Le chef de l'État libanais, Michel Sleiman, a reproché au Hezbollah d'avoir outrepassé les limites du mandat de résistant qui lui avait été accordé, en décidant de s'engager dans les combats en Syrie, et lui a demandé de s'en retirer.
Dans un entretien publié par le quotidien al-Joumhouria dans lequel il a décidé de livrer le fond de sa pensée, M. Sleiman a affirmé : « Vous m'accusez de n'avoir pas respecté mon discours d'investiture en ce qui concerne la résistance, mais vous oubliez que vous avez dépassé les limites du mandat qui vous a été donné, en décidant de combattre en Syrie. »
« Ce faisant, vous me forcez à être franc, à éclairer l'opinion et à dire ce que m'imposent les responsabilités inhérentes à ma fonction », a poursuivi M. Sleiman.
« Vous avez accepté d'adopter la déclaration de Baabda, puis vous avez reculé... Cette déclaration est là pour protéger le pays de tous les dangers. Est-ce qu'en combattant en Syrie nous protégeons le Liban ? » a poursuivi le président, précisant qu'il assume la totalité des propos tenus à l'Université Saint-Esprit de Kaslik.
Dans un discours prononcé début mars à l'USEK, le président Sleiman avait suggéré de remplacer la formule « armée-peuple-résistance » figurant dans la déclaration ministérielle du gouvernement sortant par la formule « terre-peuple-valeurs communes ».
Il avait affirmé qu'il fallait sortir le discours de « la langue de bois ». Le Hezbollah avait non seulement pris ombrage de cette critique ouverte de son idéologie, mais avait lancé une violente campagne contre le chef de l'État, accusé de « trahir son serment » à l'égard de la résistance. Le parti chiite avait notamment affirmé que M. Sleiman « ne sait pas distinguer entre l'or et le bois », et avait poussé l'arrogance jusqu'à l'insulte en affirmant que son état nécessitait « des soins spéciaux ».
La langue de bois du Hezbollah
M. Sleiman a tenu à préciser que la référence à la langue de bois n'était pas accidentelle ou ajoutée par un conseiller, mais qu'elle est « écrite de sa main ». « Au demeurant, a-t-il ajouté, voilà que le Hezbollah a renoncé à la formule pour faciliter la formation du gouvernement et a accepté son remplacement par une autre séquence dans la déclaration ministérielle. »
Aux reproches qui lui sont faits d'avoir dit que les combats en Syrie ont « broyé les côtes » de la résistance, M. Sleiman a rétorqué que « ses propos se concilient parfaitement avec son discours d'investiture » et a appelé à bien le relire.
« L'apparition de la résistance coïncida avec la déliquescence de l'État, a-t-il expliqué. Elle était nécessaire. Par la suite, le peuple se souda avec cette résistance, et l'État et l'armée la couvèrent. Son succès dans l'expulsion de l'ennemi israélien, nous le devons au courage de ses hommes, à la gloire de ses martyrs. »
« Mais aujourd'hui, a-t-il enchaîné, la poursuite de l'occupation des fermes de Chebaa, ainsi que les menaces et les violations répétées de notre souveraineté par l'ennemi israélien nous imposent une stratégie de défense qui protégerait la patrie, parallèlement à un dialogue tranquille qui nous permettra d'user judicieusement des capacités de la résistance, a-t-il précisé. Il ne faut pas en épuiser les réalisations par des conflits internes, mais en préserver la portée nationale. »
Et M. Sleiman d'exhorter une nouvelle fois le Hezbollah à se retirer de Syrie, « car sa participation aux combats s'est répercutée négativement sur le Hezbollah et sur le Liban ».
La conférence de dialogue
Sur un plan plus général, M. Sleiman a promis de « travailler, jusqu'au dernier jour de son mandat, à la mise en place d'une stratégie de défense ainsi qu'à l'élection d'un nouveau président dans les délais constitutionnels ».
On sait qu'à cet égard, le chef de l'État a convoqué hier la conférence nationale de dialogue à se réunir lundi 31 mars à 11h, à Baabda, afin de poursuivre la discussion de la stratégie nationale de défense. Celle-ci avait commencé le 20 septembre 2012.
À la fin de mon mandat, le 25 mai, « je remettrai mon poste et rentrerai chez moi, sachant que j'ai agi en conscience et fait ce que me dictait mon devoir national pour passer le flambeau à mon successeur », a encore indiqué Michel Sleiman, qui s'est dit assuré que son action « facilitera la tâche » à son successeur.
« J'ai accompli mon devoir, a-t-il ajouté. J'ai œuvré jour et nuit en faveur de la constitution du cabinet, qui a maintenant été investi de la confiance du Parlement. Ce dernier doit désormais se réunir et élire un nouveau président de la République », a-t-il indiqué, exprimant ses craintes de voir le vide régner sur la scène intérieure et réitérant « son refus de principe de la prorogation du mandat ».
Concernant ses remerciements adressés à l'Arabie saoudite et les critiques exprimées à cette occasion, il a mis l'accent sur l'aide du royaume. « Je réitère ma gratitude à l'Arabie saoudite qui a soutenu l'armée libanaise. Je suis prêt à remercier chaque pays qui pense appuyer le Liban de la sorte, qu'il soit l'Arabie saoudite ou tout autre. J'ai remercié le Qatar pour son aide dans la libération des otages libanais en Syrie et pour son rôle au niveau des religieuses de Maaloula », a-t-il dit.
commentaires (6)
Plus zeu présidainte s'aprroche (fort heureusement) de la fin de son mandat, plus il fait entendre sa voix(!!!). C'est pas gratuit tout ça! Il est notre président et nous devons du respect eu égard à sa fonction mais quand il redeviendra un simple citoyen.. y aura à redire sur son comportement, sur ce qu'il N'A PAS DIT plutot que de dire des choses lorsqu'il aurait du se taire taire..
Ali Farhat
13 h 49, le 22 mars 2014