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À La Une - Liban/gouvernement

Espoir et optimisme... après 10 mois de blocage !

Le 8 Mars parle de "victoire politique"; Jamil Sayyed s'en prend à Amal et au Hezbollah.

Le Premier ministre libanais Tammam Salam au palais présidentiel de Baabda. Mohamed Azakir/Reuters

Après plus de 10 mois de tractations laborieuses entre les différents partis politiques, le gouvernement de Tammam Salam est enfin né samedi. Ce gouvernement comprend 24 ministres et il est basé sur la formule des "trois 8". Les deux grandes alliances du 14 et du 8 Mars obtiennent chacune 8 portefeuilles. Les 8 restants ont été attribués aux forces dites centristes, proches du président de la République.

"Après dix mois d'efforts, de patience (...), un gouvernement préservant l'intérêt national est né", a affirmé le nouveau Premier ministre. "C'est un gouvernement rassembleur et c'est la meilleure formule pour permettre au Liban de faire face aux défis", a ajouté M. Salam, désigné depuis avril 2013.

Le 14 Mars s'est vu attribuer le portefeuille régalien de l'Intérieur, ainsi que ceux de la Justice, du Travail, du Tourisme, des Télécommunications, de la Réforme administrative, des Affaires sociales et de l’Économie. L'alliance rivale du 8 Mars a pris les portefeuilles régaliens des Affaires étrangères et des Finances, et ceux de l'Énergie, des Travaux publics et des Transports, de l'Industrie, des Affaires du Parlement, de l'Enseignement supérieur et de la Culture.
Les portefeuilles restants ont été attribués au camp dit centriste, regroupant le chef de l'État, le Premier ministre et le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt.

(Lire aussi : La composition du gouvernement Salam)

 

Le cas Rifi
L'annonce était initialement attendue vendredi matin, alors que tout semblait prêt pour que Tammam Salam se rende au palais présidentiel afin de soumettre sa liste des ministres. Mais une nouvelle complication était apparue au dernier moment autour du nom d'Achraf Rifi, qui avait été avancé par le Courant du Futur pour occuper le portefeuille de l'Intérieur au sein du gouvernement. C'est Nabih Berry, le président du Parlement, qui a appuyé sur la pédale du frein en appelant M. Salam dans la nuit de jeudi à vendredi pour l'informer que le Hezbollah rejetait la formule qui lui avait été transmise, et n'acceptait pas que l'Intérieur soit attribué au général Rifi, ancien directeur général des Forces de sécurité intérieures (FSI).

Le général Rifi, qui n'a jamais caché son hostilité envers le Hezbollah, l'avait laissée éclater en public à partir de Tripoli, après sa mise à la retraite une fois parvenu à l'âge légal. Mais il est sûr que derrière l'hostilité à l'officier se profile aussi la méfiance à l'égard des services de renseignements des FSI, qui relèvent de l'Intérieur et qui sont le seul organisme de sécurité que le parti chiite n'a pas réussi à infiltrer.


Réactions optimistes
Ce nouveau cabinet aura notamment pour mission d'assurer un climat propice à la tenue, à l'échéance prévue par la Constitution, de la prochaine élection présidentielle, le mandat de Michel Sleiman expirant en mai 2014.

Samedi, c'est à l'unanimité que les responsables libanais ont salué la formation du nouveau gouvernement.
L'ancien Premier ministre Nagib Mikati a félicité les Libanais à cette occasion, tout en affirmant souhaiter que le nouveau cabinet obtienne rapidement la confiance du Parlement. Pour sa part, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a souhaité que la formation du nouveau gouvernement soit le prélude à une période d'"espoir pour le Liban et les Libanais". Il a par ailleurs salué la "patience et la sagesse" du nouveau Premier ministre Tammam Salam.

De son côté, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a estimé samedi que la formation du cabinet "permet de normaliser les relations" entre les différentes parties au Liban après de longues crises.

Le nouveau ministre libanais des Finances, Ali Hassan Khalil, membre du mouvement Amal, a affirmé de son côté que le 8-Mars a remporté une "victoire politique" avec la formation du cabinet Salam "en faisant passer le pays vers une situation meilleure". Le ministre a par ailleurs salué le caractère "unifié" et "rassembleur" du nouvel Exécutif. "Nous avons fait quelques sacrifices sur le plan politique pour permettre la naissance de ce gouvernement, a-t-il ajouté. Mais nous n'avons rien perdu".

