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À La Une - Ukraine

Ianoukovitch, désormais sous la "protection de la Russie", réapparaît

Des hommes armées pro-russes occupent le gouvernement et le Parlement de Crimée ; Iatseniouk désigné Premier ministre.

Un homme dormant sur une barricade, le 27 février 2014, à Kiev. AFP PHOTO/ LOUISA GOULIAMAKI

Les événements se sont de nouveau accélérés jeudi en Ukraine avec la réapparition du président déchu Viktor Ianoukovitch, désormais sous la protection de la Russie, et des tensions de plus en plus vives en Crimée, où est stationnée la flotte russe.

L'ex-président, qui n'avait pas donné signe de vie depuis sa destitution au Parlement samedi et qui est recherché en Ukraine pour "meurtres de masse", a refait surface jeudi en Russie, dont il a réclamé et obtenu la protection face aux "extrémistes". "Je me considère toujours comme le chef légitime de l'Etat ukrainien", a-t-il dit dans une déclaration "au peuple ukrainien" transmise aux agences de presse russes.

"Malheureusement, tout ce qui se passe actuellement au Parlement d'Ukraine est illégitime", a-t-il ajouté, soulignant l'absence au parlement de nombreux députés de sa formation, le Parti des Régions.

"Je me vois contraint de demander aux autorités de la Fédération de Russie d'assurer ma protection personnelle face aux actions menées par des extrémistes", a-t-il ajouté. "On assiste dans les rues de nombreuses villes de notre pays à un déchaînement d'extrémisme. Des menaces physiques me sont adressées personnellement ainsi qu'à mes partisans". "Il devient évident que le peuple dans le sud-est et en Crimée n'accepte pas le vide du pouvoir et l'arbitraire qui règne dans le pays, quand les ministres sont désignés par la foule sur la place publique", a-t-il aussi déploré.

 

Drapeau russe
Tôt dans la matinée de jeudi, plusieurs dizaines d'hommes armés s'étaient emparés du siège du Parlement et du gouvernement de Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine, à Simféropol, sur lesquels ils ont hissé le drapeau russe. Ces hommes empêchaient en outre l'accès des employés aux bâtiments.

Ils sont "bien entraînés, armés de fusils de précision" et ont pour un mois de munitions", selon le député Serguiï Kounitsyne, ancien Premier ministre de Crimée et membre du parti du boxeur Vitali Klitschko, qui a déclaré au Parlement avoir passé la nuit au téléphone avec ses proches en Crimée.

 

Les nouvelles autorités de Kiev ont vivement réagi aux derniers développements dans le sud du pays.

Le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov, a annoncé la mise en alerte de l'ensemble de la police et des forces spéciales afin d'éviter "un bain de sang parmi la population civile" et "l'évolution de la situation en affrontements armés". Une enquête pour "terrorisme" a également été ouverte.

Au Parlement, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a mis en garde Moscou contre la tentation de faire intervenir sa flotte, basée dans la ville voisine de Sébastopol. "Je m'adresse aux dirigeant militaires de la flotte de la mer Noire: tous les militaires doivent rester sur le territoire prévu par les accords. Tout mouvement de troupe armé sera considéré comme une agression militaire", a-t-il déclaré lors d'une séance qui devait initialement être consacrée à la confirmation d'un nouveau gouvernement.

Moscou a néanmoins assuré qu'elle respectait les accords signés avec l'Ukraine sur la flotte russe de la mer Noire. "Le déplacement de certains blindés de la flotte de la mer Noire s'est fait conformément aux accords et ne nécessitait aucune approbation", a indiqué le service de presse du ministère russe des Affaires étrangères, cité par les agences russes.

La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est la région d'Ukraine la plus susceptible de s'opposer aux nouvelles autorités en place à Kiev après le renversement de Viktor Ianoukovitch. Elle a d'abord appartenu, au sein de l'URSS, à la Russie, avant d'être rattachée à l'Ukraine en 1954.

 

(Reportage : Quand l'Est ne veut plus payer pour l'Ouest...)

 

Iatseniouk désigné Premier ministre
Ces événements marquent une nouvelle escalade dans les tensions qui opposent le nouveau pouvoir pro-occidental en place à Kiev et les éléments pro-russes en Ukraine.

Le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski a lancé jeudi une mise en garde contre "un jeu très dangereux" en Crimée. "Nous suivons le cours des événements en Crimée avec une grande attention et une grande préoccupation. Des hommes armés ont occupé des bâtiments du gouvernement à Simféropol. C'est une action radicale", a-t-il déclaré.

