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Moyen Orient et Monde - Scrutin

En Algérie, un « non-événement » pour « assurer la stabilité et la paix »

Les Algériens ont voté pour élire leur président ; Bouteflika, qui a déposé son bulletin en fauteuil roulant, grand favori.

Tout sourire, le président sortant Bouteflika a voté hier à Alger. Zohra Bensemra/Reuters

Les Algériens ont voté hier sans se bousculer pour élire leur président lors d'un scrutin sans surprise, le sortant Abdelaziz Bouteflika, qui a déposé son bulletin en fauteuil roulant, apparaissant comme le favori.
Le scrutin a été émaillé de violences en Kabylie, à l'est d'Alger, où plus de 70 personnes ont été blessées dans des heurts entre des gendarmes et des jeunes, selon des sources locales. Dans cette région frondeuse, l'abstention était forte. Les affrontements ont éclaté quand des groupes de jeunes ont saccagé des urnes dans des centres de vote des localités de Raffour, M'chedellah et Saharidj, dans le département de Bouira, entraînant une interruption momentanée du vote.
Le vote a pris fin à 19h00 GMT dans le pays et le dépouillement a commencé. À 17h00, le taux de participation était de 37,06 % et le vote a été prolongé d'une heure dans plus d'un tiers des 1 541 communes du pays. Les résultats doivent être proclamés officiellement aujourd'hui.


À Alger, M. Bouteflika, souriant, est arrivé à l'école Bachir el-Ibrahimi à el-Biar, entouré de deux de ses frères, dont Saïd, son conseiller spécial à qui l'on prête d'immenses pouvoirs, et d'un jeune neveu. Il a salué la presse de la main avant de se rendre dans l'isoloir, accompagné d'un homme. Il s'est ensuite laissé photographier avant de glisser son bulletin dans l'urne, puis est parti sans faire de déclaration.

 

(Repère : Portrait des six candidats à la présidentielle algérienne)

 

Hélicoptère
Après avoir entretenu un certain suspense, la presse semblait se résigner à une reconduction de M. Bouteflika pour un quatrième mandat de cinq ans. Le quotidien francophone el-Watan a parlé d'un « scrutin dénué de crédibilité », dénonçant la fraude qui « a toujours régné sur les élections algériennes ». Pour Liberté aussi, le scrutin est « dénué d'enjeux réels ».


Sur le terrain, plus de 260 000 policiers et gendarmes ont été déployés pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50 000 bureaux en faveur de l'un des six candidats, dont l'ex-Premier ministre Ali Benflis et une femme, la députée trotskyste Louisa Hanoune. À Alger, certains policiers étaient armés de kalachnikovs ou de fusils à pompe et un hélicoptère tournoyait dans le ciel bleu de la capitale. Une tentative de manifestation d'opposants a été vite étouffée. Et à Rais, un village de la banlieue d'Alger victime de l'un des pires massacres des années 1990, les électeurs ont expliqué choisir la stabilité et la paix. Redouane, 44 ans, a ainsi voté sans grande conviction : « C'est juste une façon de conjurer le mauvais sort », car « j'ai peur de l'instabilité, de revivre l'horreur ».

 

 

« Fait son temps »
Arrivé au pouvoir en 1999, M. Bouteflika a été l'un des artisans de la réconciliation après la guerre civile. À 77 ans, il souffre désormais de séquelles d'un AVC subi il y a un an ayant réduit ses capacités d'élocution et de mobilité, et n'a pas mené lui-même campagne. Son passage au bureau de vote constitue sa première apparition publique depuis mai 2012. Ce jour-là, il avait laissé envisager une succession ouverte en déclarant que sa génération avait « fait son temps ».
Mais le 22 février dernier, il a finalement annoncé sa décision de se représenter sur fond de profondes divergences au sein de l'armée, qui joue un rôle politique majeur, et malgré les doutes sur ses capacités à diriger le pays. M. Bouteflika a exhorté mardi les Algériens à se rendre aux urnes.


À la présidentielle de 2009, la participation était officiellement de 74,11 %. Un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par WikiLeaks l'avait cependant estimé entre 25 et 30 %.
Une coalition de cinq partis d'opposition a appelé à boycotter le scrutin, plaidant en faveur d'une « transition démocratique », tandis que le mouvement Barakat (« Ça suffit »), hostile à un quatrième mandat, a estimé que cette élection était « un non-événement ».
Outre la participation, c'est la fraude qui fait débat, après les récentes révélations d'un ancien wali (préfet) confirmant que cette pratique avait bien lieu.
Principal rival de M. Bouteflika et connaisseur des affaires du Sérail, M. Benflis en a fait un thème majeur. « La fraude a déjà commencé », a-t-il même affirmé après avoir voté à Hydra, sur les hauteurs d'Alger.



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Les Algériens ont voté hier sans se bousculer pour élire leur président lors d'un scrutin sans surprise, le sortant Abdelaziz Bouteflika, qui a déposé son bulletin en fauteuil roulant, apparaissant comme le favori.Le scrutin a été émaillé de violences en Kabylie, à l'est d'Alger, où plus de 70 personnes ont été blessées dans des heurts entre des gendarmes et des jeunes, selon des...

commentaires (3)

L'ALGÉRIE : SUR BÉQUILLE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 58, le 19 avril 2014

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Commentaires (3)

  • L'ALGÉRIE : SUR BÉQUILLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 58, le 19 avril 2014

  • Un vrai de vrai "vieux-vieux", mentor patenté du "jeune-vieux" d'à côté sis Carddâhhâh near Laodicée.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 44, le 18 avril 2014

  • Il peut etre le meilleur president du monde , et certainement c'est ce que l'Algerie , pays respectable a bien des egards peut s'ennorguellir , mais pour lui et sa santé et pour le bien de la nation , il meriterait de se reposer . A moins que pris de court les caciques n'ont pas pris le temps de lui trouver un successeur , et qu'ils vont commencer a y penser , pour le bien de ce grand pays de resistants avant tout les autres .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 08, le 18 avril 2014

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