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À La Une - Crise

Ukraine : Obama menace d'isoler Moscou qui est "du mauvais côté de l'Histoire"

La Crimée sous contrôle pro-russe ; panique sur les marchés.

Une manifestation contre l'intervention russe dans la crise en Ukraine, le 3 mars 2014, à Londres. AFP PHOTO/BEN STANSALL

L'Ukraine a accusé lundi la Russie d'augmenter sa présence militaire en Crimée contrôlée de facto par des commandos armés, les Occidentaux multipliant les menaces d'isolement contre Moscou dans cette crise qui a semé un vent de panique sur les marchés financiers.

Face à l'un des plus graves conflits entre l'Occident et la Russie depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le président des Etats-Unis Barack Obama a brandi lundi la menace de mesures économiques et diplomatiques visant à "isoler" la Russie (après son intervention en Crimée), affirmant que Moscou était "du mauvais côté de l'Histoire". Quelques heures plus tôt, le département d'Etat avait précisé que Etats-Unis réfléchissaient à "un large éventail de sanctions" à imposer à la Russie pour ses agissements en Ukraine.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a de son côté appelé lundi à garantir "l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", exhortant la Russie à "s'abstenir de tout acte qui pourrait mener à une nouvelle escalade".

L'Union européenne a pour sa part menacé de remettre en cause ses relations avec la Russie tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir une nouvelle fois pour discuter de la crise.
"En l'absence de mesures de désescalade de la part de la Russie, l'UE devrait décider des conséquences sur les relations bilatérales entre l'UE et la Russie", ont indiqué les ministres européennes des Affaires étrangères dans une déclaration, obtenue par l'AFP, à l'issue d'une réunion d'urgence.

 

Contrôle opérationnel complet
Les autorités ukrainiennes ont de leur côté accusé la Russie de continuer à faire arriver massivement des militaires en Crimée, avec l'atterrissage en 24 heures de dix hélicoptères de combat et huit avions de transport, sans que l'Ukraine ne soit prévenue, contrairement aux accords entre les deux pays qui prévoient que Kiev soit informé 72 heures à l'avance de tels mouvements de troupe. 

 

(Commentaire : La terre de Crimée de la Russie ?)

 

La Russie a déjà augmenté de 6.000 soldats sa présence en Crimée, péninsule du sud de l'Ukraine, qui abrite la flotte russe de la mer Noire, d'après le ministère ukrainien de la Défense.

Moscou a désormais un "contrôle opérationnel complet" sur la Crimée, a estimé dimanche à Washington un responsable américain, sous couvert de l'anonymat. Lundi, toutes les bases militaires ukrainiennes étaient encerclées par des soldats non-identifiés agissant pour le compte des autorités pro-russes, selon le ministère ukrainien de la Défense.

Selon les militaires ukrainiens, la marine russe leur a posé un ultimatum de se désarmer d'ici mardi matin, faute de quoi elle lancerait des assauts, ce que la Russie a démenti. Les Etats-Unis ont prévenu que tout ultimatum russe constituerait une "escalade dangereuse" dans cette crise internationale.

 

(Commentaire : Qui aura le dernier mot en Ukraine ?)

 

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a en outre lancé le projet de construction d'un pont reliant son territoire à la Crimée.
La Russie avançait par ailleurs ses pions dans d'autres régions ukrainiennes. Quelque 300 manifestants pro-russes ont pris d'assaut dans l'après-midi l'administration régionale de Donetsk (est de l'Ukraine), fief du président déchu Viktor Ianoukovitch.

En déplacement à Kiev, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a mis en garde la Russie sur le "prix à payer" pour son action en Ukraine, après avoir rencontré les nouvelles autorités au pouvoir après la destitution le 22 février du président Viktor Ianoukovitch.
"Cela ne peut pas être la manière dont les relations internationales doivent se régler au XXIe siècle. Ce n'est pas acceptable et il y aura des conséquences et un prix à payer", sur le plan économique et diplomatique, a-t-il jugé.

Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a, lui, appelé lundi Moscou à un repli de ses forces en Ukraine et à un "dialogue politique avec le gouvernement ukrainien".

