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Économie - Opinion

Le gril des salaires !

Une ligne rouge vient d'être franchie avec les critiques indûment adressées au gouverneur de la Banque du Liban. Un homme considérable, d'une stature internationale, sommité dans son domaine, plusieurs fois récipiendaire du prix de « meilleur gouverneur de Banque centrale au Moyen-Orient » et qui a su, par son ingénierie financière, maintenir depuis de longues années la stabilité monétaire, sauvegarder la confiance des marchés et restructurer le système bancaire et financier du pays.
Alors qu'il devrait faire l'objet de chaleureux remerciements et d'une profonde reconnaissance, voilà que notre gouverneur est livré, l'espace d'une manifestation, aux attaques de quelques « intermittents du spectacle ». On peut d'ailleurs s'interroger sur le CV de ces derniers – diplômes, publications et travaux – qui se permettent de malmener, avec autant de futilité, la plus haute et la plus responsable autorité financière de notre pays à laquelle nous devons tous de nous lever le matin sans verser des sueurs froides. Qui apostrophe le curé ? L'enfant de chœur !
Si l'adoption de la grille des salaires est dans son principe légitime, il n'en demeure pas moins que, dans le contexte actuel et avant le traitement radical de la corruption et l'arrêt immédiat d'un gaspillage effréné dans les finances publiques, celle-ci pourrait plonger le pays dans une spirale inflationniste dévastatrice et servir de détonateur à une explosion de la corruption. Car, reconnaissons-le, cette nouvelle grille servira davantage à financer cette insoutenable corruption et à lui donner un second souffle qu'à financer les salaires des fonctionnaires qui verront très vite leurs nouveaux acquis se volatiliser.
Au lieu d'assainir les finances publiques, de revitaliser les institutions publiques telles que la Sécurité sociale, de promouvoir l'Université libanaise et l'école publique pour répondre aux besoins des jeunes et des familles modestes, de rationaliser l'administration et de juguler l'inflation pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens, voilà que l'on pond de nouvelles taxes et que l'on continue à voler impunément et insatiablement les caisses de l'État !
L'adoption de la grille des salaires, dans le contexte actuel, enverrait un signal fort et serait un encouragement, à peine voilé, à tous les corrompus de la République, pour que dure et perdure le vol organisé des deniers publics. Une fuite en avant, motivée par le seul souci de préserver une mainmise abusive sur les ressources de notre pays.
Assez de corruption ! Assez d'anarchie ! Nous sommes écœurés et révoltés ! La solution ultime devant autant d'aveuglement, devant la décadence et l'indécence de certains apparatchiks qui n'hésitent pas à vampiriser la nation et à tenir en otages les citoyens, dont la médiocrité épouvantable, l'amateurisme légendaire et l'arrogance incommensurable n'ont d'égal que leur manque total de scrupules, serait, peut-être, que la société civile, dans toute sa diversité, dans un soubresaut de survie, décrète d'une seule voix et d'un seul élan, avec la force irrésistible de la conviction, la désobéissance civile !

Marie-Claude HÉLOU SAADÉ
Docteur d'État en droit des affaires de Paris I

Une ligne rouge vient d'être franchie avec les critiques indûment adressées au gouverneur de la Banque du Liban. Un homme considérable, d'une stature internationale, sommité dans son domaine, plusieurs fois récipiendaire du prix de « meilleur gouverneur de Banque centrale au Moyen-Orient » et qui a su, par son ingénierie financière, maintenir depuis de longues années la stabilité...

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