et Lougansk pour se placer sous l'aile de Moscou, comme l'avait fait la Crimée en mars. « Nous, le peuple de la République populaire de Donetsk, déclarons que la république devient désormais un État souverain », a lancé l'un des chefs séparatistes de Donetsk, Denis Pouchiline, lisant solennellement une déclaration. « Pour rétablir la justice historique, nous demandons à la Russie d'examiner un rattachement de la République de Donetsk à la Fédération de Russie », a-t-il poursuivi.

 

(Repère : Les séparatistes de l'Est ukrainien : qui sont-ils, que veulent-ils?)


La Russie n'a pas réagi dans l'immédiat à la demande de rattachement, qui rappelle celle opérée par la Crimée il y a deux mois et s'est traduite de facto par une prise de contrôle de la péninsule ukrainienne par Moscou. Mais la Russie a appelé plus tôt hier à respecter « l'expression de la volonté des populations » de l'est de l'Ukraine, prenant l'exact contrepied des capitales occidentales qui ont fait savoir qu'elles ignoreraient le résultat de la consultation.


L'appel des séparatistes à un rattachement à la Russie intervient en pleine tentative de médiation des Européens. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, est arrivé hier soir à Kiev pour y rencontrer le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, en signe de soutien de l'UE à l'élection présidentielle prévue le 25 mai. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, est pour sa part attendu aujourd'hui. Les référendums de l'Est sont « illégitimes et non crédibles », a lancé M. Van Rompuy à Kiev. « Les seules élections que nous reconnaîtrons seront les présidentielles du 25 mai ». Il a ajouté que l'UE prendrait des sanctions « supplémentaires, d'ampleur » dans « une vaste série de secteurs » à l'encontre de la Russie s'il n'y avait pas de désescalade de la crise.

 

(Pour mémoire : Svatove, la ville qui boycotte le référendum séparatiste)

 

Nouvelles sanctions timides de l'UE
Plus tôt, le Conseil européen avait indiqué que l'UE avait élargi ses sanctions. Treize noms de personnalités russes ou prorusses ont été ajoutés à la liste des 48 personnes déjà visées par une interdiction de visas et un gel de leurs avoirs, de même que deux entreprises. Les États-Unis ont eux aussi dénoncé un « référendum fauteur de division et de désordre ».


Une source diplomatique française avait indiqué dimanche qu'une réunion entre Ukrainiens – autorités de Kiev et prorusses – pourrait avoir lieu cette semaine en Ukraine sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le Kremlin lui-même n'a pas fermé la porte à la négociation, notant que la « mise en œuvre » des résultats du référendum séparatiste devait se faire de manière « civilisée » et dans le « dialogue » avec le gouvernement de Kiev. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que « les autorités de Kiev continuent de manifester un manque criminel de disposition au dialogue avec leur propre peuple », invitant donc les autorités ukrainiennes à rencontrer des représentants des régions de l'Est et du Sud. En outre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réaffirmé ne pas voir l'utilité de nouveaux pourparlers internationaux quadripartites sur l'Ukraine.

 


Sur place, dans les territoires au cœur du bras de fer ukraino-russe, l'heure était plus à l'inquiétude qu'à la célébration après l'annonce des résultats du référendum. À Donetsk, aucune scène de liesse, aucune manifestation n'ont eu lieu dans les rues. « Ce référendum était notre seule façon d'exprimer notre désaccord avec le pouvoir de Kiev, mais comment voulez-vous vous réjouir quand vous ne savez pas de quoi demain sera fait ? » a résumé Dmytro Boïko, un chauffeur de taxi de 35 ans. De son côté, le maire de Slaviansk, Viatcheslav Ponomariov, a déclaré que sa région avait besoin des troupes russes pour ramener la stabilité et la paix, estimant que les forces ukrainiennes présentes dans l'Est étaient des troupes d'occupation.


Enfin, les États-Unis ont redit hier leur hostilité à la vente par la France à la Russie de deux navires militaires de type Mistral. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, doit être reçu aujourd'hui par son homologue américain, John Kerry.

Lire aussi

La crise ukrainienne a plongé la Russie en récession, selon le FMI

 

Les séparatistes de l'est de l'Ukraine ont réclamé hier le rattachement de leur territoire à la Russie, faisant monter les enchères dans la crise ukrainienne. Moins de 24 heures après la tenue d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme « illégal » par Kiev et par les Occidentaux, les insurgés n'ont pas perdu de temps pour proclamer la « souveraineté » des régions...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut