Rechercher
Rechercher

À La Une - Russie

L'appel au secours d'une Pussy Riot

"Je l'avoue, je crains pour ma vie", écrit Nadejda Tolokonnikova.

Nadejda Tolokonnikova, une des Pussy Riot, a repris une grève de la faim après avoir été ramenée au camp de travail n°14 de Mordovie après une hospitalisation. AFP/Maksim Blinov

Nadejda Tolokonnikova, l'une des deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire russe Pussy Riot, dit craindre "pour sa vie" dans une lettre publiée samedi, où elle dénonce les "bourreaux" du système pénitentiaire russe.

"Je l'avoue, je crains pour ma vie. Car je ne sais pas ce que (...) vont décider de faire de moi les bourreaux des services pénitentiaires de Mordovie", la région russe où elle est incarcérée à 600 km à l'est de Moscou, écrit Nadejda Tolokonnikova dans cette lettre transmise par une avocate et publiée par plusieurs sites d'opposition.

 

Nadejda Tolokonnikova a écrit cette lettre vendredi au camp de travail n°14 de Mordovie, où elle a repris une grève de la faim après y avoir été ramenée à l'issue de près de trois semaines d'hospitalisation.

La jeune femme avait effectué une grève de la faim de huit jours en septembre et dénoncé des menaces de mort à son encontre ainsi que des conditions de détention proches de "l'esclavage", avant d'être hospitalisée le 29 septembre en raison de son état de santé. Elle avait porté plainte, et réclamait d'être transférée dans un autre camp.

 

L'administration pénitentiaire russe a indiqué vendredi en fin de journée qu'elle serait transférée dans un autre camp et que ses proches en seraient informés conformément à la loi dans les dix jours.

Nadejda Tolokonnikova ne fait pas référence, dans sa lettre manuscrite de cinq pages, à ce nouvel élément dont elle n'était donc apparemment pas informée.

 

Le récit détaillé qu'elle avait fait, dans une précédente lettre en septembre, des conditions de détention dans le camp n°14 et des menaces qui avaient été proférées à son encontre, avait suscité une polémique en Russie et une visite au camp de délégués aux droits de l'Homme.

 

Selon son récit, les détenues sont systématiquement humiliées et réduites à l'état d'"esclavage", forcées de travailler 16 ou 17 heures par jour et privées de sommeil, ainsi que de conditions d'hygiène élémentaires.

Elle explique que sa "brigade", employée à coudre des uniformes de police, embauche à 7H30 pour finir à 00H30, avec au maximum quatre heures de sommeil et un jour de repos tous les mois et demi.

Toute incartade, tout relâchement est puni de sanctions, notamment collectives, de manière à dresser les détenues les unes contre les autres.

"Le régime dans le camp est fait de telle manière que l'anéantissement de l'individu et sa transformation en esclave silencieux sont réalisés par les détenues elles-mêmes, celles qui sont chef de brigade et reçoivent des ordres de la direction", écrit-elle.

Selon elle, une des détenues a été amputée d'une jambe et des doigts d'une main, gelés, après avoir été obligée de rester des heures à l'extérieur en hiver. Une autre sanction peut être l'interdiction de se laver et d'aller aux toilettes, l'interdiction de boire et manger, ajoutait Nadejda Tolokonnikova.

 

Le Service russe d'application des peines a rejeté toutes les accusations faites par la jeune femme.

 

Vendredi, Nadejda Tolokonnikova a écrit avoir été ramenée dans le même camp "par tromperie et de manière illégale, avec recours à la force physique". "J'exige que ma sécurité soit garantie et que je sois transférée dans une autre région. Parce qu'en Mordovie on fait des choses terribles aux détenus. On (...) les écrase, on les détruit et on détruit tout ce qu'il y a d'humain en eux. On les transforme en bêtes enragées", affirme-t-elle. "Je m'inquiète également pour la vie de détenues que j'ai connues à l'hôpital. (...) Elles m'ont raconté des choses terribles", poursuit la jeune femme. "Pour une plainte au procureur et au délégué des droits de l'Homme, (l'une d'entre elles) est restée un an en cellule d'isolement au camp n°2. Elle était battue et torturée par le froid, en ouvrant exprès toutes les portes en hiver", raconte-t-elle. "Pour avoir parlé avec moi, elle a été ramenée le 15 octobre de l'hôpital au camp n°2, en la prévenant que là-bas +on l'attendait+", a-t-elle écrit.

 

Ancienne étudiante en philosophie, Nadejda Tolokonnikova, 23 ans, a été condamnée en août 2012, avec deux camarades, à deux ans de camp de travail pour avoir chanté début 2012 une "prière punk" contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

L'une des trois a été libérée, mais Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, toutes deux mères d'un enfant en bas âge mais qui ne veulent pas se reconnaître coupables, se sont vu refuser toute libération anticipée. Leur détention doit s'achever en mars 2014.

 

 

Pour mémoire

Russie: les proches de la Pussy Riot hospitalisée s'inquiètent de sa santé réelle

 

Les Pussy Riot choisissent de rester en prison

 

Moscou réprime la "propagande" homosexuelle et les offenses aux croyants

 

 

 

 

Nadejda Tolokonnikova, l'une des deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire russe Pussy Riot, dit craindre "pour sa vie" dans une lettre publiée samedi, où elle dénonce les "bourreaux" du système pénitentiaire russe.
"Je l'avoue, je crains pour ma vie. Car je ne sais pas ce que (...) vont décider de faire de moi les bourreaux des services pénitentiaires de Mordovie", la...
commentaires (1)

Faut pas qu'elle maigrisse trop , elle aura plus rien a montrer la prochaine sortie a poil ...

Jaber Kamel

15 h 38, le 20 octobre 2013

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Faut pas qu'elle maigrisse trop , elle aura plus rien a montrer la prochaine sortie a poil ...

    Jaber Kamel

    15 h 38, le 20 octobre 2013

Retour en haut