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Liban - Liban

Décès de Roula Yacoub : ce que racontent les témoins...

Les témoignages recueillis lors de l'enquête donnent une nouvelle dimension aux circonstances du décès de Roula Yacoub, après avoir été battue par son mari, Karam al-Bazzi.

La raclette-sol brisée...

Le procès-verbal de l'enquête dont L'Orient-Le Jour a pu se procurer une copie jette une nouvelle lumière sur l'affaire Roula Yacoub, qui défraie la chronique depuis quelque temps. Une lecture du document de plus de quarante-sept pages donne de plus amples détails sur les témoignages recueillis par les forces de l'ordre immédiatement après le décès de Roula Yacoub, survenu le 7 juillet dernier. Il en ressort certaines contradictions sur les circonstances qui ont précédé la mort de cette dernière. Le mari, Karam al-Bazzi, est accusé par la famille de la victime de l'avoir battue à mort.


Gabriella (11 ans) Yacoub raconte ainsi que le dimanche 7 juillet 2013, sa maman, Roula Yacoub, leur a demandé, à sa sœur et à elle, de lui apporter quelques affaires. Mais « une dispute verbale » est survenue entre les deux sœurs, ce qui a poussé la maman à les gronder en leur disant « si vous vous disputez, je vous promets une bastonnade ». Selon la fillette, la maman prend le manche de la serpillère (raclette-sol) et leur assène plusieurs coups. Arrive alors le papa, Karam Afif al-Bazzi, qui s'enquiert de la raison de la dispute, « brise la raclette-sol » et « s'en prend violemment à la mère » avant « de s'installer dans la salle de séjour ». Roula Yacoub « est alors entrée dans la chambre à coucher, est revenue puis est tombée par terre ».
Gabriella précise que ce dimanche-là, elle « n'a pas vu son père frapper sa maman, mais que trois jours auparavant, ils s'étaient disputés et il l'avait battue dans la chambre à coucher ». Selon la fille, « c'était la première fois qu'il le faisait, sachant que souvent ils se disputent et se houspillent respectivement ». Elle a en outre affirmé que « mon père ne me frappe pas, ni frappe mes sœurs ». « Il nous traite bien, mais c'est ma maman qui nous gronde de temps à autre », dit la fillette.


Gladys (bientôt 13 ans) Yacoub, dont le témoignage rejoint globalement celui de sa sœur, affirme en outre qu'elle « n'a pas vu son père briser la raclette-sol » et que ce dernier « n'a pas frappé » Roula, mais qu'il l'a fait « il y a trois jours » et c'était « la première fois » qu'il battait sa maman. La fillette précise plus loin que lorsque son père « frappait » sa mère, cette dernière lui disait : « Ne me frappe pas, je ne suis pas ton esclave. » Elle affirme, par ailleurs, que son père « est revenu à la maison après avoir déposé sa maman à l'hôpital ». Également selon Gladys, lorsque Roula Yacoub « s'est évanouie », Karam al-Bazzi « a essayé de la réanimer et m'a demandé de lui amener un verre d'eau ». « Elle ne s'est pas réveillée, je suis alors sortie dans la rue chercher de l'aide », dit-elle.


D'après le procès-verbal, le témoignage de Gabrielle et Gladys a été recueilli en présence d'une déléguée légale agréée pour les affaires des mineures et de la tante paternelle des filles, sachant qu'après le décès de leur maman, les enfants ont été vivre avec la famille du père.

 

(Pour mémoire : Manal Assi : un crime conjugal de trop ?)

 

« Si tu le racontes à quelqu'un, je te tue »
Mikhaël Yacoub avance de son côté qu'en ce dimanche 7 juillet, il a entendu des cris provenant de la maison de Karam al-Bazzi. Il est sorti au balcon pour voir ce qui se passe : « J'ai alors entendu des enfants crier, "Roula est tombée par terre" », raconte-t-il, soulignant qu'il est immédiatement accouru chez les Bazzi où il a vu deux hommes et Karam al-Bazzi essayant de transporter la femme « évanouie sur le sol » vers la voiture. « J'ai vu des traces de coups sur son bras droit, comme j'ai vu le manche de la raclette-sol brisé, ainsi que des débris de verre » dans la salle de séjour, ajoute-t-il. Mikhaël Yacoub a demandé à l'une des fillettes, « qui a trois ans », de lui raconter ce qui s'était passé, elle a répondu que « mon père a frappé ma mère ». Il poursuit que dix minutes après avoir transporté Roula à l'hôpital, Karam al-Bazzi est retourné à la maison. « Je lui ai demandé pourquoi il a laissé sa femme seule à l'hôpital dans l'état où elle se trouvait, il a expliqué qu'il voulait parler avec ses enfants, indique Mikhaël Yacoub. Il les a fait entrer dans la chambre à coucher où il est resté avec les filles près de trois minutes avant de repartir. »


