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Économie - Liban - Conférence

Les exportations agricoles progressent, les agriculteurs dubitatifs

Le ministère de l'Agriculture et le programme Agri Plus d'IDAL ont conjointement annoncé leurs résultats respectifs sur le plan des exportations pour l'année 2013. Des résultats positifs mais qui, s'ils ne sont pas contestés, soulèvent de nombreuses interrogations de la part de l'Association des agriculteurs.

La pomme de terre était en tête des exportations étiquetées Agri Plus, avec 198 000 tonnes exportées, soit 38 % du total des exportations en 2013.

Les exportations agricoles du Liban en 2013 ont progressé de 5,8 %, a annoncé hier le ministre sortant de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan.
Ces propos sont intervenus à l'occasion d'une conférence de presse conjointe tenue hier par M. Hajj Hassan et le président de l'Autorité de développement des investissements (IDAL), Nabil Itani. Ces derniers ont annoncé les résultats des exportations agricoles pour l'année 2013, premièrement à l'échelle globale du Liban et deuxièmement à l'échelle du programme Agri Plus d'IDAL.
Il convient de rappeler qu'Agri Plus, approuvé en 2011 en Conseil des ministres, est un programme de soutien subventionné à la compétitivité des produits agricoles libanais, notamment par le biais de l'amélioration de la production, de l'empaquetage, de la promotion et de la distribution de ces produits. Doté d'un budget annuel de 50 milliards de livres, il succède au programme Export Plus de soutien aux exportations, lancé en 2001.
Les résultats d'Agri Plus ont également « été positifs » en 2013, a indiqué pour sa part M. Itani. « Les exportations subventionnées par le programme ont bondi de 14 % avec 519 000 tonnes exportées l'an dernier, contre 455 000 tonnes en 2012 et 400 000 en 2011 – dernière année d'application d'Export Plus », s'est-il félicité. La pommes de terre était en tête des exportations étiquetées Agri Plus, avec 198 000 tonnes exportées, soit 38 % du total des exportations en 2013. Elle était suivie par les pommes (79 000 tonnes, 15 % du total) et les agrumes (78 000 tonnes, 15 % du total).
Sur le plan des pays importateurs, « le Liban a gardé intacts ses liens avec ses partenaires commerciaux : les pays du Golfe, la Syrie, la Jordanie et l'Irak (...) les exportations en direction de ce dernier pays ont d'ailleurs significativement progressé » en 2013, a noté M. Hajj Hassan.
Pour ce qui est d'Agri Plus, « la majorité des exportations (69 %) est partie en direction de la zone B (l'ensemble des pays arabes excepté la Syrie et la Jordanie). La zone A (Syrie, Jordanie) a attiré les 30 % restants », a précisé M. Itani.

Les plus
Les résultats positifs enregistrés par les exportations libanaises ont été imputés par M. Hajj Hassan à « l'augmentation notable des exportations de certaines récoltes, au recul des importations agricoles et au maintien de la vitesse de croisière, avec quelques fluctuations, de la consommation locale ». « Les exportations agricoles ont progressé car la production a augmenté, tout en conservant les mêmes standards de qualité, ainsi que la productivité », a-t-il ajouté. En outre, le Liban a exporté l'an dernier « de petites quantités, mais de très grande qualité (...) et d'une valeur importante » vers certains pays occidentaux, s'est-il félicité, mettant l'accent sur la diversification des marchés importateurs.
Pour ce qui est d'Agri Plus, les exportations de certains produits qui ont récemment rejoint le programme « ont enregistré de bons résultats, comme le miel ou encore l'huile d'olive », a relevé M. Itani. Ainsi, 50 % de l'huile d'olive libanaise subventionnée est allé en direction des nouveaux marchés de la zone A (Amériques du Nord et du Sud, et Australie), tandis que la moitié restante partait vers la zone B. De plus, « la proportion des fruits et légumes retournés ne s'est élevée qu'à 1 %, a révélé M. Itani, alors qu'elle pouvait atteindre 7 % pour certaines années ».

