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Économie - Conjoncture

Au Liban, la croissance peut atteindre 5 % en 2014... ou pas !

L'Institut de la finance internationale (IIF) vient de publier une étude sur les estimations de croissance au Liban pour les deux années à venir. Deux scénarios sont mis en avant : le premier s'appuie sur la poursuite de la paralysie politique et le second prend en compte une nette amélioration sécuritaire.

MM. Mikhaël, Iradian et Ghobril au cours de la table ronde hier.

Les discussions pour la formation d'un gouvernement n'aboutissent pas, l'élection présidentielle est reportée, la situation sécuritaire empire... Ce scénario « catastrophe », qu'on appellera A, fait partie d'une des deux possibilités évoquées dans l'étude effectuée par l'Institut de la finance internationale (IIF) sur les perspectives de croissance au Liban en 2014 et 2015. Le rapport a été dévoilé hier au cours d'une table ronde organisée par la BLOM Bank et animée par le directeur régional pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient de l'IIF, Garbis Iradian, l'économiste en chef à la BLOM Bank, Marwan Mikhaël, et l'économiste en chef à la Byblos Bank, Nassib Ghobril. Le deuxième scénario, B, assume une nette amélioration de la situation sécuritaire, grâce au progrès des négociations internationales autour de la Syrie et d'une stabilité politique interne.


« La croissance au Liban est profondément liée à la situation politico-sécuritaire, qui a une influence directe sur le tourisme, la consommation et les investissements », a souligné M. Iradian. Ainsi, dans le scénario A, le rapport de l'IIF prévoit une croissance de 1 %, des investissements privés qui poursuivent leur baisse, passant de 21,3 % du PIB en 2013 à 20,9 % en 2014, un nombre de touristes qui confirme sa chute de 40 % au cours des trois dernières années, un déficit public qui atteint presque 12 % du PIB (contre 5,5 % en 2010), une dette publique qui dépasse, elle, 150 % du PIB et un solde primaire négatif pour la deuxième année consécutive.
Le scénario « optimiste », prévoit une croissance de 5 à 6 %. Le nombre de touristes augmenterait de 16 % en 2014 et de 20 % en 2015, les investissements privés représenteraient environ 22 % du PIB (un chiffre qui reste cependant inférieur à ceux de 2010 et 2011), le solde primaire redeviendrait positif (+ 3,2 % du PIB en 2015) et le déficit public diminuerait à 9 % du PIB en 2014 et 6,9 % en 2015. Le secteur bancaire quant à lui fait figure d'exception, puisqu'il reste résilient dans les deux cas, avec des résultats en 2013 encourageants (+ 7,4 % de dépôts).

 

Des réformes structurelles pour une croissance à long terme
Selon M. Iradian, les deux scénarios sont probables à 50 %. « Pour se rapprocher le plus possible de la réalité, nous estimons que les chiffres les plus parlants se situent entre ceux du scénario A et ceux du scénario B », a pour sa part commenté M. Mikhaël. M. Ghobril, lui, était plus pessimiste. « Quelles ques soient les circonstances politiques, le pays n'a de toute façon pas les capacités d'assurer une croissance supérieure à 4 % en 2014 », a-t-il affirmé. « Il est vrai que la politique interne (formation d'un gouvernement et élection présidentielle, NDLR) a un impact direct sur la confiance des consommateurs et des investisseurs, mais pour changer réellement la donne, il faudrait un choc positif, qui, dans le cas libanais, serait le règlement du conflit syrien », a poursuivi M. Ghobril.


Par ailleurs, et quel que soit l'avis des intervenants sur le niveau de croissance au cours des deux prochaines années, ils ont tous les trois insisté sur deux priorités économiques que le nouveau gouvernement devrait prendre en compte : réduire le déficit public et mettre en place des réformes structurelles en investissant dans les infrastructures (électricité, transport, eau, télécoms...). « C'est le défi le plus important et le plus difficile à entreprendre, car de tout temps, les hommes politiques au pouvoir ont fait passer leurs intérêts personnels avant les intérêts des citoyens », a conclu M. Ghobril. On attend (vraiment) beaucoup du nouveau gouvernement.

 

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