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À La Une - Assassinat Hariri

Assassinat Hariri : la défense met déjà en doute les théories de l'accusation

Les suspects ont tenté de lier les préparatifs de l'attentat à la ville de Tripoli.

Le procès dans l'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Hariri s'est ouvert jeudi 16 janvier 2014 à La Haye. Au centre de la salle d'audience, une maquette reproduisant le centre de Beyrouth avait été installée. REUTERS/Toussaint Kluiters/United Photos

Le procès dans l'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a repris vendredi à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye.

Le bureau du procureur a poursuivi son exposé détaillé de l'acte d'accusation, précisément de la toile d'araignée des appels et données téléphoniques qui ont servi de trame à l'exécution de l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre le 14 février 2005.

L'exposé de vendredi s'est ainsi concentré sur les appels téléphoniques entre les suspects et sur leurs déplacements dans Beyrouth, notamment près du lieu de l'attentat sur le front de mer de la capitale libanaise.

Selon le bureau du procureur, les opérations de surveillance de Rafic Hariri ont considérablement augmenté en janvier 2005, un mois avant le drame, comme le soulignent les appels échangés entre les suspects. Les suspects ont aussi tenté de lier les préparatifs de l'attentat à Tripoli, en achetant des numéros portables dans cette grande ville sunnite du Liban-Nord de manière à brouiller ainsi les pistes.Toujours selon l'accusation, la Mitsubishi ayant servi à l'attaque a aussi été achetée à Tripoli.

 

(Lire aussi : La justice en marche, promesse d'une nouvelle aurore, l'article de Michel Hajji Georgiou)

 

En outre, les suspects se trouvaient constamment dans le périmètre de déplacement de Rafic Hariri, notamment le 8 février près du Parlement, où l'ancien Premier ministre a assisté à une réunion parlementaire. Les appels entre les suspects se sont multiplés le 14 février alors que Rafic Hariri se déplaçait entre sa résidence de Koraytem et le Parlement.

Les suspects ont par ailleurs choisi Abou Adass, à l'origine de la fausse revendication, comme bouc émissaire. Il a été vu pour la dernière fois le 16 janvier 2005. La video dans laquelle Abou Adass revendiquait l'attentat a été enregistrée le 7 janvier 2005.

Les deux principaux accusés sont Moustapha Badreddine, 52 ans, décrit comme le "cerveau" de l'attentat par les enquêteurs, et Salim Ayache, 50 ans, accusé d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque.
Deux autres hommes, Hussein Oneïssi, 39 ans, et Assad Sabra, 37 ans, sont accusés d'avoir enregistré une fausse cassette vidéo, transmise à la chaîne al-Jazeera, pour revendiquer le crime au nom d'un groupe fictif, "Victoire et Jihad en Grande Syrie".

Un mandat d'arrêt contre un cinquième accusé, Hassan Habib Merhi, 48 ans, a été délivré en octobre 2013. Les poursuites à son encontre pourraient être jointes au procès des quatre autres accusés. Dans ce cadre, la chambre de première instance du TSL a tenu mardi une audience préliminaire (traitant strictement de questions procédurales), pour entendre les arguments de l'accusation et des conseils de Hassan Habib Merhi quant à la possible jonction des instances Merhi, d'une part, et Ayache ainsi que trois de ses complices, de l'autre.

 

(Lire aussi : Justice et violence : le face-à-face, l'article d'Elie Fayad)

 

Prenant la parole dans l'après-midi, les représentants des victimes ont indiqué que le TSL avait "le pouvoir de mettre fin à l'impunité. Le TSL a le pouvoir de déraciner la terreur au Liban". "Les victimes ont le droit de savoir. La justice ne pourra pas supprimer le mal fait aux victimes mis elle leur permettra de retrouver leur dignité humaine et leurs droits", ont-ils ajouté.

 

"Rien de nouveau"
A la fin de la journée, l'avocat de la défense, Antoine Korkmaz, qui protège les intérêts et droits de l'accusé Moustapha Badreddine a estimé que l'exposé du procureur "n'a rien apporté de nouveau." Lors d'une conférence de presse commune avec d'autres avocats de la défense, M. Korkmaz a déclaré que "nous n'avons aucune indication du contenu des appels échangés entre les suspects ni une preuve tangible des propos du procureur." "Nous n'avons encore pas connu la raison derrière l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri", a-t-il ajouté.

"C'est assez surprenant de voir qu'il n'y a toujours pas de mobile trouvé à ce crime", a confié aux journalistes Vincent Courcelle-Labrousse, un autre avocat de la défense. "Le procureur n'a pas avancé une seule raison" pour l'attentat, a-t-il ajouté.

