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Liban - En dents de scie

Yes Sir, I Can Boogie

Fadi, la quarantaine, deux enfants : C'est dingue. Nous savons tous qui a tué Rafic Hariri, qui a tué les autres ; nous savons que l'Iran, la Syrie et le Hezbollah sont impliqués jusqu'aux dents. Alors dis-moi à quoi sert tout ce cirque judiciaire ? À quoi sert ce TSL ? À quoi sert ce procès par contumace ? Cela va sûrement contribuer à multiplier les attentats et les catastrophes au Liban, tu verras...

Au premier abord, il y a un point de vue. Depuis des années, la danse de mort entre sunnites et chiites libanais dynamite et tue à tour de bras. De plus, si les accusés avaient été présents, cela aurait eu un impact infiniment supérieur ; une fécondité beaucoup plus claire, indiscutable. Mais à y réfléchir par deux fois, en essayant de se mettre à la place des parents des victimes, et le jeune père de famille s'est prêté spontanément à l'exercice, il y a des évidences. Il y a déjà tout ce qui fait que ce Tribunal spécial pour le Liban et son œuvre au blanc restent fondamentalement nécessaires. Indispensables.

Ne serait-ce que pour nourrir un tant soit peu ce besoin incommensurable de vérité. De vérités, même, tant qu'à faire : des vérités qui ne ressusciteront aucunement un mort ou un martyr, certes, mais qui portent en elles ces molécules qui font les meilleurs baumes, ces Bactroban, ces Fucidine, ces mercurochromes capables de cicatriser les blessures d'un individu comme celles de tout un peuple. Besoin de justice aussi, naturellement : même bunkérisés en Iran ou liquidés au Liban, ces accusés, innocents jusqu'à preuve du contraire, doivent être sanctionnés publiquement, face au monde, blanchis ou condamnés, peu importe, tant la foi en ce TSL reste grande ; des phrases, des verdicts doivent être énoncés, clairement, épelés presque.

Plus encore : au-delà de ces trivialités judiciaires incontournables, il y a les symboles. Il y a ce bâtiment, cette Cour, cette solennité judiciaire comme autant d'appendices, de substituts à un État libanais tétraplégique et incapable de la moindre érection. Il y a aussi que ce procès inouï et inédit devient, dans la conscience collective de presque toute une communauté libanaise, le contre-7 mai 2008 idéal : pacifique, légal, légitime et qui retentit comme un assourdissant Nous sommes quittes, ou en voie de l'être. Il y a quelque chose d'apaisant dans cette dynamique, éloignée de toute revanche : le discours de politique locale de Saad Hariri, qu'il ait été commandé par Riyad et Washington ou pas, qu'il recèle cent et un pièges au Hezbollah ou qu'il soit synonyme d'humiliante, de criminelle abdication : le corps de Mohammad Chatah est encore tiède, revêt une importance phénoménale dans son timing. Comme si, maintenant que la machine judiciaire est en marche, la communauté sunnite n'a plus peur de rien, comme si elle pouvait se permettre de jouer de nouveau les grandes dames, les mécènes politiques.

Reste le plus vital des symboles : la mentalité des Libanais. Tous ou presque étaient imbibés jusqu'à l'os, entre 1975 et 1990, de cette drogue dure qu'est l'impunité ; aujourd'hui, juste une partie d'entre eux en jouit : qu'il soit chiite, chrétien, sunnite ou druze, le partisan du Hezbollah reste encore profondément convaincu qu'il est, toutes proportions gardées, à l'image du parti, de la Matrice, et de son arsenal illégal : au-dessus des lois, au-dessus de la Loi, intouchable, invincible. Bien sûr, le TSL ne changera pas grand-chose dans le concret : les îlots de sécurité continueront de fleurir et ce qui est interdit et sanctionné partout sera toujours permis dans la banlieue sud ou n'importe quel fief hezbollahi, mais cette première goutte dans le vase, aussi insignifiante soit-elle par rapport aux dégâts enregistrés, reste tout simplement inestimable.
Le TSL est la première cellule, souche, du Libanais 2.0. Ce n'est pas rien.

P.-S. : les symboles, certes, mais aussi l'hommage. À cet homme qui a été le père spirituel et le moteur de la résolution 1559 des Nations unies, née le 2 septembre 2004 ; cette résolution mère somptueuse et diabolique et qui a accouché, entre autres, c'était le 30 mai 2007, de la 1757 qui stipulait l'établissement du tribunal à caractère international pour le Liban... Aujourd'hui, en regardant ce qui se dit et ce qui se fait à Leidschendam, cet homme sourit. Satisfait. Cet homme, profondément amoureux du Liban tel qu'il devrait toujours être, pont entre deux rives sanctuarisé et pluriel, s'appelle Jacques Chirac. Le Libanais Fadi Nahas a remercié l'ancien locataire de l'Élysée et rappelé ses faits d'armes au cours du procès-verbal de la séance du conseil d'administration du 3 décembre 2013 de la Fondation Chirac. Il ne le savait sans doute pas, mais il le faisait au nom de l'immense majorité de ses compatriotes.

Fadi, la quarantaine, deux enfants : C'est dingue. Nous savons tous qui a tué Rafic Hariri, qui a tué les autres ; nous savons que l'Iran, la Syrie et le Hezbollah sont impliqués jusqu'aux dents. Alors dis-moi à quoi sert tout ce cirque judiciaire ? À quoi sert ce TSL ? À quoi sert ce procès par contumace ? Cela va sûrement contribuer à multiplier les attentats et les catastrophes au...
commentaires (2)

J'ai pas eu l'impression que Ziad s'adressait à quelqu'un dans son article , je vais pas déranger son monologue , Don Diégue .

FRIK-A-FRAK

13 h 00, le 18 janvier 2014

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Commentaires (2)

  • J'ai pas eu l'impression que Ziad s'adressait à quelqu'un dans son article , je vais pas déranger son monologue , Don Diégue .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 00, le 18 janvier 2014

  • Que penser de l’habileté de ces prestidigitateurs qui plaident, mais qui tire plutôt de leur chapeau cet "argumentation" : puisque nous ne pouvons répondre, ne répondons à Rien ! En d'autres circonstances, on aurait dit impossibles Malsains. Mais, tout en postposant le châtiment du vice au nom de la vertu, "la vérité vraie", les voilà ces mêmes "talentueux" saugrenus qui s'oublient au point de s'écrier : nous avons l'opinion fakkîhàRienne pour nous, et la "majorité" de ces gens-là sont convaincus que ces 5 de ce hézébbballâhlàh sont coupables de Rien ! Et voilà la justice qui sort du prétoire, et y entre la Malsanité qui cache, pas loin, leur arrogance. On ne peut ne pas parler de ce Tribunal, du fait de la famille Hariri qui a provoqué en tout élément Sain une émotion pénible qui résulte du fait qu’il éprouve pour elle ce sentiment chaleureux que l'on appelle sympathie, qui signifie aussi bien souffrir avec qu'une estime spontanée. Depuis 1 décennie, déchirée par la pire horreur qui soit, elle ne s'est jamais d'une attitude irréprochable départie. Non pas une sorte de molle dignité, une componction convenue ou une docilité. Mais la pugnacité qui convenait, et un acharnement fabuleux à lutter malgré les patentes mauvaises Malsaines volontés et les rebuffades dégueulasses qui, déjà, avaient contribué à son père.... tuer ! Elle trouve toujours les mots qu'il faut et l'attitude qui convient.... elle.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 14, le 18 janvier 2014

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