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Liban

L’ambassadeur Chédid au Sénat US : « Le Liban a atteint le point de saturation sur les réfugiés »

Le problème des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie était à l'ordre du jour du Comité des opérations des Affaires étrangères du Sénat. Ce
comité, présidé par les sénateurs Lindsay Graham (républicain) et Patrick Leahy (démocrate), a, tour à tour, écouté les témoignages de l'ambassadeur du Liban à Washington (Antoine Chédid), de l'ambassadrice de Jordanie (Alia Bouran), de la secrétaire d'État adjointe aux Affaires des émigrés et des réfugiés (Anne Richard), du représentant en Jordanie du HCR (Haut-Commissariat des réfugiés) des Nations unies (Andrew Harper) et le conseiller politique de ce commissariat (Ewen Macleod).
Avant d'interroger longuement ces personnalités au cœur de la crise, dont la gérance, côté US, passe par le Congrès, le sénateur Patrick Leahy a dit : « Nous suivons tous la catastrophe humanitaire qui continue à atteindre la population syrienne et les pays avoisinants. Aucun de ces pays n'a, autant que le Liban et la Jordanie, été directement touché par ce désastre. Et le monde ne peut que saluer leur générosité. »
Après avoir souligné les bonnes relations entre les États-Unis et le Liban, l'ambassadeur Antoine Chédid a, pour sa part, précisé avec force et clarté que sa présentation devant ce comité était « un véritable cri de douleur au nom du Liban et de son peuple, car, jour après jour, l'impact sur le Liban de la crise des réfugiés syriens va en s'accroissant. Comme témoignent notamment ces chiffres : un matin, le HCR avait enregistré 763 000 réfugiés, nombre qui, dans l'après-midi même, a passé à 769 000. Cela sans compter les arrivées illégales. Portant le nombre total de ce flux à 1,3 millions, ou 30 % de la population libanaise ; ce qui équivaudrait à 93,5 millions de personnes débarquant en même temps aux États-Unis ».

Les sénateurs solidaires...
Côté dégât économique, M. Chédid s'est référé à la Banque mondiale qui l'a estimé à une perte de 7,5 milliards de dollars, de 2012 à 2014 ; avec un taux de chômage pouvant atteindre les 20 %. Et aussi, avec un budget national en déclin, le support de la crise des réfugiés syriens est trop lourd à porter pour le Liban. Leur présence dans 1 650 localités du pays crée partout des tensions : sociales, éducationnelles et sécuritaires.
« Autant de raisons, a poursuivi M. Chédid, qui nous poussent à en appeler à l'assistance de la communauté internationale. À cet égard, je voudrais remercier le Congrès américain et l'administration pour leur aide à la crise de 255 millions de dollars. » Et il a fait remarquer que le Liban, un pays ne dépassant pas la superficie de l'État du Connecticut, fait face à un « immense conflit extérieur dont il n'est nullement l'auteur ». Ajoutant, « comme il n'est pas possible d'imposer à une nation et à des individus l'impossible, je voudrais réitérer l'appel du Liban pour une plus grande assistance afin d'alléger ce fardeau qui va devenir de plus en plus lourd ». À savoir : procurer des fonds nécessaires pour encadrer et régulariser la présence de nouveaux réfugiés, assurer en Syrie des zones sécurisées pour ceux fuyant les zones de conflits, sachant que la Syrie est 18 fois plus grande que le Liban, et prendre en considération l'hiver qui s'annonce dur. Des mesures d'une extrême urgence, en espérant une percé du côté de la conférence de Genève 2 à laquelle le Liban participera. Et en secondant les pays avoisinant la Syrie, on pourra éviter le débordement du terrorisme.
Puis, les sénateurs membres du Comité des opérations des Affaires étrangères ont voulu en savoir encore plus. À la question d'évaluer le degré de pression que subit le Liban à cause de ce massif déplacement, M. Antoine Chédid a répondu :
« Au-delà de toute imagination, comme le montre cette carte où leur présence est signalée par des points rouges. Comme vous le voyez, l'espace blanc est en train de se rétrécir comme une peau de chagrin. La zone montagneuse est épargnée car la survie y est difficile. »

Assad en a-t-il pour longtemps ?
Réponse de l'ambassadeur Chédid : « Je n'ai pas devant moi une boule de cristal. Nous l'avons dit à maintes reprises, nous sommes pour une solution diplomatique et nous espérons la tenue de Genève 2. En attendant, nous sommes concernés par la prévision des 1,5 million de réfugiés que nous aurons à abriter. Nous ne voulons pas fermer nos frontières, mais nous allons atteindre un point de saturation qu'il nous est physiquement incapable de dépasser. D'où le besoin urgent d'une aide internationale pour pouvoir continuer. Et nous remercions le Congrès et l'administration pour leur soutien. »
À l'issue de l'audience, les sénateurs qui ont été réceptifs aux témoignages des ambassadeurs et des délégués des Nations unies se sont montrés solidaires du cours dangereux qu'est en train de prendre cette crise et ont fait part de leur volonté de traduire leurs préoccupations en action.

Le problème des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie était à l'ordre du jour du Comité des opérations des Affaires étrangères du Sénat. Cecomité, présidé par les sénateurs Lindsay Graham (républicain) et Patrick Leahy (démocrate), a, tour à tour, écouté les témoignages de l'ambassadeur du Liban à Washington (Antoine Chédid), de l'ambassadrice de Jordanie (Alia Bouran),...

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