Jeudi, à l'ouverture du procès, neuf ans après l'attentat du St Georges, les membres du bureau du procureur avaient effectué, tour à tour, un exposé très minutieux des faits et passé en revue l'acte d'accusation dans une forme détaillée. Toujours en fuite malgré des mandats d'arrêt internationaux, quatre accusés, membres du Hezbollah, seront jugés par contumace pour l'attentat suicide qui avait coûté la vie à l'ancien chef de gouvernement et à 22 autres personnes, et fait 226 blessés.

 

(Repère : TSL : Le tribunal, les accusés, l'acte d'accusation)


Il a fallu quelques minutes au procureur Norman Farrell qui effectuait un rappel des faits pour replonger l'audience dans les circonstances de l'attentat et lui faire revivre les moments d'ultime terreur qui ont ponctué la place de l'hôtel Saint-Georges, ce jour du 14 février 2005.

Des images du périmètre de l'hôtel Saint-Georges mis à feu et à sang, des corps déchiquetés, calcinés, des véhicules en flammes, des réservoirs éventrés... La scène apocalyptique des suites de l'attentat a été ressuscitée. Photos et vidéos à l'appui, la désolation, les cris et les gémissements de l'horreur ambiante ont été en quelques instants retransmis aux juges.

Selon l'accusation, les éléments à sa disposition montrent que "l'attentat a été préparé longtemps à l'avance" : faux indices pour brouiller les pistes, réseau de téléphonie fermé exclusif à quatre personnes et dont le fonctionnement a été interrompu après l'assassinat, réseau de surveillance sophistiqué pour suivre au pas à pas, et à la minute près, les déplacements de Rafic Hariri, fausse revendication par le biais d'Abou Adass.

Bref, toute une batterie d'éléments qui se consolident les uns les autres dans un engrenage constituant "un faisceau de preuves", assure l'accusation.

Les moindres détails sont épluchés, analysés et reliés entre eux : la chronologie des déplacements de l'ancien Premier ministre, les circonstances ayant entouré sa démission, la concomitance géographique et temporelle des appels effectués au sein du réseau, les mouvements, repérés par vidéo, de la Mitsubishi transportant les deux tonnes de RDX, une "substance 1,35 fois plus puissante que le TNT".


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commentaires (8)

SI L'ACCUSATION EST BASÉE SUR LES TÉLÉPHONES UNIQUEMENT CE N'EST PAS UNE PREUVE MAIS UNE SUPPOSITION. C'EST LA "THÈSE". IL FAUT QU'AU TSL ON DISCUTE AUSSI DE L'ANTI-THÈSE... JUSTICE OBLIGE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 21, le 18 janvier 2014

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Commentaires (8)

  • SI L'ACCUSATION EST BASÉE SUR LES TÉLÉPHONES UNIQUEMENT CE N'EST PAS UNE PREUVE MAIS UNE SUPPOSITION. C'EST LA "THÈSE". IL FAUT QU'AU TSL ON DISCUTE AUSSI DE L'ANTI-THÈSE... JUSTICE OBLIGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 21, le 18 janvier 2014

  • Pas déjà , mais depuis toujours , et si Saad Hariri parle de rejoindre le hezb résistant dans un gvnmt d'union nationale en plein Haye avec des membres du hezb accusés à tort, c'est bien qu'il a été frappé par la grace de Dieu !Nom de Dieu !!

    FRIK-A-FRAK

    23 h 13, le 17 janvier 2014

  • PRIÈRE LIRE MA RÉACTION COMME SUIT : IL "SERAIT" TRISTE ET TRÈS REGRETTABLE QUE DES LIBANAIS SOIENT LES AUTEURS DES ASSASSINATS... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 05, le 17 janvier 2014

  • VOILÀ DE QUAND DATE LE COMPLOT CONTRE TRIPOLI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 02, le 17 janvier 2014

  • IL EST TRISTE ET TRÈS REGRETTABLE QUE DES LIBANAIS SOIENT LES AUTEURS DES ASSASSINATS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 47, le 17 janvier 2014

  • Même tactique qu'ils adopteront plus tard aussi pour justifier leur assassinat de leur Ïméééd Moughanïyéhhh ; mais cette fois en le liant bien sûr à Israël !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 08, le 17 janvier 2014

  • L'art de détourner les consciences de leur objectif . En 2005 qui avait le plus intérêt à désarmer le hezb résistant ? Hariri ou israel? A la réponse évidente de cette question , pourquoi israel a agressé le Liban en 2006 et s'est fait battre sur le terrain , malgré 20.000 poltrons face à 2000 combattants . Voilà de vrais questions qui pousseraient vers d'autres évidences .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 29, le 17 janvier 2014

  • La Justice n’est pas de ce Monde.Un vrai puzzle de preuves ou la loi du plus fort ou bien la loi de la Jungle triompheront toujours .

    Sabbagha Antoine

    13 h 11, le 17 janvier 2014

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