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Liban - Dans les coulisses de la diplomatie

A Beyrouth, la guerre Téhéran-Riyad

L'ambassadeur saoudien à Beyrouth, Ali Awad Assiri.

L'arrestation de l'islamiste saoudien Maged al-Maged a valu au service des renseignements de l'armée libanaise la reconnaissance et l'estime des grandes puissances et de nombreux États arabes, vu l'envergure dangereuse de cet homme, accusé d'avoir concocté plusieurs attentats-suicide au Liban et ailleurs. En l'arrêtant, les forces de l'ordre ont ainsi pensé contrer définitivement les projets terroristes qu'il préparait et lui soutirer ce qu'ils espéraient être « un trésor d'informations » à propos des attaques perpétrées dans la région, le dernier en date étant l'attentat de Bir el-Abed contre l'ambassade d'Iran.


Mais l'arrestation du peu fréquentable Maged al-Maged, l'émir des Brigades Abdallah Azzam, groupuscule lié à el-Qaëda, n'a pas duré plus de cinq jours à l'Hôpital militaire de Badaro, en raison de la détérioration rapide de son état de santé due à une insuffisance rénale. Avant même que l'enquêteur ne puisse l'interroger, Maged al-Maged est (malheureusement) mort. Mais son décès a épargné au Liban, du moins pour le moment, des problèmes qui commençaient à se dessiner avec de nombreux États désireux de connaître le contenu des aveux présumés du terroriste, notamment l'Iran, qui faisait pression pour « participer activement » à l'enquête à travers une délégation sécuritaire qui se préparait à venir à Beyrouth quelques heures avant la mort de l'émir. L'ambassade d'Iran à Beyrouth avait en effet transmis, 24 heures après l'arrestation de Maged al-
Maged, au ministère des Affaires étrangères un message du ministre iranien de la Justice Moustapha Bor Hamdi à son homologue libanais Chakib Cortbaoui, pour demander la participation iranienne à l'enquête, « étant donné que l'attentat de Bir el-Abed a visé un territoire iranien à Beyrouth ». Suite au message, le ministre iranien des Affaires étrangères a de son côté contacté son homologue libanais Adnane Mansour pour féliciter les autorités libanaises de l'exploit sécuritaire, lui rappelant la requête iranienne de participer à l'enquête. Une requête saluée par Adnane Mansour qui a pourtant appelé les Iraniens à attendre la décision du ministère de la Justice et du parquet à ce sujet.
Mais finalement, la mort de Maged al-Maged a mis un terme à ce projet, même si, selon certaines sources, les Iraniens aimeraient enquêter sur les raisons de la mort de l'émir, même après la déclaration du ministre Cortbaoui qui a affirmé hier, dans un entretien accordé à la LBC, que « Maged al-Maged est mort en raison de problèmes de santé, comme l'indique le rapport du médecin légiste ».


Sur un autre plan, le palais Bustros n'a encore reçu aucune requête de Riyad concernant le rapatriement de la dépouille mortelle du terroriste à son pays d'origine, et Maged al-Maged pourrait très bien être enterré au Liban. Par ailleurs, la mort de ce dernier a poussé l'armée à renforcer ses mesures de sécurité, en prévision d'éventuelles représailles des amis de Maged. Car depuis quelque temps déjà, les responsables sécuritaires redoutent des attentats-suicide qui porteraient les empreintes des Brigades Abdallah Azzam qui ont signé auparavant l'attentat de Bir el-Abed, ou les empreintes de Da'ech qui a revendiqué l'explosion de Haret Hreik jeudi dernier. Selon les responsables, la lutte contre le terrorisme à Beyrouth nécessite une collaboration avec les services de renseignements des États arabes, de Moscou et de Washington aussi, la Russie et les États-Unis étant déjà engagés dans cette lutte. Dans les milieux diplomatiques, on souligne aujourd'hui sans cesse la nécessité de renforcer l'armée, soit en accélérant la livraison des armes françaises achetées par l'Arabie saoudite au profit du Liban, soit en avançant la date de la réunion internationale qui devrait se tenir à Rome à ce sujet. Aux dires d'un diplomate à Beyrouth, « le Liban est bel et bien devenu le terrain du combat tacite entre l'Iran et l'Arabie saoudite, ou encore une variante de la crise syrienne ».

 

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commentaires (3)

Il ne manque plus que deux îles du Pacifique qui n'ont pas fait du Liban leur "arène de combat", grâce à la stupidité et aux sottises de Libanais.

Halim Abou Chacra

10 h 15, le 07 janvier 2014

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Commentaires (3)

  • Il ne manque plus que deux îles du Pacifique qui n'ont pas fait du Liban leur "arène de combat", grâce à la stupidité et aux sottises de Libanais.

    Halim Abou Chacra

    10 h 15, le 07 janvier 2014

  • Triste de voir toujours le Liban payer les pots cassés dans un monde arabe divisé toujours en plusieurs tribus .

    Sabbagha Antoine

    17 h 08, le 06 janvier 2014

  • Quand on parle du diable , il arrive qu'on l'apelle "l'ange des tenebres" , ces 2 qualificatifs ne peuvent pas etre separes qd on parle du demon , sinon on utilisant le 1er mot tout court, l'ange, on glorifie le diable ce qui ne peut pas etre le cas . Dans cet article on parle de l'emir tout court dans la phrase :

    FRIK-A-FRAK

    12 h 54, le 06 janvier 2014

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