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À La Une - Diplomatie

Nucléaire iranien : Riyad accueille prudemment l'accord de Genève

Un allègement des sanctions européennes dès décembre.

Des Iraniens brandissant des portraits du chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif après l'accord sur le nucléaire iranien. Hemmat Khahi/Isna/AFP

L'Arabie saoudite est finalement sortie de son mutisme lundi pour accueillir prudemment l'accord de Genève sur le nucléaire iranien.

"Cet accord peut constituer un premier pas vers un règlement global du dossier du programme nucléaire iranien s'il y a de la bonne volonté", affirme le Conseil des ministres réuni lundi. L'accord entre les puissances mondiales et l'Iran "devrait conduire à l'élimination de toutes les armes de destruction massive, notamment nucléaires, au Moyen-Orient et dans le Golfe", a estimé le Conseil dans un communiqué. Il a dit espérer voir cet accord conduire à "d'autres initiatives importantes pour garantir le droit de tous les Etats de la région à l'usage du nucléaire civil".

L'Arabie saoudite et ses partenaires arabes du Golfe se sont inquiétés à maintes reprises du programme nucléaire de leur voisin iranien, redoutant, comme certains pays occidentaux, un volet militaire de ce programme.

La presse saoudienne, qui reflète généralement les vues officielles, s'est montrée carrément sceptique lundi sur les intentions réelles de l'Iran en ce qui concerne son programme nucléaire.

"Qui est le gagnant ?", s'interroge le quotidien Al-Riyadh. "Est-ce les six puissances mondiales ou le pays concerné (l'Iran) ?", se demande encore le journal.
"Les Etats du Golfe ont les mêmes craintes qu'Israël sinon plus", souligne aussi le quotidien selon lequel l'accord a pour conséquence de mettre ces pays sans défense devant le renforcement de la puissance nucléaire de l'Iran et de ses ambitions régionales".

Le quotidien économique Iqtissadia se demande, lui, si "Washington a laissé tomber ses alliés du Golfe". "L'accord avec l'Iran comporte des zones d'ombre et pourrait entraîner des pays de la région dans la course à l'armement nucléaire", estime, pour sa part, le journal arabe Al-Hayat à capitaux saoudiens.

Après cinq jours d'âpres négociations, les grandes puissances et l'Iran ont annoncé un accord au terme duquel la République islamique acceptera de limiter son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions économiques, ouvrant une nouvelle période de pourparlers sur le fond pendant six mois.

En Iran, la quasi totalité des journaux a salué l'accord et mis l'accent sur le succès personnel du chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif. "Ici, c'est l'Iran, tout le monde est content", titre en une le quotidien réformateur Etemad qui publie un reportage racontant, à partir de témoignages recueillis dans les rues de plusieurs villes mais aussi des réseaux sociaux, l'impatience des Iraniens restés réveillés toute la nuit de samedi à dimanche pour attendre le résultat des négociations de Genève.

Pour le quotidien réformateur Arman, il faut décerner "une médaille d'or à Zarif". Le journal publie en une une grande photo de Zarif à son arrivée à Téhéran. Assis sur un fauteuil, il a pris sur ses genoux Armita, la petite fille de Dariush Rezaï-Nejad, un scientifique nucléaire tué dans un attentat en 2011.

Plusieurs journaux publient également la photo de M. Zarif et du secrétaire d'Etat américain John Kerry en train de se serrer la main après l'accord de Genève. "Une poignée de main qui a permis de sortir de l'impasse", estime le quotidien Etemad en première page.

Parmi la vingtaine de quotidiens nationaux, seuls deux quotidiens conservateurs Kayhan et Vatan-Emrooz ont choisi un ton un peu critique. Pour Kayhan "les Etats-Unis ne sont pas dignes de confiance". "L'accord de Genève n'a duré qu'une heure" car John Kerry a affirmé qu'il "ne reconnaissait pas à l'Iran le droit à l'enrichissement d'uranium". "Zarif insiste, Kerry nie", titre pour sa part Vatan Emrooz en affirmant qu'"une heure après l'accord la bataille des mots a commencé entre les chefs de la diplomatie iranienne et américaine sur le droit à l'enrichissement d'uranium". L'Iran affirme en effet que l'accord prévoit son droit à l'enrichissement d'uranium malgré les déclarations de M. Kerry.

(Lire aussi : Interprétations libanaises variées de l'accord sur le nucléaire iranien)

Levée des sanctions "limitée, ciblée et réversible"
Pour honorer ses engagements, l'Union européenne devrait lever certaines sanctions dès décembre. L'Union européenne lèvera ses premières sanctions imposées à l'Iran "en décembre", a indiqué lundi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, pour qui l'accord sur le nucléaire empêchera Téhéran de "faire tout et n'importe quoi" en matière d'enrichissement d'uranium. Cette levée des sanctions sera "limitée, ciblée et réversible", a-t-il ajouté, sans préciser les domaines concernés. "C'est la même chose du côté américain", a rappelé Laurent Fabius.

