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Liban - Analyse

Justice et violence : le face-à-face

Y a-t-il un rapport quelconque entre l'ouverture du procès des assassins de Rafic Hariri à La Haye et l'odieux attentat terroriste – un de plus – perpétré au Hermel, bastion du Hezbollah s'il en est ?
Nombre d'observateurs étaient hier tentés d'y croire, les uns pour dire que les commanditaires de l'explosion se rappelaient ainsi au bon souvenir du Hezb à l'heure même où commençait « le temps de la justice » pour ses hommes inculpés dans le meurtre de l'ancien Premier ministre; les autres, au contraire, pour y voir un nouveau défi lancé à la face de l'État de droit et des promoteurs de la fin de l'impunité.
On n'en saura rien, bien sûr. Ce que l'on sait, en revanche, au soir de cette journée historique, c'est que la violence terroriste abjecte, qu'elle soit aveugle ou ciblée, continue au Liban et dans la région d'être utilisée comme une arme politique ordinaire ; et dans le même temps que le processus devant conduire à en finir avec cet état de fait, à briser cette normalité de la violence, a enfin commencé.
C'est, dans le fond, ce processus qui donne toute son importance à l'action du Tribunal spécial du Liban, une importance dont nombre de Libanais n'ont pas encore, à ce jour, une idée précise. Certes, au premier degré, il est demandé au TSL de faire la vérité sur le séisme du 14 février 2005 et des attentats qui y sont liés, de prononcer les verdicts à l'encontre des individus qui seraient reconnus coupables de ces actes et de déterminer le niveau de sanction qu'ils méritent.
Mais au-delà de cette dimension judiciaire tout à fait évidente et normale, le TSL a, il est vrai, une tâche politique capitale à accomplir en quelque sorte : non pas dans le sens que ses détracteurs – régime syrien et Hezbollah en tête – se sont évertués à suggérer, mais au contraire pour viser l'objectif le plus noble qui soit, consistant à être l'outil susceptible de délivrer demain la vie politique libanaise – et après-demain moyen-orientale – de son fléau le plus laid.
En ce sens, le public du Hezbollah devrait lui-même se réjouir de la perspective engagée. Car si le TSL réussit dans la mission qui lui est confiée, dans deux ans ou dans dix, une explosion comme celle d'hier à Hermel serait sinon impossible, du moins plus difficile à préparer et à mettre en œuvre qu'à l'heure actuelle.
Certes, les amateurs d'attentats-suicide – comme cela semble être le cas au Hermel – ne seront jamais totalement maîtrisés, dans la mesure où la fin de l'impunité judiciaire ne les touche guère. Mais cela ne devrait pas être une raison pour ne pas travailler à sortir la violence des us politiques de la société.
La violence, et aussi l'arrogance politique. Le Hezbollah n'en démord pas : l'attentat d'hier était le cinquième visant ses bastions et son public depuis l'annonce au printemps dernier par son secrétaire général de son implication dans la guerre en Syrie aux côtés du régime. Qu'à cela ne tienne, les caciques du parti continuent à s'accrocher à la ligne officielle : « Il n'y a pas de lien » entre celle-ci et ceux-là, assurent-ils à chaque fois, comme si toute opinion critique à l'égard de cette participation à l'horreur syrienne équivalait à une justification quelconque des attentats terroristes.
Et c'est avec une telle mentalité que le Hezbollah aborde la question gouvernementale. Certes, il a concédé bien des choses sur ce plan, mais, comme toujours, il l'a fait indirectement, par le biais de son négociateur et « arrondisseur d'angles », Nabih Berry. Rien ne l'empêche un jour ou l'autre de revenir sur telle ou telle concession, en prétendant qu'il ne l'a jamais faite. Cela semble d'ailleurs être le cas, à l'heure actuelle, avec la question de l'inscription ou pas du triptyque « armée-peuple-résistance » dans le texte de la déclaration ministérielle.
M. Berry donnait ces dernières semaines le sentiment que le Hezb pouvait désormais s'en passer, mais avec le recul de l'éventualité d'un gouvernement dit de « fait accompli », le 8 Mars s'est quelque peu repris et tente à nouveau de remettre cette équation ou quelque chose qui lui ressemblerait sur le tapis.
Comment, avec de tels procédés, venir à bout de la terrible crise de confiance qui a empêché jusqu'ici les protagonistes de concrétiser les avancées enregistrées dans le dossier gouvernemental ? On est en droit de se le demander.
Comme on devrait s'interroger, dans le même temps, sur l'évolution de l'attitude du Hezbollah à l'égard du TSL. Sur ce plan, au lieu de continuer à soustraire ses accusés à la justice, il serait bien inspiré de prendre exemple sur... le général Jamil Sayyed.
Fidèle à lui-même, l'ancien directeur de la Sûreté générale, qui se trouve à La Haye, a dit hier pis que pendre du tribunal international, mais il a admis – peut-être sans se rendre compte du parallèle qu'on pourrait faire avec le Hezbollah – qu'il valait mieux, pour se défendre, « être dedans que dehors »...

Y a-t-il un rapport quelconque entre l'ouverture du procès des assassins de Rafic Hariri à La Haye et l'odieux attentat terroriste – un de plus – perpétré au Hermel, bastion du Hezbollah s'il en est ?Nombre d'observateurs étaient hier tentés d'y croire, les uns pour dire que les commanditaires de l'explosion se rappelaient ainsi au bon souvenir du Hezb à l'heure même où commençait...

commentaires (2)

Justice et violence un face-à-face qui risque de briser la mosaïque libanaise dernier rempart du Moyen-Orient ou toutes les confessions survivent dans un tout petit pays .

Sabbagha Antoine

14 h 00, le 17 janvier 2014

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Commentaires (2)

  • Justice et violence un face-à-face qui risque de briser la mosaïque libanaise dernier rempart du Moyen-Orient ou toutes les confessions survivent dans un tout petit pays .

    Sabbagha Antoine

    14 h 00, le 17 janvier 2014

  • Certes, comme tout un chacun, on s'efforce d'être hyper-serein et, s'agissant de ce pays au lait et au miel ; c'est lui qu’on préfère ; de dire que malgré toutes les tentations contraires, on doit travailler à la conservation de ce malade bien-aimé. Mais, à l'instar de Rafîk Hariri qui aurait été, assuré, dans les mêmes dispositions d'esprit, on a du mérite de ne pas céder à une certaine lassitude ; yâ hassértéhhh ! Car enfin, pour le dire sans fard, on a déjà la dose. Il semble, en effet, qu'on avait déjà interprété une pièce du même répertoire il y a quelque temps ; + ou – dix ans : avec de semblables anthropométries, celles qui servent à l'identification des assassins et des voyous. Avec les mêmes comptes rendus de prévarications et forfaitures. Et d'identiques alternances de pleurnicheries et d'arrogance de la part de Mafiosi et porte-flingues Malsains, dont il ne faut plus douter qu'ils ont mis en place dans le plus beau coin de ce « Croissant Fertile » une exceptionnelle concentration de prébendes, de banditisme, de voy(e)ourisme, de clientélisme et de connivences miliciennes Martiennes militaristes fakkîh-IranàRienistes ! Leur argumentation à décharge, toujours la même, restera à jamais pitoyable et Per(s)céee…. Comme à l’accoutumé ; yâ wâïyléééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 54, le 17 janvier 2014

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