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Lifestyle - Cinéma

« Je laisse pousser les films comme des herbes folles »

Le géant Alain Resnais décède à 91 ans ; Hollande déplore la disparition d'un des « plus grands » cinéastes français.

Photo Éric Gaillard / Reuters

Le réalisateur français Alain Resnais, auteur éclectique et subtil de films majeurs, de Hiroshima mon amour à Vous n'avez encore rien vu, est décédé samedi soir à Paris à l'âge de 91 ans. «Sa mort est intervenue hier soir (samedi), entouré de sa famille et de ses proches (...)», a indiqué hier dimanche le producteur de ses derniers films, Jean-Louis Livi.
Cinéaste de la mémoire et de l'imaginaire, Alain Resnais a marqué l'histoire du cinéma français depuis la période de renouveau qu'a été la Nouvelle vague jusqu'à nos jours. Dans sa vingtaine de longs-métrages, écrits souvent par des écrivains réputés comme Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet ou Jorge Semprun, Alain Resnais n'a cessé d'explorer les liens entre l'image et l'écriture, renouvelant constamment son champ d'inspiration.
Né le 3 juin 1922, fils de pharmacien, le jeune Resnais se passionne très tôt pour la littérature. À 13 ans, il tourne un court-métrage, Fantômas. Il débute comme monteur, puis se tourne vers le film d'art. Van Gogh (1946), Guernica (1950), Gauguin (1951), Les Statues meurent aussi (1953), couronnés dans de nombreux festivals, assurent la réputation de documentariste de Resnais, confirmée de façon éclatante par Nuit et Brouillard (1955), une évocation des camps de la mort nazis (lire ci-contre).
Les récits éclatés et la poésie insolite de ses premiers longs-métrages, Hiroshima mon amour (1958) et L'Année dernière à Marienbad (1961), surprennent le public et la critique. Muriel (1962) et La Guerre est finie (1966), méditations sur la mémoire, la guerre et l'engagement, affirment la singularité et le talent du cinéaste. Après deux films plus ou moins discrets, Je t'aime, je t'aime (1968) et Stavisky (1974), interprété par Jean-Paul Belmondo, il signe avec Providence (1976) une subtile réflexion sur la création littéraire, saluée unanimement comme un chef-d'œuvre.
Dans les années 1980, Resnais adapte aussi bien les thèses du biologiste Henri Laborit (Mon oncle d'Amérique) qu'une pièce de Henry Bernstein (Mélo). Il signe une comédie sur l'éducation (La Vie est un roman), un drame protestant sur la réincarnation (L'Amour à mort) ou encore une fantaisie autour d'un dessinateur de bande dessinée, une de ses passions (I Want to Go Home).

Fraîcheur d'esprit
Son film en deux volets, Smoking/No Smoking (1993), une histoire à options avec sa muse Sabine Azéma, reçoit l'Ours d'argent à Berlin et cinq césars, ainsi que le prix Louis-Delluc. Ensuite, Alain Resnais innove avec une étonnante fraîcheur d'esprit pour mettre en scène une comédie en chansons (On connaît la chanson en 1997), puis l'adaptation d'une opérette de 1925, Pas sur la bouche (2003). Son film Cœurs, comédie à la tonalité mélancolique et onirique sur le thème de la solitude, a remporté le Lion d'argent de la mise en scène au Festival de Venise 2006. Auparavant, en 1995, il avait reçu un Lion d'or à Venise pour l'ensemble de son œuvre.
Après trois ans d'absence, il avait repris en 2009 le chemin des studios pour tourner Les Herbes folles, une réflexion pleine de fantaisie sur le désir avec Sabine Azéma et André Dussolier. « Un film est quelque chose sur lequel on ne réfléchit pas, mais qui doit vous entraîner. Je laisse pousser les films comme des herbes folles», avait-il expliqué. Il a ensuite encore tourné Vous n'avez encore rien vu (2012) et Aimer, boire et chanter (2014). Le Festival de Berlin venait de récompenser ce film «qui ouvre de nouvelles perspectives» par le prix Alfred Bauer. «Il était en train de préparer, avec moi, un autre film dont il avait écrit le premier scénario et qui s'appelle Arrivée et départ», a en outre indiqué Jean-Louis Livi.
D'abord marié avec Florence Malraux, la fille
d'André Malraux, il partageait depuis la fin des années 1980 la vie de Sabine Azéma, qu'il a épousée en 1998.

Hommages unanimes
Aussitôt connue la nouvelle de son décès, les hommages au cinéaste ont fusé de toutes parts.
Le président François Hollande a estimé que la France avait perdu «l'un de ses plus grands cinéastes», saluant l'œuvre d'un homme «qui avait sans cesse brisé les codes, les règles, les modes, tout en rencontrant un large public. Chacun de ses longs-métrages était une novation. Il aura reçu toutes les distinctions et tous les prix. Mais ce qui comptait pour lui, c'était toujours sa prochaine création.» Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a fait part de son « infinie tristesse». La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a estimé que son œuvre avait fait « rayonner le cinéma français dans le monde entier».
L'un de ses acteurs fétiches, Pierre Arditi, a honoré un «homme qui était à la fois un enfant, capable de s'émerveiller, et quelqu'un d'une extraordinaire maturité et d'une très grande culture », se déclarant «déchiré». «Si l'État ne fait pas à cet artiste modeste et modèle des funérailles nationales, comme l'Italie à Fellini, ce serait un abandon de gloire», a pour sa part tweeté le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.

(Sources : agences)

Le réalisateur français Alain Resnais, auteur éclectique et subtil de films majeurs, de Hiroshima mon amour à Vous n'avez encore rien vu, est décédé samedi soir à Paris à l'âge de 91 ans. «Sa mort est intervenue hier soir (samedi), entouré de sa famille et de ses proches (...)», a indiqué hier dimanche le producteur de ses derniers films, Jean-Louis Livi.Cinéaste de la mémoire et...

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