Le décès samedi dernier de l'émir des Brigades Abdallah Azzam, le Saoudien Maged al-Maged, maintient, sous une autre forme, la querelle irano-saoudienne, qui avait été provoquée d'abord par des questions sur la prise en charge de l'interrogatoire du terroriste. Si son décès a été qualifié de prime abord de « naturel, des suites de sa maladie (déficience rénale) », selon le rapport du médecin légiste qui avait été chargé d'examiner la dépouille mortelle, Riyad a transmis hier par les voies diplomatiques la demande de rapatriement de sa dépouille mortelle. L'exécution de cette demande devra néanmoins attendre l'autopsie, demandée hier par Téhéran, qui a fait état de sa disposition à y participer. De fait, trois médecins légistes experts ont été chargés hier par le procureur général de revoir le dossier et d'en rédiger un rapport final, préalablement au transfert de la dépouille mortelle en Arabie.
Dans les détails, une lettre a été envoyée hier par l'ambassade saoudienne au palais Bustros, transmettant la demande du frère de Maged al-Maged de rapatrier le corps de ce dernier en Arabie en vue de son inhumation. Le ministère des Affaires étrangères aurait envoyé la demande aux autorités libanaises compétentes.
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Cette demande devrait en principe être honorée éventuellement. Le ministre sortant de la Justice, Chakib Cortbaoui, avait affirmé dimanche que les autorités libanaises pourraient inhumer le Saoudien au Liban, mais seulement au cas où sa famille refuserait de rapatrier sa dépouille mortelle.
Dans des déclarations au quotidien panarabe Asharq al-Awsat, il avait assuré que le cas de Maged al-Maged sera traité comme celui de tout autre étranger : en cas de décès, c'est la famille ou le pays natal de la personne concernée qui présente, par le biais de son ambassade au Liban, une requête au ministère libanais des Affaires étrangères pour rapatrier le corps. De son côté, le ministère de la Justice transfère ensuite la requête au procureur général qui prend, lui, la décision finale.
Mais déjà l'Iran laisse entendre qu'il ne lâchera pas un dossier lié directement à l'attentat perpétré devant son ambassade à Beyrouth. À une semaine de la visite officielle à Beyrouth du chef de la diplomatie iranienne (voir par ailleurs), la porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mordiya Afkham, a affirmé que son pays « est prêt à coopérer avec le Liban sur l'autopsie du corps afin de définir les causes précises de la mort ». « L'Iran se réserve le droit de suivre l'affaire », a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse. Les sources du palais Bustros ont précisé néanmoins que la visite officielle du ministre iranien Mohammad Javad Zarif est à dissocier de celle de la délégation technique qui avait formulé vendredi dernier la demande de prendre part à l'enquête.
Maged interrogé avant sa mort ?
Si le ministre sortant des Affaires étrangères Adnane Mansour a estimé lundi que le décès de Maged al-Maged « porte un coup à la justice », privant les enquêteurs « des renseignements importants qu'il détenait et qui ont disparu avec lui », rien ne prouve outre mesure qu'aucune information ne lui a été extirpée entre son arrestation, le 26 décembre, et son décès, samedi.
Alors que le procureur général près la Cour de cassation par intérim, Samir Hammoud, avait affirmé au journal al-Akhbar que les services de renseignements de l'armée n'ont pas pu interroger l'islamiste parce qu'il était dans le coma pendant toute la durée de sa détention, un article du Figaro a affirmé sur la base « d'informations » qu'« avant de mourir, il aurait livré de précieuses informations sur ses commanditaires étrangers et les filières financières qui permettaient à son groupe de financer ses attentats ».
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commentaires (4)
Maged al-Maged est donc mort avec ses secrets . Ni l'Iran ou l'Arabie Saoudite ne doivent plus poser des conditions à son sujet .
Sabbagha Antoine
14 h 05, le 08 janvier 2014