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Économie - Liban - Social

La grille des salaires de nouveau reportée sur fond d’une manifestation sans précédent

La journée d'hier aura été marquée par des dizaines de milliers de manifestants venus de toutes les régions pour réclamer l'approbation de la grille des salaires. Parallèlement, les députés réunis jusqu'à 23h30 ont une fois de plus ajourné leurs débats sur le sujet jusqu'au 27 mai, mais « sans beaucoup d'optimisme », selon les propos d'Élias Bou Saab, ministre de l'Éducation.

Les manifestants ont afflué en masse dans le centre de la capitale hier pour réclamer l’approbation de la grille des salaires. Photo Marisol Rifaï

La journée d'hier aura débouché sur un nouveau report de l'approbation de la grille des salaires. Réunis hier place de l'Étoile toute la journée et une bonne partie de la nuit, les parlementaires ont décidé de plancher de nouveaux sur le coût de la grille et les moyens de financement de celle-ci le 27 mai prochain.
La séance plénière convoquée hier par chef du Parlement Nabih Berry pour poursuivre les discussions sur la grille des salaires a débuté à 11 heures en présence du Premier ministre Tammam Salam, des ministres et des députés. Un à un, les articles du projet de loi sur la grille des salaires et son financement ont été discutés. La version présentée par la sous-commission parlementaire présidée par Georges Adwan et qui avait sévèrement été critiquée par le Comité de coordination syndicale (CCS) a finalement été modifiée et la mouture finale sur laquelle ont débattu les députés ressemble davantage à la version présentée par les commissions parlementaires mixtes présidées Ibrahim Kanaan.

 

(Pour mémoire : Grille des salaires : Les Finances et l'ABL campent sur leurs positions)


Les articles ayant suscité le plus de débats concernent les taxes sur les biens-fonds maritimes spoliés et la TVA ; deux dossiers épineux qui font polémique depuis bientôt trois ans et qui ont finalement été pratiquement mis à l'écart des débats lors de la séance de l'après-midi.
Parmi les principales nouveautés, qui n'ont pas fait polémique, l'introduction d'un timbre fiscal sur les permis de construction à 1% par m², l'introduction d'un impôt sur la consommation domestique d'une valeur de 6 000 livres sur la tonne de ciment, la suppression de l'impôt sur la consommation de certains tabacs selon la proposition du ministre des Finances, l'imposition d'une taxe de 5 000 livres sur les voyages par voie terrestre et de 75 000 livres, 110 000 livres et 150 000 livres sur les voyages aériens pour les classes touriste, affaires et première respectivement.

 

(Pour mémoire : Au Liban, le corps enseignant au bout du rouleau)

 

« La plus grande manifestation... »
« Cette journée sera à jamais gravée dans les mémoires comme étant le mouvement syndical du 14 mai ». C'est en ces termes que s'est exprimé le président du Comité de coordination syndical (CCS) Hanna Gharib face aux dizaines de milliers de manifestants qui ont afflué de toutes les régions libanaises pour revendiquer une fois de plus l'approbation de la grille des salaires.
Ainsi, hier matin, le centre-ville de Beyrouth avait des allures de place révolutionnaire. Des dizaines de bus venus de toutes les régions du pays garés aux alentours de la place Ryad el-Solh au centre-ville, des mesures de sécurité draconiennes et des rues entières fermées à la circulation. Mais surtout, des centaines, puis des milliers de personnes affluant progressivement vers les alentours du Parlement. « Hanna Gharib président ! » scandaient les premiers manifestants, arrivés tout droit de Tripoli depuis 9 heures du matin, un grand sourire aux lèvres et la « derbaké » à la main. Derrière cette petite phrase rieuse, un sentiment réel, chez la plupart des manifestants, d'avoir trouvé dans le Comité de coordination syndicale (CCS) un véritable mouvement de défense de leurs droits, éloigné des considérations politiques et confessionnelles. « C'est la première fois de ma vie que je sens que je défends une cause commune à tous les Libanais, quelle que soit son origine », pouvait-on encore lire sur une pancarte.


La manifestation a rassemblé, selon le CCS, plus de 100 000 personnes, « la plus grande depuis le début de la contestation et la preuve que nous ne faiblissons pas ». Elle venait clore une semaine de grève de tous les fonctionnaires et enseignants et coïncidait avec la séance plénière de la Chambre axée sur la grille des salaires. Plus le temps passe et plus les positions se radicalisent. Excédé par trois ans de reports successifs par le gouvernement, les commissions parlementaires mixtes, la sous-commission parlementaire et le Parlement lui-même, le CCS ne veut plus faire de concessions et entend poursuivre les mesures d'escalade jusqu'à obtenir entière satisfaction.
« Nous revendiquons une grille à 121 %, correspondant à la hausse de la cherté de vie qui ne nous a pas été accordée depuis 18 ans, aucun échelonnement et avec un effet rétroactif à partir du 1er juillet 2012 », a martelé sans relâche Hanna Gharib hier matin, s'adressant aux députés réunis en séance plénière. « Quel est le vrai problème ? » a-t-il scandé. « Ne nous dites pas qu'il n'y a pas de ressources, elles existent, mais elles sont dilapidées par la corruption et le gaspillage et vous savez très bien à quel niveau les trouver », a affirmé M. Gharib. « Les réformes ? Mettez-les en place, mais de grâce, de vraies réformes, pas des arrangements fiscaux qui consistent à appauvrir encore plus les catégories sociales les plus vulnérables », a-t-il poursuivi.
De son côté, le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfoud, a affirmé, une nouvelle fois, que les enseignants ne lâcheraient rien, assurant que « s'il fallait boycotter les examens officiels nous le ferons ».


Au final, c'est des responsables qui tentent de gagner du temps jusqu'au 27 mai, soit après que le délai constitutionnel de la présidence est passé, et des salariés qui promettent de continuer la lutte.
Suite à la fin de la séance plénière qui n'a pas abouti, le CCS a pourtant annoncé une reprise des activités des administrations publiques et des écoles à partir d'aujourd'hui. «Nous déciderons des étapes futures après le 25 mai », a-t-il indiqué.

 

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La journée d'hier aura débouché sur un nouveau report de l'approbation de la grille des salaires. Réunis hier place de l'Étoile toute la journée et une bonne partie de la nuit, les parlementaires ont décidé de plancher de nouveaux sur le coût de la grille et les moyens de financement de celle-ci le 27 mai prochain.La séance plénière convoquée hier par chef du Parlement Nabih Berry...

commentaires (2)

ET LE MARATHON SUR LA "VOIE DE LA GRÈCE" CONTINUE !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 20, le 15 mai 2014

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Commentaires (2)

  • ET LE MARATHON SUR LA "VOIE DE LA GRÈCE" CONTINUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 20, le 15 mai 2014

  • Tant qu’on n’aura pas des lois modernes pour mettre fin à l’inflation , et tant que pour chaque manifestation on élabore une loi à l’aveuglette ,la grille des salaires brûlera toutes les mains .

    Sabbagha Antoine

    11 h 45, le 15 mai 2014

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