L’aide saoudienne via la France : on entre dans le vif du sujet

L'aide consentie par l'Arabie saoudite au bénéfice de l'armée libanaise, qui consiste en un don d'une valeur de 3 milliards de dollars en armes et équipements militaires français, est entrée déjà dans la phase des préparatifs intenses, déclare une source informée de ce dossier à L'Orient-Le Jour.

On se souvient que l'annonce de cette aide, faite par le président de la République, Michel Sleiman, à la fin de l'année dernière, avait suscité de sévères critiques dans certains médias proches du 8 Mars. Ces critiques étaient dirigées pêle-mêle contre l'Arabie saoudite, la France et le chef de l'État, accusés de chercher à contrer et affaiblir le Hezbollah.
Mais, ainsi que le relève la source informée, aucune formation politique de conséquence n'a exprimé jusqu'ici de façon explicite et directe un quelconque désaccord avec cette manne, tant il est difficile, il est vrai, de s'opposer à un don au bénéfice de la troupe régulière.

On entre donc ces jours-ci dans le vif du sujet. Le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, vient de regagner le Liban au terme d'une visite en France au cours de laquelle il devait avoir des entretiens axés sur les besoins de l'armée. Ces entretiens seront poursuivis dans les prochains jours à Beyrouth où est attendu le chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Édouard Guillaud.
Mais il n'existe pas de calendrier pour le versement de l'aide, souligne cette source qui rapporte néanmoins le souhait des parties prenantes d' « aller vite ».

À en croire la même source, il n'existe pas non plus de conditions politiques ou de quelconques limites imposées à l'aide projetée. Ce sont les Libanais qui décident, pas les autres, et c'est à l'armée libanaise qu'il revient de définir ses objectifs et ses missions, et donc ses besoins, pas à ses donateurs.
À la question de savoir si, dans les textes des protocoles qui devraient accompagner les livraisons d'armes et de matériel, il y aurait des clauses spéciales interdisant la remise ou l'usage conjoint ou coordonné de ces équipements avec des organisations considérées comme terroristes par l'Union européenne (la « branche armée » du Hezbollah, par exemple), la source informée assure qu'il n'y aura aucune disposition spéciale en la matière et qu'on se contentera de la littérature traditionnelle en pareil cas.
Il est, en effet, notoire que les livraisons d'armes se font en général sous réserve que l'acheteur ou le bénéficiaire de l'aide n'est pas censé en faire profiter de tierces parties, à moins d'obtenir l'agrément du fournisseur.

Quoi qu'il en soit, la source citée affirme que dans cette affaire, la France n'est pas « contre quelqu'un », elle est simplement « pour l'État libanais » et qu'en la matière, il y a eu « convergence » entre Paris et Riyad.
Depuis juillet dernier, rappelle la source, il y a une mobilisation aux Nations unies en faveur du Liban. La réunion du groupe de soutien au Liban tenue le 25 septembre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en présence du président Sleiman entre dans le cadre de cette mobilisation. Les ambassadeurs des États membres de ce groupe, notamment les cinq grands de l'ONU, doivent d'ailleurs tenir aujourd'hui même une réunion de routine.
Le Conseil de sécurité est, comme on le sait, divisé au sujet de la Syrie. « On voulait éviter qu'il le soit à propos du Liban, souligne la source. Tout part de là. »

Elle explique que cette mobilisation a pour objectif d'aider les institutions officielles libanaises sur trois volets : le soutien à l'économie du Liban, l'assistance aux réfugiés syriens et l'aide à l'armée.
Ce troisième volet s'inscrit lui-même dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, et notamment de la 1701, qui prévoient le renforcement de l'armée libanaise.

Et puis, de toutes les manières, la communauté internationale, et la France en particulier, ne prônent-elles pas le retour de la force armée à l'État libanais ?

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