Rechercher
Rechercher

Liban - Pédagogie

Lorsque le Collège des antonins de Baabda stimule le travail personnel en organisant un concours sur l’action de Michel Zaccour

Le personnage est peu connu du grand public. Surtout parmi les nouvelles générations. Michel Zaccour a pourtant joué un rôle actif au plan politique dans les années 30. Pour faire revivre sa mémoire, le Collège des pères antonins de Baabda a organisé un concours sur sa vie publique à l'intention des élèves du complémentaire. Avec comme objectif pédagogique de stimuler le travail personnel, basé sur la recherche et la documentation.

Michel Zaccour en compagnie du président Béchara el-Khoury dont il était inséparable.


Dans ce Liban en pleine tourmente et qui se cherche encore, il est important de se livrer à un éclairage sur des hommes et des femmes qui ont, jadis, marqué leur temps et leur époque, qui ont joué un rôle constructif et positif, il y a déjà plus d'un siècle, au niveau de la vie politique, culturelle, économique et sociale du pays. Faire connaître leur action et leurs œuvres aux jeunes générations est un devoir de mémoire.
C'est dans ce cadre que le Collège des pères antonins de Baabda a pris il y a quelque temps l'heureuse initiative d'organiser un concours au niveau des classes complémentaires sur la vie et l'œuvre d'une personnalité peu connue du grand public, Michel Zaccour, homme politique, député, ministre, écrivain et journaliste. Cette louable initiative s'est concrétisée en étroite collaboration avec la famille de Michel Zaccour, la municipalité de Chiyah, localité dont il était originaire, et l'Association des amis du collège. Très proche du président Béchara el-Khoury, il a joué à la fin des années 30 du siècle dernier un rôle politique important, mais discret, notamment au sein du courant destourien. Il est décédé subitement alors qu'il était à l'apogée de sa vie politique, laissant un grand vide derrière lui, notamment parmi ses compagnons de combat. Son parcours personnel et public a fait l'objet d'un livre écrit par notre collègue Alexandre Najjar, sous le titre L'Enfant terrible – Michel Zaccour – 1896-1937. L'ouvrage a été traduit en anglais et en arabe.
Lors de la cérémonie de remise des prix au cinq élèves lauréats du concours organisé par le Collège des pères antonins, Edmond Gharios, président du conseil municipal de Chiyah, a évoqué la situation présente de cette localité et de l'ensemble du littoral du Metn-Sud dont elle fait partie, pour enchaîner sur la personnalité, l'œuvre et le message de Michel Zaccour. Il a notamment déclaré à cet égard : « Préserver la mémoire d'une ville, de son patrimoine culturel et historique, est une grande responsabilité qui incombe au conseil municipal et à son président. Une telle tâche est bien difficile de nos jours, alors que la majorité des symboles ont disparu avec les années de guerre, les années de 1975 à 1990 qui ont totalement changé le visage de Chiyah, ses rues, ses jardins, ses maisons anciennes, ses églises... et tant de souvenirs... que les jeunes générations ne connaissent pas. »
Et Edmond Gharios de poursuivre : « Mais il y a des personnes dont l'œuvre et les réalisations transcendent leur époque, leur souvenir demeure vivant dans la mémoire collective. Michel Zaccour en fait partie. Il est présent dans les consciences des fils de Chiyah et grâce à la fidélité à l'égard de sa mémoire. Député de la région, ministre de l'Intérieur, journaliste fondateur du journal al-Maarad et l'un des piliers de la pensée destourienne, il était le fils de son milieu qui a cru en la convivialité et en l'unité nationale islamo-chrétienne. Il n'a cessé de réclamer pour son pays l'indépendance, pour le peuple sa liberté, luttant pour la dignité de l'individu et faisant fi des dangers. »
Et d'ajouter : « Il fut une école de patriotisme, menant un combat pour le dialogue et l'ouverture à l'environnement arabe. Pour tous les fils du littoral du Metn-Sud, Michel Zaccour est en soi un exemple de vie loin de tout esprit confessionnel ou sectaire, se plaçant toujours du côté du droit et de la légalité, de la Constitution, de l'État et ses institutions. Pour lui, le journalisme était une vocation, et il n'a cessé de prôner l'édification d'une République exemplaire et démocratique, refusant les surenchères, rejetant les idées et les projets démesurés qui foisonnaient à l'époque, s'opposant à l'appât du gain facile, perceptible lors de la période de l'après-guerre 14-18... »
Edmond Gharios souligne aussi que pour immortaliser sa mémoire, un des boulevards de la région de Chiyah porte son nom et il en sera de même pour la bibliothèque au sein du complexe culturel municipal. Plusieurs autres activités sont également prévues dans ce cadre pour perpétuer son message.

L'importance du travail personnel
Makram Zaccour a pour sa part évoqué la mémoire de son père et de tous ceux dont le Liban peut s'enorgueillir. Il a invité les jeunes élèves à suivre leur exemple et à s'engager à construire l'avenir du pays sur des bases saines et solides.
Le supérieur du collège, le R.P. Georges Sadaka, a félicité de son côté les lauréats pour leur recherche remarquable. Il a notamment insisté sur l'importance, au côté de l'enseignement académique, de la recherche, de la documentation, du travail personnel et du travail en équipe afin que l'élève apprenne à former sa personnalité, son jugement propre, à acquérir le sens du dialogue, de manière à éviter le suivisme aveugle.
Chacun des cinq lauréats a reçu la somme de mille dollars ainsi que le coffret du journal al-Maarad de Michel Zaccour. Les cinq lauréats sont : Assil Janbeih (classe de seconde), Richard Fakhr (3e), Marilyne Issa (4e), Christy Belle Géha, (4e), Marvin Hadchiti (4e).
Étaient présents à la cérémonie de remise des prix, qui s'est déroulée dans une atmosphère conviviale, le supérieur du Collège des pères antonins de Baabda, le R.P. Georges Sadaka, le vice-supérieur, le R.P. Tony Ghanem, le directeur du collège, le R.P. Wissam Harb, des membres de la famille Zaccour, M. Edmond Gharios et les membres du conseil municipal de Chiyah, plusieurs membres des amis du collège, dont Dr Georges Salem et des anciens, le corps enseignant, les parents et les élèves du complémentaire. Émilie Imad a présenté la cérémonie et deux élèves ont interprété des morceaux de musique sur piano.
Cette rencontre enrichissante et motivante autour de l'œuvre et de la pensée de Michel Zaccour constitue, à n'en point douter, un exemple à suivre et à encourager à différents niveaux afin d'inciter les élèves à parfaire leur formation en s'arrachant à la routine de la vie scolaire quotidienne.

Dans ce Liban en pleine tourmente et qui se cherche encore, il est important de se livrer à un éclairage sur des hommes et des femmes qui ont, jadis, marqué leur temps et leur époque, qui ont joué un rôle constructif et positif, il y a déjà plus d'un siècle, au niveau de la vie politique, culturelle, économique et sociale du pays. Faire connaître leur action et leurs œuvres aux jeunes...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut