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Campus - Libre cours

Zoom sur les lauréats du meilleur court métrage d’étudiants libanais 

Fadi Kazan Moussallem.

Samer Nouh et Fadi Kazan Moussallem, diplômés le premier de l'Université Kafaat (2013), le second de l'Université libanaise (2012), sont les lauréats ex aequo du prix du meilleur court métrage d'étudiants libanais décerné à Beyrouth en clôture du 20e Festival du film européen, au mois de décembre.
« Ce prix constitue une récompense non seulement pour moi, mais également pour les acteurs, Renée Deek et Dory Moukarzel, et pour tous ceux qui ont participé à ce film », affirme Fadi Kazan Moussallem, 21 ans, qui sera invité prochainement à un festival international en France. Son court métrage, intitulé Dans le trou du nombril (In the Navel Hole), aborde le thème de la séparation mère-fils. « J'ai choisi de traiter ce sujet car la relation mère-fils est l'une des relations humaines les plus fortes », explique-t-il.
Le jury du prix du meilleur court métrage étudiant a souligné la qualité des images du film de Fadi Kazan Moussallem. Des images fortes et troublantes qui réussissent à plonger le spectateur, dès les premiers instants, dans un monde sordide créé par le jeune cinéaste pour montrer la nécessité de la séparation entre une femme et son fils lorsque le lien fusionnel qui les unit n'évolue pas avec le temps, les enchaîne lourdement l'un à l'autre et les coupe dangereusement de leur entourage. Douze minutes égrenées au rythme de gros plans récurrents. Un bout de tissu blanc (qui n'est pas sans rappeler le chorion qui recouvre le fœtus). Une chaîne rouillée ensanglantée (le cordon ombilical). Une baignoire usée dans laquelle se trouve un homme enchaîné, nu et recroquevillé. Et sur un canapé solitaire, dans une salle délabrée, une vielle femme épuisée, à bout de force, les seins nus et pendants, agrippe l'autre bout de la chaîne. « J'ai voulu dépeindre, en l'amplifiant et en l'exagérant, l'effet du temps sur les gens et les lieux, et recréer une ambiance qui rappelle, par sa forme géométrique, son humidité et ses couleurs, le trou du nombril », poursuit Fadi avant de confier : « Mon but est de toucher le spectateur et de provoquer des émotions. »
Le jeune réalisateur poursuit : « J'ai longtemps vécu proche d'une salle de cinéma et baigné dans l'ambiance des films. C'est donc naturellement que j'ai choisi d'étudier l'audiovisuel. » Aujourd'hui, son diplôme en poche, le jeune homme ambitionne de poursuivre des études de deuxième cycle en Europe. « J'espère pouvoir réaliser tous les films dont je rêve. Et je tiens à remercier le Dr Samir Habchy, tous les professeurs et l'équipe du film », conclut-il.

« Dans les détails »
Samer Nouh, 21 ans, lui, a voulu transmettre à travers son film de diplôme, intitulé Dans les détails (Into the Detail), une image plus réaliste de l'homosexualité. Son court métrage d'une durée de vingt minutes raconte avec pudeur et finesse une rencontre riche en émotions entre un jeune étudiant, Johnny, qui effectue un reportage sur Beyrouth, et l'homme qu'il veut interviewer, Georges, beaucoup plus âgé que lui. « J'ai choisi ce sujet car au Liban, les gens ont peur de l'homosexualité. De nombreux préjugés et beaucoup de fausses idées circulent sur les homosexuels. Et ce qui aggrave la situation, c'est que, souvent, les médias reproduisent une image erronée des gays. J'ai donc voulu à travers ce film en donner une image plus juste », explique Samer.
Le thème du film en tête, le jeune étudiant décide alors, avant de commencer la rédaction du scénario, d'effectuer une recherche sur l'homosexualité. Il lit des ouvrages publiés par des auteurs libanais qui abordent ce sujet.
« J'ai créé un autre conflit dans l'histoire pour permettre aux spectateurs de s'identifier plus facilement aux caractères », poursuit le jeune réalisateur. Samer Nouh est convaincu que, puisque le cinéma touche une large audience, les films doivent porter des messages humanistes et sensibiliser les gens aux grandes questions de notre temps. « Ils ne doivent pas se limiter au divertissement. Et cela même si on n'a pas toujours de solutions à offrir. Il suffit de poser les questions et de provoquer une réflexion », insiste-il.
Le jeune lauréat est invité au Festival international du court métrage d'Oberhausen, en Allemagne, en mai. Évoquant son prix, Samer confie avec sincérité : « J'avais peur de la réaction des gens. Et je peux dire qu'il y avait de très bons films en compétition. »
Cultivant depuis longtemps une passion pour la lecture et la storytelling (mise en récit), Samer travaille actuellement sur un long métrage. Le jeune cinéaste a un dernier mot : « Je déplore ce que font certains comédiens qui n'hésitent pas à déformer un groupe social – les homosexuels, les personnes qui souffrent d'obésité ou celles ayant des handicaps par exemple – pour faire rire le public. La comédie est un art. Elle doit avoir un rôle constructif et non le contraire. »

Samer Nouh et Fadi Kazan Moussallem, diplômés le premier de l'Université Kafaat (2013), le second de l'Université libanaise (2012), sont les lauréats ex aequo du prix du meilleur court métrage d'étudiants libanais décerné à Beyrouth en clôture du 20e Festival du film européen, au mois de décembre.« Ce prix constitue une récompense non seulement pour moi, mais également...

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