L'accord conclu à Genève prévoit que "sur le stock d'uranium existant enrichi à 20%, l'Iran en retiendra la moitié en oxyde d'uranium pour fabriquer du combustible destiné au (réacteur de recherche civil iranien) TRR. Il diluera le (stock) restant à 20% d'UF6 (hexafluorure d'uranium, un gaz qui alimente directement les centrifugeuses d'uranium) à moins de 5%".
De plus Téhéran s'engage à ne pas enrichir de l'uranium à plus de 5% pendant six mois et à ne pas se doter de nouveaux sites d'enrichissement.

 

"Succès"
L'accord a été qualifié de "succès", dimanche, par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei et de "première étape importante" par le président des Etats-Unis Barack Obama.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a précisé qu'il faudra faire "un effort pour obtenir un accord complet qui demandera d'énormes engagements en ce qui concerne les vérifications, la transparence et la responsabilité."

Le président français François Hollande y a vu "une étape vers l'arrêt du programme militaire nucléaire iranien". Cet accord pourrait être "le début d'un accord historique pour les peuples et nations du Moyen-Orient et au-delà", a estimé, quant à lui, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. "Une percée a été réalisée, mais seulement un premier pas sur un chemin long et difficile", a nuancé le président russe, Vladimir Poutine.

Ainsi le Congrès américain a déjà annoncé qu'il était favorable à de nouvelles sanctions renforcées contre l'Iran, sanctions qui n'entreraient en vigueur que si Téhéran ne respectait pas l'accord conclu à Genève.

 

"Erreur historique"
Israël a, en revanche, rapidement rejeté l'accord de Genève. Interrogé sur ce rejet et sur le fait de savoir si l'on craignait des frappes préventives d'Israël, Laurent Fabius a répondu : "à ce stade non, parce que personne ne le comprendrait".

Dimanche, le président Obama s'est efforcé de rassurer Israël en appelant le Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Les deux dirigeants ont réaffirmé leur objectif commun d'empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire", a assuré le porte-parole présidentiel.
Mais le Premier ministre israélien a dénoncé "une erreur historique" après que son bureau eût évoqué un "mauvais accord qui offre ce que l'Iran voulait: la levée significative des sanctions et le maintien d'une partie significative de son programme nucléaire". Il a dépéché lundi son conseiller à la sécurité nationale à Washington.

Le chef de la délégation européenne en Israël, Lars Faaborg-Andersen, tentait lui aussi de rassurer les Israéliens. "Nous tenons fortement à la sécurité d'Israël", a déclaré M. Faaborg-Andersen lors d'une réunion à Jérusalem entre des ambassadeurs européens et le ministre israélien des Affaires stratégiques Yuval Steinitz.

Les Occidentaux et Israël soupçonnent Téhéran de dissimuler un volet militaire derrière son programme civil, ce qu'il nie. Cette question est au coeur des inquiétudes des pays occidentaux et d'Israël, qui craignent que l'uranium enrichi à 20% soit utilisé par l'Iran pour obtenir de l'uranium à 90% pour un usage militaire, malgré les dénégations de Téhéran.
L'Iran affirme que cet uranium est destiné à son réacteur de recherche et à des fins médicales.
l'Iran ne dispose que d'une seule centrale, Bouchehr, fournie et alimentée en combustible par la Russie. Selon les experts, il est nécessaire d'avoir 50.000 centrifugeuses enrichissant de l'uranium à 3,5% pour alimenter une centrale. L'Iran en possède aujourd'hui 19.000.


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commentaires (5)

C'EST LE MOINS QU'ON PUISSE DIRE : PLUS QUE PRUDEMMENT .... !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

18 h 05, le 26 novembre 2013

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Commentaires (5)

  • C'EST LE MOINS QU'ON PUISSE DIRE : PLUS QUE PRUDEMMENT .... !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 05, le 26 novembre 2013

  • UNE BONNE INITIATIVE ET UN ACCORD QUI PROFITERAIT À TOUS... ET PEUT-ÊTRE À TOUTE LA RÉGION... MAIS QUAND À LE CHANTER EN " VICTOIRE DIVINE "... COMME EN FONT CERTAINS... LOIN DE LÀ LES AMIS : LA JUGEOTTE ! Où EST-ELLE ? PERDUE POUR TOUJOURS ? CHERCHEZ-LA LOIN DES VICTOIRES DIVINES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 51, le 25 novembre 2013

  • TOUS DEVRAIENT SALUER CE PREMIER ACCORD... BIBI EXCLUS BIEN SÛR... ET SOUHAITER, DANS SIX MOIS, D'AUTRES ACCORDS POUR LE BIEN DE TOUTE LA RÉGION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 23, le 25 novembre 2013

  • Nucléaire iranien ou le triomphe du chiisme politique à l'égard d'un sunnisme politique arabe bien affaibli .

    Sabbagha Antoine

    16 h 20, le 25 novembre 2013

  • On s'y attandait un peu , la bensaoudie mesure le chemin qu'il y a a faire pour acceder a ces donnees scientifiques , elle en est tres loin et mesure aussi son niveau d'incompetence dans tous les domaines , voila ce que ca coute de vouloir suivre comme un chien de compagnie ses maîtres .Une bonne lecon pour nous autres arabes , si on peut dire ca comme ca !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 26, le 25 novembre 2013

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