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À La Une - crise

Ukraine : les séparatistes lorgnent vers Moscou, tentatives de médiation de l'UE

Le référendum d'indépendance dénoncé comme "illégal" par Kiev et par les Occidentaux.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, à Kiev le 12 mai 2014. AFP PHOTO/ HAND OUT/ ANDREW KRAVCHENK

Les séparatistes de l'Est de l'Ukraine ont réclamé lundi le rattachement de leur territoire à la Russie, faisant monter les enchères dans la crise ukrainienne en pleine tentative de médiation de la part de l'Union européenne.

Moins de 24 heures après la tenue d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme "illégal" par Kiev et par les Occidentaux, les insurgés n'ont pas perdu de temps pour proclamer la "souveraineté" des régions séparatistes de Donetsk et Lougansk pour se placer sous l'aile de Moscou, comme l'avait fait la Crimée en mars.

"Nous, le peuple de la république populaire de Donetsk déclarons que la république devient désormais un Etat souverain", a lancé devant la presse l'un des chefs séparatistes de Donetsk, Denis Pouchiline, lisant solennellement une déclaration. "Pour rétablir la justice historique, nous demandons à la Russie d'examiner un rattachement de la République de Donetsk à la Fédération de Russie", a-t-il poursuivi.

Les résultats de cette consultation, illégale aux yeux de Kiev et de la communauté internationale, sont sans surprise. Dès dimanche soir, les séparatistes de la région de Donetsk avaient fait état de près de 90% de oui avec près de 75% de participation. Le score du oui est encore plus élevé dans la région voisine de Lougansk (94%).

 

(Lire aussi : Dans l'est de l'Ukraine, la « farce criminelle » des séparatistes)


La Russie n'a pas réagi dans l'immédiat à la demande de rattachement, qui rappelle celle opérée par la Crimée il y a deux mois et s'est traduite de facto par une prise de contrôle de la péninsule ukrainienne par Moscou. Mais Moscou a appelé plus tôt lundi à respecter "l'expression de la volonté des populations" de l'est de l'Ukraine, prenant l'exact contrepied des capitales occidentales qui ont dénoncé la consultation et fait savoir qu'ils ignoreraient le résultat du vote.

Moscou a parallèlement menacé de couper ses livraisons de gaz à l'Ukraine à partir du 3 juin si Kiev ne règle pas d'ici là sa facture à l'avance. "Ils ont l'argent pour cela", a souligné le Premier ministre Dmitri Medvedev. "Nous savons que l'Ukraine a reçu de l'argent au titre de la première tranche du crédit du Fonds monétaire international" de 3,2 milliards de dollars débloqués la semaine dernière, a-t-il ajouté.

De son côté, le Conseil européen a indiqué lundi que l'UE avait élargi ses sanctions. Treize noms de personnalités russes ou prorusses ont été ajoutés à la liste des 48 personnes déjà visées par une interdiction de visas et un gel de leurs avoirs, de même que deux entreprises, ont indiqué des sources diplomatiques.

 

Tentative de médiation
L'appel des séparatistes à un rattachement à la Russie intervient en pleine tentative de médiation des Européens.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy est arrivé lundi soir à Kiev pour y rencontrer le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, en signe de soutien de l'UE à l'élection présidentielle prévue le 25 mai. Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier est pour sa part attendu mardi.

Les référendums de l'Est sont "illégaux, illégitimes et non crédibles", a lancé M. von Rompuy à Kiev. "Les seules élections que nous reconnaîtrons seront les présidentielles du 25 mai". Il a ajouté que l'UE prendrait des sanctions "supplémentaires, d'ampleur" dans "une vaste série de secteurs" à l'encontre de la Russie s'il n'y avait pas de désescalade de la crise.

Les Etats-Unis ont eux aussi dénoncé lundi un "référendum illégal" et fauteur "de division et de désordre".
Une source diplomatique française avait indiqué dimanche qu'une réunion entre Ukrainiens - autorités de Kiev et prorusses - pourrait avoir lieu cette semaine en Ukraine sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Le Kremlin lui-même n'a pas fermé la porte à la négociation lundi, notant que la "mise en oeuvre" des résultats du référendum séparatiste devait se faire de manière "civilisée" et dans le "dialogue" avec le gouvernement de Kiev. Selon des analystes interrogés par l'AFP à Moscou, la Russie marque sa volonté d'utiliser le résultat du référendum comme un argument dans son bras de fer avec Kiev et les Occidentaux, plutôt que de lancer un processus de rattachement de l'Est de l'Ukraine à son territoire selon le scenario observé en mars dans la péninsule de Crimée.

