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Liban - Rassemblement

Au BIEL, hier, l’unité du 14 Mars et le souvenir indélébile de Mohammad Chatah

Il y a neuf ans, plus d'un million de Libanais inondaient les rues de la capitale Beyrouth, appelant d'une seule et même voix à l'indépendance du Liban.

Atmosphère détendue et drapeaux libanais levés tout haut : l’unité au sein du mouvement politique du 14 Mars, matérialisée ici par la rencontre de Joyce Gemayel, Fouad Siniora et Eddy Abillamaa, hier au BIEL. Photo Nasser Trabulsi

La révolution du Cèdre a eu neuf ans hier. À se remémorer rapidement les célébrations qui marquaient chaque année la date charnière du 14 mars, et à les comparer, l'on discerne une irrégularité singulière entre toutes ces célébrations, toutes n'ayant pas été animées par le même esprit et le même enthousiasme. La célébration du 14 mars, en effet, était tantôt teintée de déception, tantôt alourdie par la tristesse et tantôt ragaillardie par un souffle nouveau, en fonction des circonstances du pays du Cèdre, autant il est vrai que le 14 Mars est avant tout un mouvement, le prolongement de la lutte d'un peuple dont l'histoire est inlassablement marquée par des hauts... et des bas.

Et hier, au complexe du BIEL où l'on célébrait le 9e anniversaire de la révolution du Cèdre, un enthousiasme autrefois perdu semblait animer les figures du 14 Mars et leur public, réunis pour l'occasion. Derrière ce regain de tonus, cette année, trois facteurs principaux. D'abord, le timing de la cérémonie, à quelques heures seulement du Conseil des ministres crucial prévu pour l'approbation de la déclaration ministérielle, un combat pour lequel le 14 Mars a témoigné d'une ténacité nouvelle, face à l'acharnement de l'autre camp à faire perdurer le triptyque armée-peuple-résistance. Ensuite, l'assassinat de Mohammad Chatah, figure modérée et emblématique du 14 Mars, en décembre dernier, et qui a rappelé à quel point l'enjeu de la révolution du Cèdre était sérieux. Et enfin, le lancement des travaux du Tribunal spécial pour le Liban, début 2014, vieille promesse du 14 Mars à ses nombreux martyrs.

Autre fait rassurant pour le public du 14 Mars cette année, un paysage politique rassembleur. En effet, après le différend entre les Forces libanaises et le courant du Futur autour de la participation au cabinet Salam, et le litige éphémère entre le secrétariat du 14 Mars et le Parti national libéral il y a quelques jours, la coalition de la révolution du Cèdre a voulu faire taire hier toutes les langues vipérines, en affirmant une bonne fois pour toutes que les partis rassemblés sous la coalition du 14 Mars restent unis, malgré les différences. Parmi les participants, hier, Joyce Gemayel, représentant le leader des Kataëb Amine Gemayel, l'ancien Premier ministre et député Fouad Siniora, le représentant du leader des Forces libanaises Samir Geagea, Eddy Abillamaa, le secrétaire général du courant du Futur Ahmad Hariri, le représentant du patriarche Béchara Raï, l'évêque Hanna Alwan, le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, représenté par le général Ghassan Atallah, le chef du Mouvement de l'indépendance Michel Moawad, les ministres Ramzi Jreige, Boutros Harb, Sejaan Azzi, Alain Hakim, Rachid Derbas, Michel Pharaon, Nabil de Freige, et les députés Robert Ghanem, Atef Majdalani, Nadim Gemayel, Samy Gemayel, Kassem Abdel Aziz, Serge Torsarkissian, Samir el-Jisr, Khaled Daher, Assem Araji, Mohammad Kabbani, Ziad Kadri, Riad Rahhal, Ammar Houri, Ahmad Fatfat, Imad el-Hout, Nicolas Ghosn, Fouad el-Saad, Antoine Saad, Riad Rahhal, Jean Oghassabian, Amine Wehbé, Bassem al-Chab, Kazem el-Kheir et Sebouh Kalbakian, ainsi que de nombreuses figures politiques, médiatiques et religieuses.

Entre la guerre civile et la capitulation
Après l'hymne national, une minute de silence à la mémoire des martyrs et une brève projection portant sur « les exploits du 14 Mars », c'est Fouad Siniora qui a pris la parole, suivi par le secrétaire général de l'alliance du 14 Mars, Farès Souhaid, puis par Samy Gemayel, avant que Samir Geagea ne clôture le bal des discours, dans lesquels les dirigeants du 14 Mars ont tous insisté sur la nécessaire modération et le respect de la souveraineté de l'État. Par ailleurs, le Hezbollah était bien présent hier au neuvième anniversaire du 14 Mars, attaqué dans tous les discours prononcés.
« Le Liban restera et les tyrans finiront par disparaître », a clamé M. Siniora pour dénoncer l'implication militaire du Hezbollah en Syrie, tandis que Farès Souhaid estimait que « la coalition du 14 Mars est un héritage national qu'il faut protéger ».

« Il y a neuf ans, mon frère Pierre s'est tenu devant vous, comme je le fais aujourd'hui, a pour sa part déclaré Samy Gemayel, ému. J'aurais tellement aimé qu'il soit là, mais à l'instar de tous les héros de la révolution du Cèdre, il est mort pour que nous restions libres. » Samy Gemayel a ensuite salué les jeunes écoliers et universitaires « qui ont lutté entre 1990 et 2005 contre la tutelle syrienne et ont jeté les bases du 14 mars 2005 », avant de s'attaquer au Hezbollah, déclenchant une salve d'applaudissements parmi l'assistance. « Cela fait huit ans que nous ne vivons pas vraiment, car le Hezbollah nous impose une culture qui n'est pas la nôtre. Est-ce une vie que nous vivons ? Le Hezbollah veut nous ingérer dans tous les combats du monde, en Israël, en Syrie, au Bahreïn, en Hongrie et en Indonésie. Manquerait plus que l'Argentine et le Brésil ! » a clamé le député qui a assuré que le 14 Mars utilisera tous les moyens possibles entre deux extrêmes pour aboutir à la victoire : la guerre civile et la capitulation.

