Le président syrien Bachar el-assad a effectué dimanche un rare déplacement à l'occasion de la fête de Pâques en se rendant à Maaloula, localité chrétienne reprise aux rebelles par l'armée en début de semaine, selon la télévision d'Etat.
"Le jour de la résurrection du Christ, et du coeur de Maaloula, le président Assad souhaite de joyeuses Pâques à tous les Syriens, et le rétablissement de la paix et de la sécurité à l'ensemble de la Syrie", a annoncé la chaîne dans un bandeau diffusé en bas de l'écran, sans cependant montrer d'images.
"Le président Assad s'est rendu au monastère de Mar Sarkis (Saint Serge et Bacchus) et a inspecté les dégâts et les destructions occasionnés par les terroristes", a ajouté la chaîne. Le terme "terroriste" est utilisé par le régime pour désigner les rebelles qui cherchent depuis trois ans à le renverser.
"Même le pire des terroristes ne peut annihiler notre héritage et notre civilisation", a affirmé M. Assad, cité par la télévision d'Etat. "Maaloula, comme les autres sites de l'humanité et de la civilisation syriennes, résistera toujours face à la barbarie et à l'obscurantisme qui visent la patrie", a-t-il ajouté.
La page de la présidence syrienne sur Facebook a montré une photo de M. Assad au côté d'un dignitaire chrétien en tenant entre les mains ce qui semble être des fresques endommagées de la Vierge et de Jésus.
Tout au long du conflit qui ravage la Syrie depuis trois ans, le régime de M. Assad s'est posé en "protecteur" des minorités religieuses face à ceux qu'il qualifie de "terroristes extrémistes".
L'opposition syrienne de son côté qualifie ce discours de propagande, dénonçant la brutalité des troupes gouvernementales dans ce conflit qui a fait plus de 150.000 morts selon une ONG. Elle soutient que le régime utilise la carte des minorités pour se présenter aux yeux de l'Occident comme la seule alternative face aux rebelles.
Les chrétiens, qui sont restés relativement neutres dans le conflit, représentent 5% de la population syrienne. Ils ont vu d'un oeil inquiet la montée en puissance de groupes jihadistes liés à el-Qaëda parmi les rebelles.
Le monastère de Mar Sarkis, fondé à la fin du Ve siècle, est un des plus anciens du Moyen-Orient. Il est dédié à Serge et Bacchus, officiers romains martyrisés en raison de leur foi sous le règne de l'empereur Maximien Galère (250-311).
Des habitants, dans les rues de Maaloula, le 20 avril 2014. REUTERS/khaled al-Hariri
Lundi, l'armée syrienne, appuyée par le Hezbollah libanais, a repris cette localité chrétienne au nord de Damas, connue pour ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme et pour le fait que ses habitants parlent l'araméen, la langue du Christ, selon la tradition.
Des rebelles, dont des jihadistes du Front al-Nosra affiliés à el-Qaëda, s'étaient emparés de Maaloula début décembre. Ils avaient alors enlevé 13 religieuses, qui ont été libérées en mars lors d'un échange de prisonniers.
Le président syrien effectue de rares apparitions en public depuis le début du conflit en mars 2011 qui avait débuté par une révolte pacifique écrasée dans le sang par le régime.
En mars 2012, il a visité Baba Amr, ex-bastion rebelle de Homs (centre) tombé aux mains de l'armée. En août dernier, il s'était rendu à Daraya, près de Damas. Le 13 avril, il avait évoqué un "tournant" dans la guerre en faveur du régime.
Ces dernières semaines, les rebelles ont subi des revers, en particulier dans la région du Qalamoun, à la lisière du Liban, mais ils ont réalisé des avancées dans la région côtière de Lattaquié, fief du président Assad.
Contre-offensive dans la Vieille ville de Homs
Sur le terrain, les rebelles syriens ont lancé dimanche une contre-offensive dans la Vieille ville de Homs, prenant le contrôle de plusieurs bâtiments dans des zones tenues par le régime, a indiqué une ONG.
Les forces du régime de Bachar el-assad avaient lancé il y a près d'une semaine l'assaut contre le Vieux Homs, dernier bastion des insurgés dans cette ville, assiégé par l'armée depuis deux ans.
"Les rebelles ont repris l'initiative, et ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments dans le secteur de Jeb al-Jandali" à Homs, a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales.
Au même moment, des affrontements opposaient rebelles et militaires aux abords de la Vieille ville et l'armée a attaqué les rebelles dans leur dernier carré à coup de tirs de roquettes et en faisant usage de chars.
La contre-offensive des insurgés a débuté après que le front Al-Nosra a tué cinq militaires dans un attentat suicide à la voiture piégée contre un barrage de l'armée samedi dans le secteur de Jeb al-Jandali, à l'est de la Vieille ville assiégée. Les rebelles sont parvenus à pénétrer dans ce quartier suite à l'abandon par des militaires d'un barrage contrôlant l'accès à Jeb al-Jandali, tenu par le régime depuis un an et demi.
L'entrée des rebelles dans ce secteur "a détourné l'attention des loyalistes qui voulaient attaquer la Vieille ville et qui à présent sont occupés à défendre leurs positions" à Jeb al-Jandali, a commenté M. Abdel Rahmane.
En février, près de 1.500 civils ont été évacués du Vieux Homs grâce à un accord entre armée et rebelles négocié par l'ONU. Mais près de 1.200 rebelles et quelque 180 civils se trouvent encore au coeur de cette ville, surnommée en 2011 "capitale de la révolution".
Les violences ont aussi touché dimanche la place Arnous, dans le centre de Damas, où un homme et ses deux enfants ont péri dans une attaque aux obus de mortiers. Les forces rebelles, présentes dans la banlieue de la capitale, lancent régulièrement des obus sur Damas, tenu par le régime, notamment lorsque les combats font rage dans la périphérie de la ville.
Tirs d'obus en Turquie
Des tirs d'obus à partir de la Syrie ont, par ailleurs blessé deux civils dimanche dans le sud de la Turquie, a rapporté l'agence de presse Dogan.
L'incident s'est produit dans une zone rurale de la petite ville de Yayladagi, située non loin de la frontière syrienne. Un obus est tombé près d'un tracteur blessant deux villageois, précise l'agence.
Généralement l'artillerie turque riposte à toute chute d'obus sur le sol turc, tirés par les parties en conflit en Syrie.
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commentaires (8)
KASSAR BEÏD ? SMALLAH !
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 22, le 22 avril 2014