Les premiers civils ont été évacués vendredi à bord d'un bus de la vieille ville de Homs assiégée depuis 600 jours, à la faveur d'un accord et d'une trêve entre armée et rebelles sur cet important front de la guerre en Syrie.
Ces civils - vieillards, femmes et enfants - font partie des quelque 3.000 personnes bloquées depuis juin 2012 dans les quartiers de la vieille ville tenus par les rebelles et assiégés par les troupes du régime de Bachar el-Assad.
Au moins trois bus ont évacué près de 60 civils selon la télévision d'Etat. Le correspondant de l'AFP sur place a vu une dizaine de personnes à bord d'un bus entouré de militaires syriens qui éloignaient les médias.
Avant de monter dans les bus pour une destination non précisée, les civils évacués avaient reçu les premiers soins et de la nourriture dans un bâtiment à leur sortie de la vieille ville, selon les médias officiels.
Sur les images de la télévision d'Etat, on peut voir au loin les immeubles détruits de la vieille ville de Homs, cité considérée comme "la capitale de la révolution" et dévastée par les combats.
Cette évacuation, la première du genre depuis juin 2012, a été permise par un accord annoncé jeudi et impliquant les protagonistes et l'ONU. Un cessez-le-feu de quatre jours est entré en vigueur pour permettre cette opération, selon des militants anti-régime.
En raison du siège, la situation humanitaire était désespérée dans les quartiers rebelles où les habitants grappillent tout ce qu'ils trouvent pour se nourrir. Outre les bombardements quasi-quotidiens, il y avait une pénurie de nourriture et de matériel médical.
"Le cauchemar est fini"?
Des employés du Programme alimentaire mondial (PAM) et un véhicule du Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR) supervisaient l'évacuation.
"Les gens qui quittent ont des sentiments partagés. Bien sûr, ils sont contents, car après plus de 600 jours de siège, le cauchemar est fini", affirme à l'AFP via internet un militant anti-régime de la vieille ville, Yazan.
Mais, précise-t-il, dans le même temps, "ils ont peur de l'avenir, ils ont peur que le régime les arrête. Personne n'a confiance dans le régime".
Dans le camp opposé, la télévision d'Etat a accusé les "groupes terroristes" -les rebelles selon la terminologie du régime-, d'avoir utilisé ces civils comme "boucliers humains".
Les évacuations devront se poursuivre dans les prochains jours, selon le gouverneur de Homs, Talal Barazi. "Les enfants de moins de 15 ans, les hommes de plus de 55 ans et les femmes" sont autorisés à partir.
L'accord porte également sur l'acheminement d'aides pour les gens qui ont choisi de rester dans les quartiers assiégés, mais cette opération ne commencera que samedi, a ajouté M. Barazi. L'ONU a parlé "d'une aide vitale à 2.500 civils".
Genève
Il s'agit du premier geste humanitaire du régime depuis le premier round de négociations avec l'opposition fin janvier à Genève.
Sur ce dossier, le régime a confirmé jeudi sa participation au deuxième round des négociations initiées sous la pression de Moscou et Washington, dans l'espoir d'une solution politique au conflit, déclenché par une contestation pacifique en mars 2011 et qui a fait plus de 136.000 morts et des millions de réfugiés. Ce deuxième round doit débuter le 10 février.
"Il a été décidé que la délégation syrienne participera au 2e round des négociations à Genève" lundi, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad, l'un des membres de la délégation au 1er round qui n'avait abouti à aucun résultat. Et le prochain s'annonce aussi difficile tant les positions des protagonistes sont éloignées.
M. Moqdad a d'emblée répété que le régime, qui assimile les rebelles à des "terroristes" et exclut toute discussion sur un départ de M. Assad, insiste pour parler en premier de la question du "terrorisme", alors que pour l'opposition, le dossier central est la transition dans le pays excluant M. Assad. L'opposition a déjà confirmé sa présence à la prochaine session, alors que les violences ne montrent aucun signe de répit.
Violences sans répit
Jeudi, les rebelles ont lancé un assaut contre la prison centrale d'Alep (nord), la deuxième du pays, contrôlant de larges partie de l'établissement, avant que les forces gouvernementales ne reprennent le dessus vendredi, selon l'OSDH. De plus, le sort des prisonniers était incertain en raison des versions contradictoires.
Ailleurs à Alep, le régime poursuivait ses raids aux barils d'explosifs qui ont tué plus de 250 personnes en 5 jours.
Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a condamné ces pratiques, qui ont un "effet dévastateur sur les zones habitées" et sont contraires aux lois humanitaires internationales.
commentaires (4)
Il ne comprend, ce genre de régime despotique et ne commence à faire des concessions, qu'avec la menace du recours au bâton !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
07 h 35, le 08 février 2014