L'opposition syrienne a accusé mercredi l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) d'être "étroitement lié" au régime de Bachar el-Assad que ce groupe jihadiste a cessé de combattre selon elle.
Cette critique, la première du genre de la coalition anti-régime citant nommémemt l'EIIL, intervient en réaction à la torture et meurtre par ce groupe d'un médecin rebelle dans le nord de la Syrie, selon l'opposition et une ONG.
"L'EIIL est étroitement lié au régime terroriste et sert les intérêts de la clique de Bachar el-Assad de manière directe ou indirecte", affirme la Coalition de l'opposition dans un communiqué. "Le meurtre de Syriens par ce groupe ne fait plus aucun doute sur les motivations derrière sa création, ses objectifs et les agendas qu'il sert, ce qui confirme la nature de ses activités terroristes et hostiles à la révolution syrienne", poursuit-elle.
Elle a appelé tous les rebelles ayant rejoint l'EIIL à abandonner ses rangs et à la "poursuite en justice des leaders de cette organisation terroriste tout comme les criminels du régime".
La Coalition a rapporté qu'un médecin rebelle, Hussein al-Sleimane, connu sous le pseudonyme d'Abou Rayyane, avait été capturé par l'EIIL à Maskana dans la province d'Alep et tué par balles" après avoir subi "les pires tortures".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le médecin faisait partie de la brigade islamiste "Ahram al Cham", et "l'une de ses oreilles avait été tranchée avant qu'il ne soit abattu par balles".
"Son corps a été remis par l'EIIL mardi dans le cadre d'un échange de prisonniers", indique l'OSDH.
En septembre 2013, l'opposition avait affirmé que "le phénomène de l'extrémisme est apparu avec le soutien et la planification du régime" et accusé les jihadistes d'avoir "volé" la révolution, sans citer directement l'EIIL, un groupe qui a fait allégeance à el-Qaëda.
Au départ pacifique, une révolte en Syrie s'est transformée en guerre civile après avoir été brutalement réprimée. Des déserteurs et des civils ayant pris les armes ont formé une coalition rebelle avant d'être pris de vitesse par des groupes jihadistes comme l'EIIL.
Récemment, la Coalition a accusé l'EIIL de ne plus combattre le régime et de faire la guerre aux rebelles et aux civils. Mais selon l'OSDH, ce groupe continue de combattre le régime près de Damas et dans le nord.
Le pouvoir en Syrie affirme quant à lui combattre des groupes "terroristes" financés par l'étranger dans cette guerre qui a coûté la vie à plus de 130.000 personnes en près de trois ans.
Mercredi, l'OSDH a précisé que l'année 2013 a été la plus sanglante depuis le début du conflit. "2013 a été l'année la plus sanglante depuis le début de la révolution" le 15 mars 2011, avec "73.455 morts" dont plus de 22.000 civils, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
L'OSDH a accusé "la communauté internationale d'être complice du bain de sang". "La communauté internationale ne s'est pas mobilisée de manière sérieuse pour arrêter les massacres qui continuent d'être commis en syrie et s'est contentée de condamnations", a déploré l'ONG. "Elle s'est concentrée dans les derniers mois sur la question de désarmement chimique après le massacre aux gaz toxiques du 21 août près de Damas (...) et a ignoré les dizaines de massacres dans lesquels des milliers de Syriens ont péri, dont de nombreux enfants et femmes", a-t-elle ajouté.
Un accord russo-américain prévoyant la destruction de cet arsenal a permis d'éviter des frappes militaires américaines en syrie, en représailles à l'attaque chimique meurtrière que Washington attribue aux troupes de Bachar el-Assad. Celui-ci en accuse la rébellion.
La guerre continue de faire rage à 22 jours de la tenue prévue en Suisse d'une conférence de paix censée trouver une issue au conflit.
Mercredi, le régime a poursuivi son offensive aérienne sanglante sur les secteurs rebelles d'Alep, tuant au moins cinq personnes dans cette métropole septentrionale visée par "des barils d'explosifs" largués à partir d'avions depuis le 15 décembre, selon l'OSDH.
Mardi, un obus tiré par l'armée sur un bus dans la ville a fait au moins 17 morts, d'après l'ONG.
Pour mémoire
La « fiancée de la révolution » syrienne sous l'emprise d'el-Qaëda
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme menacé de mort par des extrémistes
Amnesty accuse des jihadistes de torture et de meurtre en Syrie
Lire aussi
Liban : Le chef des Brigades Abdallah Azzam aurait été arrêté
Le corps d'un commandant du Hezbollah disparu en Syrie retrouvé et enterré à Baalbeck
l'ennemi de mon ennemi est mon ami...etc...
15 h 43, le 02 janvier 2014