Autre moment fort de la cérémonie, le discours de Samir Geagea retransmis sur grand écran. La simple annonce du leader des FL comme prochain orateur avait en tout cas animé la foule, de nombreuses personnes se levant pour voir si Samir Geagea était venu en personne jusqu'au BIEL. Le chef des FL a de son côté expliqué « pour la énième fois » pourquoi il n'avait pas consenti à participer au cabinet Salam, annonçant dans son discours le début de la lutte présidentielle du 14 Mars.

Alors que la voix de Samir Geagea à Meerab retentit sous la voûte du BIEL, les plus pressés parmi l'assistance se dirigent vers la sortie, par crainte, peut-être, de se retrouver coincés dans l'un de ces embouteillages monstres dont a témoigné la capitale hier, en raison des mesures de sécurité exceptionnelles qui ont accompagné la célébration politique. Là-bas, près de la sortie, la photo géante de Mohammad Chatah est venue s'ajouter à la longue liste des martyrs du 14 Mars, sur fond rouge sang. Lui-aussi était présent dans toutes les allocutions hier, et une courte projection regroupant des témoignages de gens qui l'ont connu n'a su laisser personne indifférent. « C'était un homme de modération », affirmaient Dory Chamoun, le journaliste Nadim Koteich et le député Marwan Hamadé. « Sa présence nous manque », a confié pour sa part Denise Rahmé Fakhry, journaliste. Et May Chidiac d'ajouter, poignante de réalisme : « Espérons, qu'il ne sera pas mort... pour rien ! »


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commentaires (4)

Le liban du 14 et celui du 8 mars ont divides le pays em 2 mouvences geopolitiques diametralement oposees,MAIS PAS DU TOUT CONFESIONELES.Mr Georges Nacache auteur de la fameuse theorie 2 NEGATIONS NE FONT PAS UNE NATION ne serait pas fache de constater que le 14fevrier 2005 le miracle fut.qu'il s'apelle Valentin ou Rafic tout les deux ont verse leur sang pour une meme cause,l'amour de 2 negations.Comment oublier la vision de cette religieuse qui priait chapelet a la main a cote du cheikh sunite,aux funerailles du bienheureux Hariri,,,et bien d'autres visions du meme genre ont meme rendu caduc le fameux serment de Gebran Tueni.La consecration de cette union de 2 negations est devenue une realite plus que viscerale depuis qqs semaines lorsqu' au sue et au vue du monde entier le Dr Samir Geagea lui meme recevait les condoleences dans la plus grande des mosquees du Liban aux funerailles du Dr Shatah leader sunite brutalement assasine. Dans plus de 55 pays de la surface de cette planette a chaque leve du jour il est annonce en grande manchette de jounaux des troubles sanguinaires entre ces 2 negations ,mais au liban l'AMOUR A VAINCU LA HAINE,grace a la diaspora de NOTRE DAME DU LIBAN les morts possedent une force que les vivants ne conaissent pas

michel raphael

18 h 43, le 15 mars 2014

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Commentaires (4)

  • Le liban du 14 et celui du 8 mars ont divides le pays em 2 mouvences geopolitiques diametralement oposees,MAIS PAS DU TOUT CONFESIONELES.Mr Georges Nacache auteur de la fameuse theorie 2 NEGATIONS NE FONT PAS UNE NATION ne serait pas fache de constater que le 14fevrier 2005 le miracle fut.qu'il s'apelle Valentin ou Rafic tout les deux ont verse leur sang pour une meme cause,l'amour de 2 negations.Comment oublier la vision de cette religieuse qui priait chapelet a la main a cote du cheikh sunite,aux funerailles du bienheureux Hariri,,,et bien d'autres visions du meme genre ont meme rendu caduc le fameux serment de Gebran Tueni.La consecration de cette union de 2 negations est devenue une realite plus que viscerale depuis qqs semaines lorsqu' au sue et au vue du monde entier le Dr Samir Geagea lui meme recevait les condoleences dans la plus grande des mosquees du Liban aux funerailles du Dr Shatah leader sunite brutalement assasine. Dans plus de 55 pays de la surface de cette planette a chaque leve du jour il est annonce en grande manchette de jounaux des troubles sanguinaires entre ces 2 negations ,mais au liban l'AMOUR A VAINCU LA HAINE,grace a la diaspora de NOTRE DAME DU LIBAN les morts possedent une force que les vivants ne conaissent pas

    michel raphael

    18 h 43, le 15 mars 2014

  • ET CEUX-LÀ ILS FÊTENT ET PLEURENT, DANS DES CORRIDORS FERMÉS, LEURS DÉBOIRES ET LA DÉSOLATION DU PAYS. LES FÊTES, LES LARMES ET L'INACTION NE RENDENT PAS L'HONNEUR NI RESSUSCITENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 39, le 15 mars 2014

  • Le Seul qui ne brandit pas un drapeau libanais, c'est ce curé(h) "maronitisé"(h) si Campagnardisé ! Boude-t-il ? Voulait-il à la place un drapeau vaticanais(h) ? Yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 26, le 15 mars 2014

  • Le 14 Mars uni ! Uni dans la médiocrité, ça oui ! Les assassins, eux, s'en moquent. Ils les liquident l'un après l'autre.

    Halim Abou Chacra

    04 h 32, le 15 mars 2014

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