 

Pendant ce temps, le Parlement ukrainien a désigné à l'unanimité le pro-européen Arseni Iatseniouk comme Premier ministre du gouvernement de transition. A 39 ans, le dirigeant, membre du parti de l'égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko, et qui a déjà été ministre de l'Économie et des Affaires étrangères, va diriger le gouvernement d'union nationale appelé à prendre les rênes du pays, avant l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai.


Dans son discours de candidature, Arseni Iatseniouk n'a rien dissimulé de l'ampleur de la tâche qui l'attend. Il a même évoqué la nécessité d'un "gouvernement de kamikazes", en raison des mesures impopulaires qui devront être prises.
"Les comptes publics sont vides, tout a été volé. Je ne promets pas d'amélioration, ni aujourd'hui ni demain. Notre objectif principal est de stabiliser la situation. La dette publique est de 75 milliards de dollars maintenant. En 2010, quand Ianoukovitch est arrivé au pouvoir, elle était deux fois moins importante", a-t-il expliqué aux députés.
"Le chômage a pris un rythme galopant ainsi que la fuite des investissements. Nous n'avons pas d'autre solution que de prendre des mesures impopulaires dont la réduction des programmes sociaux et des subventions, la réduction des dépenses budgétaires", a-t-il poursuivi.


Arseni Iatseniouk a également évoqué la situation en Crimée. "L'intégrité territoriale est menacée, on assiste à des manifestations de séparatisme en Crimée (...). Je dis aux Russes, ne nous affrontez pas, nous sommes des amis et des partenaires", a-t-il déclaré.
"L'Ukraine voit son futur en Europe en tant que membre de l'Union européenne", a encore dit M. Iatseniouk.
Il a précisé qu'il ne sera pas candidat à la présidentielle de mai.

 

Le chef de gouvernement de transition, Arseni Iatseniouk.  AFP PHOTO/ SERGEI SUPINSKY



La composition du gouvernement, qui comprend plusieurs personnalités issues du mouvement de contestation, avait été solennellement dévoilée mercredi soir par le conseil du Maïdan -composé des leaders politiques de la contestation ukrainienne, de la société civile et des groupes radicaux- devant une place de l'Indépendance noire de monde.

L'exécutif va affronter la tâche herculéenne d'empêcher l'Ukraine de sombrer dans la banqueroute et de contrer les tendances séparatistes à l'oeuvre dans le sud et l'est du pays, où une grande partie de la population se sent plus proche de Moscou que de Kiev.

 

(Repère : Les figures-clés du nouveau pouvoir)

 

Pour épauler les nouvelles autorités ukrainiennes, les États-Unis ont offert leur garantie à hauteur d'un milliard de dollars dans le cadre d'un possible prêt des institutions financières internationales pour ce pays.

"Nous sommes en train de formuler une garantie sur un prêt d'un milliard de dollars", a dit M. Kerry, ajoutant que "les Européens réfléchissaient à 1,5 milliard de dollars" de garantie, au lendemain de l'annonce par les Russes qu'ils n'avaient pas "d'obligations légales" de verser le solde de leur prêt de 15 milliards de dollars, dont l'Ukraine n'a reçu pour l'instant qu'un cinquième.

L'Ukraine, en pleine crise économique et politique, a besoin d'une aide de 35 milliards de dollars dans les deux années à venir. Signe de défiance, la hryvnia, la monnaie ukrainienne, a perdu environ 18% de sa valeur depuis le début de l'année.

 

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commentaires (4)

PROTECTEUR ET PROTÉGÉ... L'OURS ET SON SAUMON FUMÉ !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 11, le 28 février 2014

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Commentaires (4)

  • PROTECTEUR ET PROTÉGÉ... L'OURS ET SON SAUMON FUMÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 11, le 28 février 2014

  • la vraie vérité est que le FMI et autres voyous du même acabit salivent à l'avance sur la façon dont il vont dépecer l'Ukraine...peut-être un peu prématurément ,je crains pour eux.la parti de Timochenko au pouvoir! Et en quoi s'il vous plaît,cette Timochenko est elle moins pourrie que Iakounavitch?

    GEDEON Christian

    17 h 14, le 27 février 2014

  • Le chien court toujours se réfugier, queue entre les pattes, auprès de son maître ! Bientôt ce sera le tour du nusayrî d'à côté, afin qu'il nous fiche enfin la paix.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 59, le 27 février 2014

  • La suite au prochain numero . Poutine a desormais le temps de se consacrer aux comploteurs qui se trouvent bien embarrasses , l'Ukraine pauvre aux eurodecadents et la partie riche et strategique sous le joug de la nouvelle puissance mondiale . Suite au prochain numero .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 53, le 27 février 2014

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