 

Moscou n'admet pas les menaces
Les marchés financiers russes ont été pris d'un mouvement de panique, inquiets des conséquences sur l'économie déjà chancelante de la Russie des possibles sanctions qui pourraient être imposées à Moscou, évoquées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry dimanche.
La Bourse de Moscou a terminé la séance sur un plongeon de plus de 10%, le rouble est tombé à un record de faiblesse face à l'euro comme au dollar. La crise ukrainienne a fait aussi vaciller la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq abandonnant 1% en première partie de séance.

A Genève, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé les menaces de "sanctions" et de "boycottage" et justifié l'action de la Russie en Ukraine, jugeant que les ultranationalistes menaçaient "la vie et les intérêts régionaux des Russes et des populations parlant russe".

Son ministère a été plus direct encore, jugeant dans un communiqué "inadmissibles" les menaces de M. Kerry, qui doit se rendre mardi à Kiev pour réaffirmer le "soutien fort des Etats-Unis à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Il sera précédé par le numéro deux de l'ONU, Jan Eliasson.

 

(Reportage : « Poutine veut étouffer notre jeune révolution, mais nous sommes prêts »)

 

Dimanche, les dirigeants des pays les plus industrialisés ont annoncé la suspension de leurs préparatifs en vue du sommet du G8 à Sotchi (Russie) en juin.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) doit de son côté arriver mardi à Kiev pour discuter d'un plan d'aide avec les nouvelles autorités qui ont requis l'assistance financière de l'institution.

 

Défection du chef de la marine ukrainienne
Jouant la carte de l'apaisement, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué que cette dernière estimait qu'il n'était "pas trop tard" pour trouver une solution politique à la crise en Ukraine, et qu'il n'y avait "pas d'option militaire".

L'Otan a, elle, appelé dimanche Moscou et Kiev à rechercher une "solution pacifique" à la crise à travers le "dialogue" et le "déploiement d'observateurs internationaux", selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

"La Russie ne veut pas la guerre avec l'Ukraine", a répondu dimanche soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine.

 

(Repère : L'armée ukrainienne, combien de divisions ?)

 

Sur le terrain, la situation restait tendue en Crimée entre les deux camps, même si aucun affrontement n'a été rapporté dans cette péninsule russophone du sud de l'Ukraine. Plusieurs sites stratégiques de la péninsule, bases militaires, aéroports ou bâtiments officiels ont fait l'objet de blocages par des hommes en armes, dont l'uniforme ne porte aucun signe distinctif mais qui sont selon toute vraisemblance des soldats russes.

Coup dur pour les autorités de Kiev, l'amiral Denis Berezovski, commandant en chef de la marine ukrainienne, nommé il y a quelques jours par le président par intérim Tourtchinov, a annoncé dimanche qu'il prêtait allégeance aux autorités locales pro-russes de Crimée.
Des hommes armés et cagoulés bloquaient lundi matin l'entrée au QG de la marine ukrainienne à Sébastopol pour empêcher le nouveau commandant nommé par Kiev d'y accéder.

 

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commentaires (5)

"Déchiquetée", OK, mais espérons que ce sera à l'amiable genre Tchéquie et Slovaquie, et Non Sanguinaire dans le styyyle Yougoslavie !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

12 h 04, le 04 mars 2014

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Commentaires (5)

  • "Déchiquetée", OK, mais espérons que ce sera à l'amiable genre Tchéquie et Slovaquie, et Non Sanguinaire dans le styyyle Yougoslavie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 04, le 04 mars 2014

  • CE N'EST MOSCOU SEULE QUI EST DU MAUVAIS CÔTÉ DE L'HISTOIRE. TOUT L'ABRUTISSEMENT INTERNATIONAL L'EST QUE CE SOIT EN SYRIE OU AILLEURS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 26, le 04 mars 2014

  • IL SEMBLE QUE LE MINI-TSAR OURSIEN "RAKKAB IL ARRIÈRE"... ATTENDONS VOIR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 22, le 04 mars 2014

  • L'Ukraine encore un pays qui connaitra le sort de l 'ex Yougoslavie . Triste .

    Sabbagha Antoine

    18 h 00, le 03 mars 2014

  • Déchiquetage de l'Ukraine assuré, en trois entités !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 01, le 03 mars 2014

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