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Moyen Orient et Monde - Crise

Rohani : Genève 2 doit mener à des « élections libres »

Entre 1 500 et 2 000 jeunes Européens apprentis jihadistes auraient gagné la Syrie depuis le début du conflit.

À Bruxelles, les ministres de l’Intérieur américain et belge, Rand Beers et Joëlle Milquet. Nicolas Lambert/Belga/AFP

Le président iranien Hassan Rohani a souhaité hier que la prochaine conférence internationale de paix sur la Syrie, dite Genève 2 et prévue le 22 janvier, « prépare le terrain afin d'avoir des élections absolument libres et sans conditions préalables. Il est de notre responsabilité mutuelle de défendre les idéaux et les demandes du peuple syrien, spécialement durant Genève 2 », a ajouté M. Rohani, en marge d'une rencontre avec son homologue irakien Nouri el-Maliki, selon le site de la présidence iranienne.
Il faut dire que le régime syrien et l'opposition continuent d'affirmer leur volonté de se rendre à Genève en janvier, mais ils semblent irréconciliables sur la place réservée au président Bachar el-Assad dans une éventuelle transition négociée. M. Rohani a également estimé que la conférence de paix devrait « mettre l'accent sur l'expulsion complète des terroristes », qualificatif utilisé par le régime syrien pour désigner les rebelles. Sur ce plan-là, les ministres de l'Intérieur français et belge, Manuel Valls et Joëlle Milquet, ont averti hier à Bruxelles qu'un nombre croissant de jeunes Européens partent combattre en Syrie dans les rangs d'organisations proches d'el-Qaëda. Entre 1 500 et 2 000 jeunes Européens auraient ainsi gagné la Syrie, selon les estimations citées par les deux ministres au cours d'un point de presse commun. Leur nombre était estimé à 600 en juin. « Les Belges sont entre 100 et 150, avec des mouvements », a précisé Mme Milquet. « Un peu plus de 400 Français sont concernés, dont 184 sont actuellement en Syrie », a pour sa part indiqué M. Valls. « 14 Français sont morts en Syrie, 80 sont revenus et une centaine veulent partir », a ajouté le ministre français.

De 45 à 90 jours...
« Lorsque le conflit a éclaté en Syrie, il était difficile d'agir car il s'agissait d'aller combattre un régime condamné par tous, ce qui rendait les incriminations difficiles », a rappelé Manuel Valls. Aujourd'hui, la situation a changé. « La plupart des individus ont fait état de leur volonté de combattre dans les organisations proches d'el-Qaëda », a-t-il expliqué.
Et si le « phénomène est particulièrement préoccupant » d'après les deux ministres, « il n'y a pas de retours massifs » de ces combattants étrangers, a indiqué Joëlle Milquet. « Aujourd'hui, nous ne constatons pas de menace directe ou avérée contre nos pays, nos intérêts ou nos ressortissants », a renchéri Manuel Valls. « Nous ne devons pas pour autant baisser les bras car les groupes jihadistes se sont renforcés et nos ressortissants deviennent dangereux », a-t-il averti.
La France et la Belgique coordonnent les actions des pays européens les plus concernés par ce problème. Trois réunions ministérielles ont été organisées avec leurs homologues britannique, allemand, néerlandais, espagnol, italien, suédois et danois. La dernière s'est tenue à Bruxelles mercredi soir, avant un Conseil des ministres de l'Intérieur de l'UE, et a accueilli le ministre de l'Intérieur américain Rand Beers, et des représentants du Canada et de l'Australie, ont précisé les deux ministres. L'UE cherche à combattre le recrutement, notamment via Internet, et veut démanteler les filières qui acheminent les recrues. « Nous devons neutraliser le cyberespace, et sur ce point, les Américains posent un problème à cause de leur premier amendement qui défend la liberté d'expression », a souligné Manuel Valls.
Les Européens doivent pour leur part se mobiliser contre les filières qui acheminent les recrues depuis l'Europe par les pays des Balkans, la Turquie, le Maroc. Une filière a ainsi été démantelée au Maroc, qui acheminait une dizaine d'individus par semaine en Syrie, a raconté M. Valls.
Reste la (relative) bonne nouvelle de la journée : deux adolescentes norvégiennes, d'origine somalienne, parties clandestinement en disant vouloir « aider les musulmans » et recherchées par Interpol ont été retrouvées par leur père en Syrie, a indiqué l'avocat de la famille hier. Leur père avait annoncé que les deux jeunes filles étaient retenues contre leur gré par des rebelles. La plus jeune, âgée de 16 ans, est blessée, une blessure par balle selon des médias norvégiens, et doit être rétablie avant de pouvoir quitter le pays avec sa sœur, a déclaré l'avocat Geir Lippestad à la chaîne NRK.

Pénurie
Par ailleurs, le Pentagone a dévoilé hier sa feuille de route pour la destruction des armes chimiques syriennes : un navire, deux usines portables, 45 à 90 jours pour traiter des « centaines de tonnes » d'agents chimiques. Après le refus de l'Albanie de détruire sur son sol les agents chimiques dits de « priorité 1 », considérés comme les plus dangereux et qui doivent avoir quitté la Syrie avant le 31 décembre, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a décidé de confier leur neutralisation aux États-Unis, qui mèneront ces opérations en pleine mer. Dans cette perspective, le Pentagone est en train de préparer sur sa base de Norfolk le MV Cape Ray, un cargo de 200 mètres appartenant à la flotte de réserve, avec les équipements nécessaires pour mener cette mission qui n'attend plus qu'un feu vert définitif de l'OIAC.
Sur le terrain, le journaliste et activiste Tim el-Kalamouni a affirmé que « l'autoroute nationale reliant Damas à Homs est toujours bloquée, et ce pour la 16e journée consécutive, en raison des affrontements entre l'Armée syrienne libre et des factions rebelles, d'un côté, et les forces du régime soutenues par les combattants du Hezbollah, de l'autre, ces deux camps se livrant une bataille surnommée "les portes de Dieu ne se ferment jamais" dans les périphéries de Damas ». Il a par ailleurs ajouté que « le régime essaye d'avancer du côté des fermes situées à l'est de Deir Attiya à Qalamoun ».
Sur le plan humanitaire, M. Kalamouni a assuré qu'on frôlait la catastrophe en Syrie, précisant que « les réserves de nourriture et de médicaments étaient presque vides. Les réserves d'eau dans la ville ont elles aussi commencé à se réduire, le réseau de distribution ayant été la cible de bombardements des forces du régime », mettant l'accent sur le fait « que l'électricité et les communications étaient complètement coupées à Nabak et ses environs ».

(Sources : agences)

Le président iranien Hassan Rohani a souhaité hier que la prochaine conférence internationale de paix sur la Syrie, dite Genève 2 et prévue le 22 janvier, « prépare le terrain afin d'avoir des élections absolument libres et sans conditions préalables. Il est de notre responsabilité mutuelle de défendre les idéaux et les demandes du peuple syrien, spécialement durant Genève 2 », a...
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