Force est de le reconnaître, les barons de la République ont bien bossé cette semaine. Deux Conseils des ministres à un jour d'intervalle... Chapeau, faut le faire ! Le châtelain de Baabda les a augmentés ou quoi ?
Évidemment, certains vieux croûtons ont failli lui merdoyer le purgatoire à propos des nominations administratives. Arc-boutés sur leurs appendices communautaires, ils étaient plongés dans une arithmétique épicière, comptant et recomptant des fonctionnaires ayant usé leur mental et leur futal dans leur carrière, mais aujourd'hui réduits à l'état de croix et de croissants. Au final cependant, Tonton Salam aura réussi à leur faire déglutir la sauce. Dur, dur, l'apprentissage du métier de Premier ministre.
Certes, il a fallu mettre en commun les 24 neurones disponibles, chauffer jusqu'à la fusion, puis agiter la bonbonnière avec force 8 sur l'échelle de Richter. Les ministres ont fini par dégorger une fatwa, qu'ils se chargeront de mettre en musique dans un peu moins de pas longtemps. C'est ce qui s'appelle joindre le futile à l'agréable.
Maintenant que les nouveaux patrons administratifs sont en place, faudrait seulement penser à récurer la raclure d'en dessous. Car à quoi servirait un haut fonctionnaire honnête et bardé de diplômes, s'il doit se retrouver face à la noria des glandus, la kyrielle des inutiles, la truellée des ripoux, dispersés à travers des institutions qu'ils enrichissent de leur savoir-braire ? Sinon, ne restera plus qu'à plaindre les nouveaux nominés. Ils peuvent sans doute avoir l'air intelligent, mais dans un tel milieu, c'est une promesse qu'ils ne pourront jamais tenir.
La procédure est en tout cas bien rodée : c'est-à-dire qu'on consultera, juste pour ne pas les vexer, les organismes de contrôle, mais qu'on s'empressera ensuite de s'essuyer les pieds sur leurs décisions. Et voilà, le tour est joué.
Au Liban on n'arrête pas le progrès. Il s'arrête tout seul...
gabynasr@lorientlejour.com
Au Liban on ne vit jamais le progrès pour songer à l'arrêter.
21 h 18, le 04 avril 2014