Pour sa part, Fifi Lucia confie que vers 19h30, elle s'est rendue à la maison de Roula Yacoub, « pour m'enquérir des fillettes ». « À mon arrivée, j'ai vu son aînée, Gladys, qui pleurait en tenant son bras gauche, note-t-elle. Je l'ai prise à la salle de bains et je lui ai demandé de me raconter ce qui s'était passé ; elle a pleuré de plus belle et m'a alors dit que son père a battu sa mère avec la raclette-sol, puis s'est retourné contre elle. Elle m'a également demandé de ne rien dire parce que son père l'a menacée de mort si elle le racontait à quelqu'un, disant "si tu le racontes à quelqu'un, je te tue". »


Quant à Bouchra el-Khoury, elle affirme qu'elle savait que les choses ne tournaient pas rond au sein du couple, depuis une semaine déjà. Le dimanche 7 juillet 2013, elle a vu « Karam al-Bazzi et trois hommes du quartier » transporter sa femme à l'hôpital. « Elle semblait morte, elle avait les yeux grands ouverts et ne réagissait pas aux tapes que lui donnait son mari sur le visage », indique-t-elle. Bouchra el-Khoury les a suivis à l'hôpital. « Je suis restée avec elle, au moment où son mari l'a laissée et est parti », insiste-t-elle. Plus loin, elle affirme que suite à une altercation verbale qu'elle a eue avec le frère, Karam al-Bazzi a déclaré qu'« il n'y a pas un homme qui ne se dispute pas avec sa femme et ne la bat ».

 

(Lire aussi : La cause des droits des femmes au Liban : un état des lieux)

 

Les propos du mari
Sur les événements qui ont précédé le décès de sa femme, Karam al-Bazzi raconte que lorsqu'il était rentré à la maison, cet après-midi là, il a su ce qui s'était passé. « Je me suis énervé lorsque j'ai su qu'elle a frappé les deux filles » avec la raclette-sol. « J'ai grondé tout le monde et j'ai brisé la raclette-sol », a-t-il souligné, précisant que « quarante-cinq minutes plus tard, en sortant de la douche, j'ai trouvé Gaëlle, âgée d'environ deux ans, et Grace, âgée de trois ans, en train de jouer ». « Elles criaient, ce qui a réveillé notre bébé fille, ajoute-t-il. Ma femme est rentrée dans la chambre pour s'occuper d'elle. Elle l'a portée et en entrant dans la salle de séjour, elle m'a appelé. Elle était sur le point de s'évanouir. Elle a posé le bébé sur le sofa et s'est évanouie. » Karam al-Bazzi souligne qu'une fois arrivé à l'hôpital, « je n'ai pas quitté ma femme et personne de sa famille n'était en ma compagnie à son chevet ».


Par ailleurs, dans sa déposition, la maman de la victime, Leila Khoury, déclare qu'elle « accepte qu'une autopsie soit réalisée sur le crâne » de sa fille, ce qui n'a pas été effectué d'après les rapports des comités d'enquêtes professionnelles de l'ordre des médecins de Beyrouth et de Tripoli (voir L'Orient-Le Jour du 29 janvier 2014).


Rappelons que l'acte d'accusation n'a pas pris en compte ces témoignages susmentionnés, mais s'était basé sur ceux des deux hommes qui auraient aidé Karam al-Bazzi à transporter sa femme vers la voiture, comme sur celui des deux fillettes, Gabriella et Gladys. La question qui se pose est celle de savoir pourquoi ces témoignages ont été occultés ?

 

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Le procès-verbal de l'enquête dont L'Orient-Le Jour a pu se procurer une copie jette une nouvelle lumière sur l'affaire Roula Yacoub, qui défraie la chronique depuis quelque temps. Une lecture du document de plus de quarante-sept pages donne de plus amples détails sur les témoignages recueillis par les forces de l'ordre immédiatement après le décès de Roula Yacoub, survenu le 7 juillet...

commentaires (3)

DES HISTOIRES À GOBER PAR DES IDIOTS !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 59, le 11 février 2014

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Commentaires (3)

  • DES HISTOIRES À GOBER PAR DES IDIOTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 59, le 11 février 2014

  • Pauvres enfants victimes à vie non seulement de la violence d'un père qui a assassiné leur mère, mais aussi de la corruption du corps médical et d'une justice qui n'hésite pas à acquitter un fou dangereux.

    Robert Malek

    14 h 17, le 11 février 2014

  • ...... Et en plus il Manipule ses Filles....

    RIGA Pavla

    07 h 27, le 11 février 2014

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