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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Nucléaire iranien : « Maintenant, la partie vraiment difficile commence »

L'Iran et les grandes puissances ont scellé hier un premier accord historique pour contenir le programme nucléaire de Téhéran, mais ont souligné qu'il ne s'agissait que d'une « première étape » franchie.

La liesse des négociateurs après de très rudes négociations : le ministre iranien des AE tout sourire avec la chef de la diplomatie de l’Union européenne, et John Kerry et Laurent Fabius qui s’embrassent. C’était hier à Genève après l’entente entre l’Iran et les grandes puissances. Fabrice Coffrini/AFP

Après d'âpres négociations, les grandes puissances et l'Iran ont annoncé être parvenus à un accord au terme duquel la République islamique acceptera de limiter son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions économiques, ouvrant une nouvelle période de pourparlers sur le fond pendant six mois.
L'accord a été qualifié de « succès » par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et de « première étape importante » par le président des États-Unis Barack Obama. Le président français François Hollande y a vu « une étape vers l'arrêt du programme militaire nucléaire iranien ». Quant au président russe, Vladimir Poutine, il a reconnu qu'« une percée a été réalisée. Mais c'est seulement un premier pas sur un chemin long et difficile », a-t-il nuancé (lire par ailleurs).


Dans le même sens, le secrétaire d'État américain John Kerry a déclaré hier dans la soirée que « maintenant, la partie vraiment difficile commence ». Tout juste arrivé de Genève à Londres, il a précisé qu'il faudra faire « un effort pour obtenir un accord complet qui demandera d'énormes engagements en termes de vérification, de transparence et de responsabilité ».

 

(Lire aussi : Interprétations libanaises variées de l'accord sur le nucléaire iranien)

 

« Sans précédent »
Cet accord intérimaire a été qualifié hier de « solide » par des experts, mais ces derniers soulignaient que le plus dur restait à faire dans les six mois à venir.
« L'accord intérimaire est solide, il établit une gamme plus importante de contraintes et de vérifications sur le programme nucléaire iranien que ce qui avait été envisagé auparavant », a ainsi relevé Suzanne Maloney, spécialiste de l'Iran à l'institut Brookings de Washington. Pour elle, ce marché lie « Téhéran à un processus diplomatique dont les récompenses principales ne seront pas obtenues tant qu'un accord bien plus ambitieux n'aura pas été scellé ».
Partis d'une lettre du président Barack Obama à son homologue Hassan Rohani en juin et passés par une première rencontre entre le secrétaire d'État John Kerry et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, les petits pas entre États-Unis et Iran, ennemis depuis une génération, ont enfin abouti à un accord au terme de trois rounds de négociations, dans la nuit de samedi à dimanche à Genève.


Pour Joel Rubin, responsable du groupe de réflexion Ploughshares Fund, il est « sans précédent » que l'Iran ait accepté des inspections quotidiennes de ses usines nucléaires de Natanz et Fordo, ainsi que d'arrêter ses travaux sur le réacteur d'Arak.
« C'est un accord qui permet de gagner du temps puisqu'une grande partie du programme nucléaire iranien va être gelé pour six mois », ajoute à Paris Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique. « C'est un accord qui démontre la validité de la démarche de fermeté des 5+1, et notamment de la France. Ceux qui nous ont dit pendant des années que les sanctions ne marchaient pas et que les sanctions ne marcheraient jamais ont vu leur diagnostic totalement infirmé », analyse-t-il.

 

Trop d'ambition tue l'ambition
Mais à l'instar du président Obama, qui a prévenu samedi soir que « d'énormes difficultés persistent » dans ce dossier, les spécialistes de l'Iran ont mis en garde contre l'ambition d'une « solution complète ».
Pour Kenneth Pollack, également de la Brookings, il est « plausible » que l'Iran et les grandes puissances
parviennent à cet objectif, mais « il nous faut reconnaître que cette étape risque d'être bien plus difficile que l'accord qui vient d'être négocié. Les concessions que les deux parties devront effectuer seront bien plus douloureuses », selon lui. L'un des écueils pourrait être l'enrichissement d'uranium, étape nécessaire à l'élaboration d'une bombe nucléaire. L'Iran a assuré samedi que son droit à un tel processus n'était pas en cause dans l'accord, assertion immédiatement repoussée par la Maison-Blanche. « Si l'Iran campe sur ses positions, dont son "droit" à enrichir et l'abrogation de "toutes" les sanctions, une telle solution pourrait s'avérer impossible à atteindre », prévient M. Pollack.


« Ça reste un accord limité », nuance aussi Bruno Tertrais, car il « ne dit absolument rien de ce qu'on appelle les activités de militarisation qui sont les études, les recherches, les expériences que l'Iran a menées et mène peut-être encore pour la confection d'un engin nucléaire ».
Trita Parsi, président du « Conseil national irano-américain », a remarqué que cet accord a été obtenu « parce que les deux parties ont fait des compromis et compris que tout le monde devait gagner quelque chose pour qu'un marché soit possible et durable ».
La concomitance de plusieurs facteurs, dont l'élection de M. Rohani et les effets de plus en plus sensibles des sanctions en Iran, a ouvert « une fenêtre » pour un accord, selon M. Rubin. Les négociations à venir vont toutefois « être un défi à tous les sentiments, les conceptions, les idéologies et les émotions qui se sont cristallisés aux États-Unis, en Occident et en Israël depuis des décennies. Cela va être très, très dur », prévient-il.

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commentaires (3)

ÉVIDEMMENT ; ET C’ÉTAIT PRÉVISIBLE....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

18 h 19, le 26 novembre 2013

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Commentaires (3)

  • ÉVIDEMMENT ; ET C’ÉTAIT PRÉVISIBLE....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 19, le 26 novembre 2013

  • QU'ON VEUILLE L'ADMETTRE OU NON, IL Y A UN CHANGEMENT RADICAL DANS L'ATTITUDE DE L'IRAN ET DES PUISSANCES MONDIALES. TOUS "DIALOGUENT" PARTOUT DANS LE MONDE.... EXCEPTÉ NOS ABRUTIS LOCAUX... ESPÉRONS QUE CELA CONTINUERA POUR L'INTÉRÊT DE TOUT LE MONDE, ET DE NOTRE RÉGION ET PAYS EN PARTICULIER. __ JE CONSEILLE À TOUS NOS ABRUTIS DE LAISSER LES SENSIBILITÉS DE CÔTÉ ET QU'ILS DIALOGUENT ENTRE EUX SANS RETARD, POUR LA SAUVEGARDE DU PAYS. DIALOGUE SANS CONDITIONS DE PERSONNE, ET MÊME SI ON POSE DES SOUHAITS AVANT LE DIALOGUE, ET QUOI QU'ON EN DISE... EN PAROLES VIDES... LE DIALOGUE DOIT DÉMARRER. C'EST UNE NÉCESSITÉ DES PLUS URGENTES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 49, le 25 novembre 2013

  • On a beau dire et critiquer le regime des mollahs , mais l'Iran peut etre fier de son peuple et de son gouvernement . Je deteste le regime usurpateur pour le mal qu'il represente dans la region mais je reconnais qu'il y a de quoi etre fier quand on fait partie de cette societe , voila c'est ce que je demande au monde de reconnaitre et d'arreter de faire feu de tout bois quand il s'agit de les juger . Par contre pour des arabes musulmans , les peuples du golfe ne meritent que mepris , non pas qu'ils ne valent rien eux memes , mais pparce que leurs dirigeants nous foutent la honte par trop d'incompetences et d'incuries.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 28, le 25 novembre 2013

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