8-8-8, 9-6-6, 10-10-10, 8-8-8 bis et le reste est à l'avenant... Des chiffres pour caser tout le monde, pour n'indisposer personne et des lettres pour faire passer la pilule : gouvernement d'union nationale, cabinet neutre ou non partisan et des technocrates pour boucher les trous... Ainsi va la vie politique au pays d'Ubu roi, au pays de tous les possibles et de tous les impossibles.
Faisons l'impasse, pour une fois, sur les attentats terroristes, sur les assassinats, sur les jihadistes et autres barbus qui rendent paranoïaques, quasiment insomniaques, l'ensemble des Libanais et focalisons sur la simple gestion des affaires, sur la gouvernance qui est supposée garantir le bien-être du citoyen. Sans conteste, il y a là de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête... à défaut de les perdre.
Un Parlement aux abonnés absents, un gouvernement qui se meurt et un autre qui hésite à naître alors que la gestation des neuf mois est achevée. Le tableau pour terrifiant qu'il soit risque de devenir d'une banalité désarmante au vu des catastrophes qui guettent le pays : une présidence vacante, des finances laissées à l'abandon et un budget d'État inexistant pour la neuvième année consécutive. Inutile alors de pousser des cris d'orfraie si demain le Liban est déclaré pays failli par les instances internationales.
D'échéance en échéance, toutes les dates limites sont transgressées et ne subsistent plus sur l'échiquier piégé que des fous furieux engagés dans des duels sans espoir où toutes les parties sont forcément perdantes, des plus futées aux moins avisées.
Est-il étonnant dès lors que les jeunes et moins jeunes qui étaient venus passer leurs vacances de fin d'année au Liban n'aient plus eu pour souci, au constat de l'imposture ambiante, que de fuir au plus vite avant que les murs de la haine et de la bêtise ne les piègent à domicile ? Est-il surprenant que de nombreux parents n'envisagent d'avenir pour leurs enfants qu'à l'étranger, loin, bien loin d'un pays qui leur tourne le dos et qui ne leur offre presque plus d'opportunités de travail ?
Des chiffres et des lettres, chiffres de l'impuissance, lettres de l'intoxication : voilà dans quoi s'enlisent ceux qui sont supposés nous représenter, voilà dans quoi se dévoilent les pires arrière-pensées. Les murs de l'enfermement, entre-temps, avancent à grands pas et menacent de balayer les derniers espoirs d'un retour à la raison.
Ne l'oublions pas : en toile de fond il y a toujours la guerre civile en Syrie, les positionnements antagonistes des Libanais à cet égard et la volonté tenace de plus d'une partie de perpétuer l'état de déliquescence. L'ouverture à La Haye du procès sur l'assassinat de Rafic Hariri, où le Hezbollah fait figure d'accusé à travers cinq de ses membres, n'est évidemment pas pour calmer les ardeurs des uns et des autres... que le gouvernement soit formé demain, dans dix jours ou à la saint-glinglin.
La valse des chiffres et des lettres n'est pas près de se terminer... celle des noms aussi bien entendu !
Entre les murs
OLJ / Par Nagib AOUN, le 13 janvier 2014 à 00h00
commentaires (2)
Le retour à la raison est primordial en effet pour un retour aux sources pour sauverle pays de la guerre et de la crise économique.
Sabbagha Antoine
14 h 06, le 13 janvier 2014