Intervenant par écran interposé lors du meeting du 14 Mars au Biel, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a mis l'accent assez longuement sur l'élection présidentielle, appelant le 14 Mars à adopter exclusivement une candidature issue de ses rangs et à choisir en fin de compte celui des candidats souverainistes ayant la plus large assise à l'intérieur de l'alliance. Ce faisant, M. Geagea a donc posé implicitement sa propre candidature à la présidence.
Voici les principaux passages de son discours :
« Nous nous retrouvons cette année, mais le compte n'y est pas. L'un d'entre nous, Mohammad Chatah, a été frappé par les forces du mal. En l'assassinant, elles ont certes gagné un jour, mais elles ont perdu des jours et des jours. L'histoire sera de notre côté.
« Mohammad, ne crains rien, comme tu as été fidèle à notre cause, nous le serons envers toi. Ce que Dieu a rassemblé, en ce jour du 14 mars (2005), comme valeurs, principes, aspirations, rêves et objectifs, ne sera pas gaspillé pour un gouvernement.
« Comme si la question se résumait à tendre la main pour un dialogue. René Moawad était un homme de modération et de dialogue par excellence. Et quel fut le résultat ? Rafic Hariri était un pionnier pour ce qui est de tendre la main, sans arrêt. Ils l'ont tué ! Voilà le résultat ! Mohammad Chatah était un parangon de la modération, du dialogue et de la main tendue, il fut un martyr de plus sur la liste de nos martyrs. Nous disons oui et mille fois oui au dialogue, mais non et mille fois non aux tentatives visant à nous endormir et à gagner du temps sous prétexte de dialogue.
« Notre problème avec le gouvernement en place est lié à l'existence d'une contradiction structurelle entre deux projets réunis sous son toit : le projet de l'État et celui du mini-État ; un projet en or et un autre en bois. Nous nous sommes opposés à la formation d'un gouvernement de contraires dès le début, parce que nous avons tenu à ce que l'or ne disparaisse pas sous le bois.
« Le désaccord autour de la déclaration ministérielle ne se résume pas à une question de bravoure linguistique. C'est le reflet naturel de la contradiction entre les deux projets.
« L'expérience présente et passée des Libanais avec le Hezbollah et ses alliés prouve que ces derniers n'ont aucune considération pour l'État libanais ni pour l'avenir des Libanais et leur sécurité. Ils veulent de l'État qu'il soit à leur service, qu'il leur permette de piller ses ressources et d'accaparer sa décision politique et militaire.
« Le Hezbollah ne cherche pas à devenir une partie de l'État. Ce qu'il veut, c'est que l'État dans sa totalité devienne une partie de lui. Quant à réduire les grands problèmes dont souffre le Liban depuis très longtemps à la question des "takfiristes" terroristes, cela n'exprime pas avec précision la réalité libanaise. Certes, le problème des terroristes a pesé lourdement lors des derniers mois, mais les Libanais ne vivaient pas des temps idylliques avant cela : le feuilleton des assassinats, l'anarchie sécuritaire, les armes non légales, la paralysie des institutions, l'implication dans des guerres extérieures, tout cela existait déjà auparavant et a contribué, d'une façon ou d'une autre, à paver la voie au terrorisme.
« Le Hezbollah n'a pas consulté les Libanais lorsqu'il s'est impliqué en Syrie, et pourtant ils paient le prix de son implication. Il n'a pas le droit d'aller combattre les Syriens puis de venir dire aux Libanais que les Syriens vont de toutes les façons les attaquer, parce que ce sont des "takfiristes". Les mouvements "takfiristes" sont présents dans la région et dans le monde depuis des dizaines d'années, et malgré cela, on n'a vu d'attentats-suicides sur le territoire libanais qu'après l'implication du Hezbollah en Syrie. Alors assez d'escroquerie ! »
La présidence
« Certaines forces au sein du 14 Mars ont estimé qu'il fallait entrer au gouvernement car le fait de rester à l'écart des postes officiels ne sert pas nos objectifs nationaux. C'est une logique saine. Les différences de point de vue au sein du 14 Mars autour de la participation au gouvernement ne sont pas liées au pourvoi des postes officiels, mais plutôt au principe de l'acceptation d'entrer dans un partenariat politique avec le Hezbollah, un partenariat susceptible de lui assurer une couverture alors même que les meurtres se poursuivent, que lui-même continue de violer la souveraineté de l'État, qu'il s'abstient de livrer ses membres inculpés à la justice et qu'il accroît de plus en plus son implication en Syrie.
« La réalisation des objectifs de la révolution du Cèdre impose au 14 Mars de viser avec détermination, sérieux et transparence tous les postes officiels de l'État, à commencer par la présidence de la République. Nous devons faire accéder à la présidence une personnalité souverainiste solide issue de nos rangs. C'est la mission principale qui incombe aujourd'hui au 14 Mars afin de rectifier le cours des événements.
« On cherche actuellement à manipuler et à vider de son contenu le concept de président fort. Le président fort n'est pas celui qui tire sa force d'autrui, c'est celui qui est fort par sa liberté d'opinion, sa constance, sa vaste base populaire, sa détermination à réhabiliter les administrations et lutter, en actes et non pas en paroles, contre la corruption.
« Le président fort est celui qui peut redonner à l'État ce qui lui appartient, qui est capable d'imposer le respect de la Constitution et l'application des lois, c'est celui qui est porté par son combat et non pas par les circonstances et les arrangements extérieurs.
« D'aucuns prétendent que l'élection d'un président fort serait, à ce stade, une menace pour la stabilité. La réponse est que le président fort est l'unique garant de la stabilité réelle et durable parce que dès le début il s'attellera à la tâche d'édifier un État fort et parce qu'il est le seul à pouvoir parrainer les grandes solutions et ne pas se contenter de gérer les crises.
« Certains se demandent comment le 14 Mars pourrait s'entendre sur un candidat unique parmi la floraison de candidats dans ses rangs. Que cette interrogation soit sincère ou pas, cela ne doit en aucun cas justifier que l'on aille vers l'élection d'un candidat hors des rangs du 14 Mars. Au contraire, ce doit être une occasion pour le 14 Mars de démontrer ses qualités démocratiques et son esprit sportif.
« Qui est donc le candidat du 14 Mars ? La réponse est très simple : tous le sont et il est normal que l'on donne l'avance à celui qui a le plus de représentativité et qui peut faire face à la situation. C'est bien cela, la démocratie.
« Ne faiblissez pas, n'acceptez pas de président qui ne soit pas du cœur de la révolution du Cèdre. Rejetez tout président de compromis, car ils le veulent faible et soumis. »
Bien!! Il vient de s'exclure implicitement! Ya3né, Ya reit (...) W ma 7iké. Le Liban en a UN qu'il n'est point difficile d'identifier.. en général!
23 h 05, le 15 mars 2014