Les moins
Les exportations de certains produits agricoles comme la pomme et les agrumes ont enregistré un recul, a indiqué le ministre Hajj Hassan. La culture des pommes a été affectée par les microclimats de leurs régions de production, qui ont eux-mêmes favorisé la dissémination de certaines maladies. En ce qui concerne les agrumes, « les coûts de production couplés aux frais de transport et d'entreposage se sont montrés élevés, représentant un obstacle sur le plan de la compétitivité », a-t-il déploré. Par conséquent, a-t-il annoncé, le ministère de l'Agriculture « a distribué aux producteurs d'agrumes 100 000 boutures d'espèces agricoles différentes afin que ces derniers puissent diversifier leurs cultures ».
Autre obstacle de taille, le renchérissement des frais de transport terrestre en raison de la conjoncture régionale, même si le ministre Hajj Hassan a relevé que son interruption (aux frontières syro-libanaises) n'a duré « qu'une vingtaine de jours ».
À cet égard, l'un des membres du syndicat des exportateurs et importateurs de fruits et légumes, Ibrahim Tarchichi (président du syndicat des agriculteurs de la Békaa), a souligné pendant la conférence de presse d'hier que les frais de transport se répercutent « négativement » sur les exportations libanaises. « Le prix actuel facturé par un poids lourd réfrigéré pour un trajet vers la Jordanie tourne autour de 2 400 dollars et peut monter à 9 000 » dans certains cas, a-t-il martelé.
Des difficultés d'acheminement reflétées par le succès croissant du fret maritime, « qui ne représentait que 5 % du total des transports il y a deux ans et qui progresse d'année en année », selon M. Itani. En ce qui concerne Agri Plus, 69 % de l'acheminement des produits se fait toujours par voie de terre, tandis que le fret maritime représente 29 % et le transport aérien 2 %.

Les interrogations
Les résultats positifs dévoilés par le ministère de l'Agriculture ont été jugés « plausibles » par le président de l'Association des agriculteurs, Antoine Hoayek. « Ils concordent avec les résultats que nous avons obtenus. Cela étant, ce qui n'a pas été dit, c'est que les exportations ont chuté de 13 % par rapport à 2010. La situation était catastrophique et nous nous sommes redressés, mais nous sommes loin de la barre des 10 % de croissance précédemment atteinte... En ce qui concerne les affirmations d'IDAL, une progression de 14 % me paraît également plausible (...) », a-t-il indiqué.
Même son de cloche de la part du directeur du Centre de recherche et d'études agricoles libanais (Creal), Riad Saadé, qui rappelle que les chiffres des exportations sont réalistes, car « suivis et enregistrés », et transparents.
Ces résultats soulèvent pourtant de « nombreuses interrogations » parallèles de la part de M. Hoayek, qui dénonce à titre d'exemple certains écarts peu orthodoxes de la part d'IDAL et du ministère. Il affirme ainsi que des produits syriens seraient illégalement importés puis présentés comme libanais pour bénéficier de l'aide du programme Agri Plus. Interrogé par L'Orient-Le Jour sur les preuves dont il pourrait disposer et l'impact de ces pratiques sur les exportations, il réitère que les faits sont connus. « Les inspecteurs d'IDAL peuvent être facilement soudoyés ; ils ferment les yeux. Le contrôle est inexistant, c'est l'anarchie. Personne ne se rend compte de ce qui se passe, et voilà pourquoi l'Association des agriculteurs a toujours demandé de mettre en place des moyens de contrôle efficaces. »
En outre, s'interroge-t-il, pourquoi le contribuable devrait-t-il financer de sa poche (IDAL dispose de fonds publics) les exportations de produits agricoles alors que ces mêmes produits sont... importés ? « C'est le consommateur qui paie la différence », accuse M. Hoayek.
Pour sa part, M. Saadé demeure dubitatif face à l'efficacité des programmes agricoles instaurés par IDAL, censés selon lui être des solutions temporaires « en attendant de régler le problème de fond : l'exploitation des agriculteurs, maillon faible de la filière et grands perdants de la chaîne alimentaire ».

 

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