Moscou, qui a déjà pesé dans le passé pour la fédéralisation de l'Ukraine, a "obtenu un nouveau levier de pression sur Kiev", a déclaré Konstantin Kalatchev, du Groupe d'experts politiques.

Le président en exercice de l'OSCE, le Suisse Didier Burkhalter, a de son côté noté que la Russie avait pris soin de ne pas reconnaître formellement les résultats.
Il a indiqué qu'un diplomate allemand expérimenté, Wolfgang Ischinger, allait être le médiateur de l'OSCE pour tenter d'établir un dialogue entre les parties.

 

De quoi demain sera fait?
Sur place, dans les territoires au cœur du bras de fer ukraino-russe, l'heure était plus à l'inquiétude qu'à la célébration après l'annonce des résultats du référendum.

A Donetsk, principale ville du bassin du Donbass, qui regroupe les régions de Lougansk et Donetsk, aucune scène de liesse, aucune manifestation n'ont eu lieu lundi matin dans les rues.

"Ce référendum était notre seule façon d'exprimer notre désaccord avec le pouvoir de Kiev mais comment voulez-vous vous réjouir quand vous ne savez pas de quoi demain sera fait?", a résumé Dmytro Boïko, un chauffeur de taxi de 35 ans. "Beaucoup d'entre nous sont plutôt effrayés par tout ce qui arrive et par l'avenir. Nous ne savons pas ce qui va se passer, ni qui va nous diriger mais nous ne pouvions pas rester sans rien faire", a-t-il ajouté.

L'ex-Premier ministre et actuelle candidate à l'élection présidentielle Ioulia Timochenko s'est rendue lundi à Donetsk en signe de soutien à l'unité de l'Ukraine: "Personne n'a de doute que les référendums sont un faux fabriqué par Poutine et le Kremlin", a-t-elle lancé.

 

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Moins de 24 heures après la tenue d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme "illégal" par Kiev et par les Occidentaux, les insurgés n'ont pas perdu...
commentaires (3)

L'occicon evite la confrontation totale avec Moscou et pour cause, le message d'apaisement de Vladimir Poutine, adressé aux partisans du référendum du 11 mai sur la fédéralisation de l'Ukraine, a été salué des deux côtés de l'Atlantique, écrit lundi 12 mai le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Poutine est un homme d'intelligence face a lui une hollandouille ou une merkel ou meme Obama , c'est petit, tout petit de chez les petits . Il a l'art de transformer les cris de victoire en amere deception chez ses ennemis .La Syrie est un exemple avant tous les autres .

FRIK-A-FRAK

17 h 33, le 12 mai 2014

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Commentaires (3)

  • L'occicon evite la confrontation totale avec Moscou et pour cause, le message d'apaisement de Vladimir Poutine, adressé aux partisans du référendum du 11 mai sur la fédéralisation de l'Ukraine, a été salué des deux côtés de l'Atlantique, écrit lundi 12 mai le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Poutine est un homme d'intelligence face a lui une hollandouille ou une merkel ou meme Obama , c'est petit, tout petit de chez les petits . Il a l'art de transformer les cris de victoire en amere deception chez ses ennemis .La Syrie est un exemple avant tous les autres .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 33, le 12 mai 2014

  • Respecter la volonté des Ukrainiens de l'Est pour un oui massif à un référendum séparatiste ouvrant la voie à une partition du pays, de l’humour noir qui nous rappelle l’ère communiste .

    Sabbagha Antoine

    17 h 14, le 12 mai 2014

  • Ben voyons Madame Lagarde ...! après avoir débloqué facilement.... des milliards de US Dollars...en faveur d'un gouvernement par intérim ...arrivé au pouvoir par la violence...! ,vous vous excusez déjà...? des dommages collatéraux que votre initiative peut engendré....! ce n'est pas sérieux....!

    M.V.

    16 h 47, le 12 mai 2014

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