Une affirmation qui intervient quelques minutes après les sévères critiques de l'ex-directeur général de la Sûreté générale libanaise, le général Jamil Sayyed qui s'en est pris au 8-Mars pour avoir accepté la nomination d'Achraf Rifi, comme nouveau ministre de la Justice.
S'adressant aux dirigeants du Hezbollah et d'Amal, M. Sayyed a affirmé que "ce n'est pas la première fois que les deux plus importants mouvements chiites libanais commettaient une erreur aussi grave à l'égard de leur public". Il a de ce fait annoncé qu'il se voyait obligé "avec regret" de couper "toute consultation" avec le 8-Mars, en raison de cette "erreur injustifiable".

Enfin, le ministre Rifi a de son côté assuré qu'il ne favorisera pas un Libanais plus qu'un autre. "J'ai certainement des convictions propres à moi, mais j'ai toujours été de ceux qui en appellent à l'État et à ses institutions en premier lieu", a-t-il dit. "Malheureusement, certains pensent qu'ils peuvent agir au-dessus des lois, mais il est temps de rétablir l'autorité de l'État qui est sur le point de s'effondrer", a-t-il ajouté en allusion au Hezbollah.

Évoquant l'absence des Forces libanaises dans le nouveau gouvernement, M. Rifi a exprimé sa "déception". "Les Forces libanaises constituent un parti politique important au Liban. Nous allons les représenter au sein de ce cabinet parce que nous partageons les mêmes idées et la même vision", a-t-il enfin dit.

A l'étranger, la France a appelé la communauté internationale à prêter assistance à ce nouveau gouvernement, tandis que la Grande-Bretagne a promis son "soutien total" en vue de la "paix et de la prospérité au Liban".
Les Etats-Unis ont également salué la formation du gouvernement, rappelant leur "engagement fort à la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban". Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a évoqué un "important premier pas".

 

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Après plus de 10 mois de tractations laborieuses entre les différents partis politiques, le gouvernement de Tammam Salam est enfin né samedi. Ce gouvernement comprend 24 ministres et il est basé sur la formule des "trois 8". Les deux grandes alliances du 14 et du 8 Mars obtiennent chacune 8 portefeuilles. Les 8 restants ont été attribués aux forces dites centristes, proches du président...

commentaires (6)

Nous avons tellement critiqué l'immobilisme de nos dirigeants que nous ne pouvons que nous féliciter de la formation du nouveau gouvernement. Espérons que cette formule soit productive et que ce gouvernement œuvrera efficacement pour organiser rapidement les élections législatives.

Robert Malek

02 h 16, le 17 février 2014

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Nous avons tellement critiqué l'immobilisme de nos dirigeants que nous ne pouvons que nous féliciter de la formation du nouveau gouvernement. Espérons que cette formule soit productive et que ce gouvernement œuvrera efficacement pour organiser rapidement les élections législatives.

    Robert Malek

    02 h 16, le 17 février 2014

  • "Sieur de "beau sieur" s'en est pris au 8 Mars pour avoir accepté la nomination d'Achraf Rifi, et ce même ministre de la Justice Achraf Rifi qui, de son côté, évoquant l'absence des Forces libanaises dans le nouveau gouvernement, a exprimé sa déception sachant que Les Forces libanaises constituent un parti politique important au Liban. Nous allons les représenter au sein de ce cabinet parce que nous partageons les mêmes idées et la même vision a-t-il enfin dit." ! Avec ceci, tout est dit.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 55, le 16 février 2014

  • Paix et prospérité au Liban avec ce nouveau gouvernement de trois mois seulement rêvons .

    Sabbagha Antoine

    11 h 48, le 16 février 2014

  • LES ÎLES MARSHALL S'ÉTANT ÉCLIPSÉES, LES IGUANAS DE L'ATOLL ANTARCTIQUE SE RÉVOLTENT... RIFI RIMANT AVEC RIF...RIFF... ET RIFIFI... ILS ONT PEUR POUR LEURS RIFS, LEURS RÉCIFS ET LEURS ACTIFS... QUE D'IFS À AVALER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 58, le 16 février 2014

  • Maintenant, reste à opérer la quadrature du cercle, à savoir, la rédaction de la déclaration ministérielle. Comment, en effet concilier les aspirations souverainistes du 14 mars avec les tenants du triptyque "armée, peuple, milice du Hezbollah". Comment affirmer la neutralité du Liban en référence à la déclaration de Baabda et faire siéger au gouvernement ces mêmes miliciens engagés au côtés de Bachar? Un ami me rassure en me signalant que la langue arabe recèle assez de subtilités pour pouvoir dire en une même phrase une chose et son contraire. Aurions-nous un gouvernement formé d'experts en langue de bois?

    Yves Prevost

    08 h 18, le 16 février 2014

  • Uff ! Une pause dans les clowneries politiques. Jamil Sayyed ne peut pas arrêter les siennes.

    Halim Abou Chacra

    05 h 26, le 16 février 2014

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